La prise de Damiette – 6 juin 1249

600px-cross-pattee-alternate_red-svg600px-cross-pattee-alternate_red-svg

 

LES CROISADES

(1095 – 1291)

 

SEPTIÈME CROISADE

« Croisade d’Égypte »

(1248-1254)

 

LA PRISE DE DAMIETTE

(6 juin 1249)

 

« Dieu le veut ! »

 

Croisé

Croisé

Un long chemin vers la terre du Christ

 

Lire :

1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II

2 – La Première Croisade

3 – La Deuxième Croisade

4 – La Troisième Croisade

5 – La Quatrième Croisade

6 – La Cinquième Croisade

7 – La Sixième Croisade

8 – La Septième Croisade

 

INTRODUCTION

Prêchées et bénies par les papes successifs, dirigées par les souverains des royaumes et des Empires de la vieille Europe, ces expéditions se devaient d’être les ambassadrices de tout ce que l’esprit de la chevalerie médiévale portait de bon en lui. Nonobstant, les Croisades furent, mise à part la 1ère, un échec militaire, mais sur le plan culturel et économique, l’Occident chrétien en ressortira enrichi. En effet, au sortir de cette aventure, l’Europe en sera bénéficiaire ; elle était en retard sur le mode de vie d’un Orient qui commence alors à décliner. On retiendra sur le plan géopolitique, la création des États latins d’Orient : les Comtés d’Edesse et de Tripoli, la Principauté d’Antioche, et le Royaume de Jérusalem. De pair, cette période engendrera le développement et la prospérité des républiques italiennes comme Amalfi, Gênes, Pise et Venise, qui tireront des profits considérables de cette aventure.

La Septième Croisade, souhaitée par le pape Innocent IV, est la première des deux expéditions projetées et dirigées par le roi de France Louis IX en Terre Sainte. Lancée par ce dernier en 1244, elle se met en route quatre ans plus tard et accoste en Égypte en 1249. Lors de la Sixième Croisade (1228-1229), les négociations de Frédéric II de Hohenstaufen avaient permis de récupérer Jérusalem sans coup férir (traité de Jaffa, 11 février 1229). En 1248, le sultan d’Égypte reprend la ville sainte et décime l’armée chrétienne. Le roi de France veut donc attaquer les musulmans au cœur de l’Égypte, et les obliger ainsi à restituer les territoires occupés. Cependant, au 13ème siècle, la ferveur religieuse n’est plus la même que pour la Première Croisade (1095-1099) ; elle s’est émoussée au fil du temps et des échecs. Saint Louis, qui prend la route avec son épouse Marguerite de Provence et ses deux frères, Robert d’Artois et Charles d’Anjou, s’est vu contraint d’obliger nombre de ses seigneurs à se croiser avec lui. Le 28 août 1248, le roi et sa suite embarquent à Aigues-Mortes. Construit à l’initiative de Louis IX, ce nouveau port permet d’avoir un débouché sur la méditerranée et de se libérer de la domination des marines italiennes concernant le transport de troupes par mer. Ils accostent sur l’île de Chypre le 17 septembre 1248 pour y passer l’hiver. Louis et sa suite débarquent ensuite près de Damiette et prennent la ville le 5 juin 1249. Puis les Francs font route vers le Caire, où ils sont assaillis et subissent un harcèlement permanent des troupes musulmanes de l’émir Fakhr-ad-Din Yusuf. A la bataille de Mansourah, le 9 février 1250, l’armée croisée, affaiblie, décimée, doit, malgré la victoire, céder le terrain et faire retraite. Robert d’Artois, le frère du roi, est tué avec une grande partie de sa chevalerie. Louis sera même fait prisonnier lors de la débâcle. Le roi sera libéré contre une forte rançon (un million de dinars), acquittée essentiellement par les Templiers. Le 6 mai 1250, Damiette est rendue aux musulmans. Louis IX passera les quatre années suivantes à réorganiser les défenses des principautés franques afin qu’elles puissent se prémunir des attaques mamelouks. En avril 1254, Louis IX quitte la Terre Sainte.

 

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Combats entre Chrétiens et Musulmans

 

QUELQUES REPÈRES :

 

ABBASSIDES : dynastie arabe qui règne sur le Califat abbassides (750-1258), centrée sur Bagdad de 762 à 1055 (prise de la ville par les Mongols). Son fondateur, Abû al-`Abbâs surnommé As-Saffâh, est un descendant de ‘Abbas ibn ‘Abd al-Muttalib, le plus jeune oncle du prophète Mahomet.

 

FATIMIDES : dynastie du califat shiite positionnée sur l’Egypte (909-1171). Ses membres reconnaissent leurs origines comme descendants de Mahomet par sa fille Fatima.

OMEYYADES ou UMAYYADES : dynastie arabe de califes positionnée sur Damas de 661 à 750, puis sur Cordoue (756-1030). Les Omeyyades gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. A son apogée leur empire s’étend de l’Inde et de l’Asie centrale à l’Atlantique ; leur tentative de conquête de l’Europe occidentale s’achève avec leur défaite à Poitiers en 732, face à Charles Martel.

SELDJOUKIDES : membres de la plus importante des tribus turques qui ont émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran. Islamisé et organisé militairement, ce peuple conquiert un immense empire autant sur l’Empire Byzantin (prise de Constantinople en 1453) que sur les différents califats arabo-musulmans.

AYYOUBIDES : la dynastie musulmane des Ayyoubides est une famille arabe d’origine Kurde. Elle descend d’un officier kurde, Najm ad-Din Ayyub, lui-même père de Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193).

 

CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS EN ORIENT

Languedoc : croisade contre les albigeois

1242

– 28 mai : à Avignonet, un groupe de gens, partis de Montségur, massacre les inquisiteurs.

 – 2ème excommunication de Raymond VII.

 

Languedoc : croisade contre les albigeois

1243
– mai : nouveau siège de Montségur effectué par le représentant du roi Louis IX, le sénéchal de Carcassonne (Hugues des Arcis).

Le Concile catholique de Béziers veut châtier les responsables du massacre des inquisiteurs à Avignonet. Il admet qu’aucune action ou représailles ne seraient efficaces sans avoir obtenu tout d’abord la reddition de la forteresse de Montségur. Afin d’intensifier la lutte contre les hérétiques, le synode confie les combats à venir au sénéchal de Carcassonne, Hugues des Arcis.

– hiver : premiers succès à Montségur ; les coups de force et frappes pour faire tomber la citadelle sont encourageants. Les Français (croisés) gagnent du terrain. 

Orient

– 12 juin : Balian d’Ibelin s’empare de Tyr, alors aux mains des alliés de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250).

1244

Languedoc : croisade contre les albigeois

– 1er mars : Raymond de Pareille et Pierre Roger de Mirepoix, qui dirigent la défense du château de Montségur, obtiennent une trêve de deux semaines pour organiser l’évacuation de la citadelle. Avec le consentement de l’évêque cathare Bertrand Marty, ils décident de négocier la reddition de la forteresse.

– 16 mars : le château de Montségur capitule. 210 Cathares refusant d’abjurer sont conduits au bûcher. L’ost du roi s’empare de la place forte.

Château de Montségur

Château de Montségur

Orient

– 23 août : les Khwarezmiens prennent Jérusalem aux Croisés.

Les Khwarezmiens, aussi appelés Chorasmiens, Kharezmiens ou Korasmiens. Cet ancien royaume de Khwarezm, iranien, situé entre la mer Caspienne et la mer d’Aral, existe depuis l’Antiquité. Au Moyen Âge, il est islamisé et subit l’influence turque. Aux 12ème et 13ème siècle, il se positionne en Asie centrale comme une puissance de premier plan. C’est à partir de 1221 qu’il s’efface sous les coups des Mongols gengiskhanides. Le shah du Kharezm et les débris de son armée vont errer durant plusieurs années entre l’Iran, l’Inde et le Proche-Orient. En 1244, ils se rendent maître de Jérusalem et saccagent la ville sainte. Ils combattront aux côtés des ayyoubides contre les armées franques, et seront finalement exterminés par leurs propres alliés, qui se retourneront contre eux. L’expédition des Khwarezmiens fragilisera les États latins d’Orient, mais aussi les Ayyoubides.

– 17 Octobre : Louis IX fait le vœu de partir en Croisade.

-18 octobre : défaite des Francs à la bataille de La Forbie, au nord-est de Gaza.

1245

 

Languedoc : croisade contre les albigeois

Pourchassés, sans abris et désormais sans refuges, les Cathares fuient à l’étranger, en particulier en Lombardie.

Orient

 

– 28 juin : début du 13ème Concile œcuménique au couvent de Saint-Just, à Lyon. Innocent IV y prédit la Septième Croisade vers l’Égypte.

Innocent IV au Concile de Lyon

Innocent IV au Concile de Lyon

– Mort d’Armand de Périgord, seizième Grand Maître de l’Ordre du Temple. Richard de Bures lui succède.

Armoiries Armand de Périgord

Armoiries Armand de Périgord

1246

 

Mort de Geoffroy II de Villehardouin (1195-1246), prince de Morée ou d’Achaïe. Son frère Guillaume II de Villehardouin (1211-1278) lui succède.

Armoiries d'Achaïe ou de Morée (1205-1432)

Armoiries d’Achaïe ou de Morée (1205-1432)

1247

 

Languedoc : croisade contre les albigeois

Raymond II Trencavel se soumet définitivement à Paris.

 

Orient

 

– 5 ou 9 mai : mort de Richard de Bures, Grand Maître de l’Ordre du Temple. Guillaume de Sonnac lui succède.

Armoiries Guillaume de Saunhac

Armoiries Guillaume de Saunhac

–  17 juin : en Galilée, les Khwarezmiens s’emparent de Tibériade, tenue par les Francs.

– 4 septembre : mort de Balian d’Ibelin, seigneur de Beyrouth. Son fils Jean d’Ibelin lui succède.

– 15 octobre : les Khwarezmiens reprennent Ascalon, tenue par les Croisés.

– Le pape Innocent IV place le royaume de Chypre sous la tutelle du Saint Siège, et le décharge de tout hommage vis-à-vis du Saint-Empire.

 

1248

– 12 juin : Louis IX et la Septième Croisade partent de Saint Denis.

Départ de Saint-Louis pour la Croisade

Départ de Saint-Louis pour la Croisade

– 25 août : Saint-Louis et la Septième Croisade embarquent à Aigues-Mortes.

– 7 septembre : Saint-Louis et la Septième Croisade arrive à Chypre.

Péninsule Ibérique, Reconquista

Le 23 novembre, Ferdinand III de Castille s’empare de Séville.

1249

Languedoc : croisade contre les albigeois

Le 27 septembre Raymond VII meurt à Millau. Le roi et l’Eglise ayant réussi à l’empêcher de se remarier, il décède sans descendance. Son gendre Alphonse de Poitier et de France lui succède.

 

Orient

– 30 mai : Saint-Louis et la Septième Croisade quittent Chypre et s’embarquent pour Damiette.

– 5 juin : Saint-Louis et la Septième Croisade accostent à Damiette.

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

– 6 juin : prise de Damiette par les Croisés.

 

QUELQUES REPÈRES :

CALIFE : chef temporel et spirituel dans les Etats musulmans. Titre porté par les successeurs du prophète Mahomet.

CALIFAT : comprend le territoire et la population musulmane qui y vit sous l’autorité d’un Calife. Trois Califats revendiqueront le rôle suprême du point de vue temporel et spirituel : Abbassides (Bagdad), Omeyyades (Damas puis Cordoue en Espagne) et Fatimides (Le Caire).

VIZIR : haut fonctionnaire, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dignitaires musulmans.

ATABEG : titre de noblesse turc. Sous l’hégémonie de la dynastie seldjoukide, il s’agissait d’un dignitaire qui avait le rôle de protecteur d’un jeune prince. A la mort de ce dernier, un Atabeg était désigné pour défendre les biens des héritiers.

ÉMIR : titre de noblesse d’un dignitaire musulman ; en arabe c’est celui qui commande, qui donne des ordres.

SULTAN : titre porté par des souverains de différents états musulmans, à partir du 11ème siècle (Seldjoukides). Il est donné par le calife à ceux à qui il confère ce pouvoir. Le territoire géré par un sultan est un « sultanat ».

600px-Cross-Pattee-alternate_red.svg

LA PRISE DE DAMIETTE

(6 juin 1249)

 

 

Prise de Damiette juin 1249

Prise de Damiette juin 1249

Lire – Aigues-Mortes, un port royal

Lire – Chypre, un petit royaume de France 1248-1249

1248, ESCALE A CHYPRE

Le 18 septembre, Louis IX, sa flotte et son armée accostent à Limassol, sur l’île latine de Chypre. Embarqués le 25 août 1248 d’Aigues-Mortes avec une grande partie de la noblesse française, ils ont prévu d’y faire escale pour y passer l’hiver. Pourtant les Croisés de la Septième Croisade vont y être immobilisés et y séjourner pendant huit mois. Ils ne reprendront la mer en direction de l’Égypte que le 13 mai 1249. L’expédition est constituée presque essentiellement de nobles et de chevaliers venus de France. On y trouve aussi un grand nombre d’artisans et de paysans recrutés pour la circonstance ; l’objectif est de coloniser l’Égypte.

Arrivée de Saint-Louis à Nicosie

Arrivée de Saint-Louis à Limassol

CHYPRE : UN PETIT « ROYAUME DE FRANCE »  (1248-1249)

En 1191, l’île, alors sous domination byzantine, est conquise par le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion. Depuis lors, Chypre est utilisée comme point d’appui aux expéditions menées en Terre Sainte. Dotée d’une situation géographique de premier choix, elle est proche à la fois des côtes de Turquie, de Syrie, de Palestine et d’Égypte ; elle dispose donc d’une position stratégique idéale. L’île devient ainsi une base de ravitaillement vitale, et un centre de transit essentiel pour les campagnes militaires Chrétiennes. Chypre s’affirme aussi comme un pôle où l’on rassemble les renseignements en provenance d’Orient. C’est ici qu’en 1248, Louis IX accueille une ambassade mongole, dépêchée par le représentant du grand Khan en Iran, Güyük, petit-fils du terrible Gengis Khan. En outre, à Chypre, où l’on parle le Français, règnent les Lusignan. L’île avait été conférée par Richard Cœur de Lion à Gui de Lusignan, dont le fils, le jeune Henri 1er, est sur le trône depuis 1246. Les Lusignan, comme leurs vassaux, sont issus pour la plupart des grandes familles seigneuriales du royaume de France. Louis IX, qui est donc leur suzerain, jouit d’une certaine autorité sur ses sujets, y compris jusque dans ce petit royaume insulaire d’Orient.

OBJECTIF

Le port de Damiette représente le premier objectif de la Septième Croisade ; c’est lui qui ouvre la voie vers Le Caire. Le 6 juin 1249, Louis IX et son armée vont conquérir la ville pratiquement sans coups férir. Cette prise, obtenue sans gloire ni panache, leur fera croire qu’ils pourront vaincre les infidèles sans difficultés et en toutes circonstances.

A LA CONQUÊTE DE L’ÉGYPTE

L’expédition appareille du port chypriote de Limassol, le 13 mai 1249. Mais pour quelle destination ?  La Palestine ou  l’Égypte? Louis IX a ordonné le secret ; c’est sa stratégie.  

Jean de Joinville rapporte : « Il envoya à chaque commandant de navire des lettres closes et leur interdit de les lire avant d’être sortis du port. Et quand ils furent partis, chacun brisa les sceaux de la lettre du roi ».

CE SERA FINALEMENT L’ÉGYPTE ET DAMIETTE

La flotte croisée est puissamment armée ; elle se compose de près de 200 navires et de quelques 35 000 hommes prêts à en découdre avec les infidèles. L’armada qui s’ébranle toutes voiles dehors, ce 13 mai 1249, met le cap sur Damiette. La grande cité portuaire et marchande est sise sur le bras principal du grand fleuve, le Nil ; elle ouvre la route vers Le Caire.

Le Capétien est pressé de se confronter avec l’ennemi, mais une tempête oblige les vaisseaux à rebrousser chemin. Il faudra attendre le 30 mai pour appareiller une seconde fois et effectuer enfin la traversée vers l’Égypte.

Nef vénitienne de Saint-Louis

Nef vénitienne de Saint-Louis

UN ROI HARDI QUI SE JETTE A L’EAU  !

Ayant dû essuyer une seconde tempête, ce n’est que cinq jours plus tard, le 4 juin, que la flotte arrive en vue des côtes égyptiennes. Un combat naval s’engage contre quatre galères ennemies ; trois sont envoyées par le fond et la rescapée se débande. Le lendemain, Jean de Joinville, à la tête de 6000 hommes, résiste aux assauts des cavaliers musulmans. Alors que ce dernier dresse une tête de pont, les forces franques débarquent. Louis IX quitte son navire, le Montjoie, et prend place sur un canot. Avant même de toucher terre, il saute dans la mer.

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

Débarquement des Croisés à Damiette 1249

Jean de Joinville rapporte dans son Histoire de Saint Louis : « Il saute dans la mer malgré les efforts que l’on fait pour le retenir, de l’eau jusqu’aux aisselles, l’écu au col, le heaume en tête et la lance à la main et rejoint ses hommes sur le rivage. Il aurait sur-le-champ couru à l’ennemi si ses chevaliers ne l’avaient retenu ! »

 

PIERRIÈRE

Cet engin diabolique, qui s’inspire du principe du balancier, est dans sa version primitive d’une redoutable efficacité. Il est doté d’un bras mobile fixé sur une poutre verticale. Une des extrémités est chargée d’un bloc de pierre ou d’un boulet, et sur l’autre, plus courte, l’on a fixé un système de câbles. Les servants actionnent l’engin en tirant un coup sec sur les cordes pour propulser le projectile.

Pierrière

Pierrière

MANGONNEAU

Avec le temps, la machine va subir des transformations et se perfectionner grâce à l’intervention de véritables ingénieurs. Elle change de nom et devient mangonneau. Un détail qui fait toute la différence, car la force motrice fournie par l’homme est remplacée par un contrepoids qui se substitue à la traction humaine.

Mangonneau

Mangonneau

TRÉBUCHET

Enfin, elle prend le nom de trébuchet lorsque la présence de l’homme n’est plus demandée. Des projectiles de cent kilos peuvent alors être envoyés à plus de deux cents mètres avec une précision millimétrée. L’engin se révèle alors très efficace contre les murailles et devient la hantise des villes assiégées. Il ne sera supplanté qu’avec l’avènement de l’artillerie.

Trébuchet

Trébuchet

Le sultan Saleh-Ayoub (gravement malade), qui a du mal à se tenir en selle sur sa monture, dépêche l’un de ses meilleurs officiers, l’émir Fakhr al- Dîn, pour refouler les Francs. L’affrontement qui s’ensuit est âpre et enflammé. A la tombée du jour, les forces ayyoubides, fortement secouées, cèdent du terrain et s’enfuient en désordre vers Damiette.

Le chroniqueur arabe Ibn Wasil rapporte que dans leur fuite : « Fakhr al- Dîn lui-même ne peut faire autre chose que les suivre ».

Dans leur débâcle, l’armée croisée sur leurs talons, les forces ayyoubides négligent de détruire les ponts de bateaux dont elles se sont servies pour se rendre sur l’autre rive du Nil. Profitant de l’aubaine, Louis IX et son armée s’y engagent à leur tour, et foncent sur Damiette pour éviter à Fakhr al- Dîn de s’y retrancher et d’organiser sa défense. L’émir, peu désireux de poursuivre le combat contre les Francs, s’enfuit sans même traverser la ville. Damiette se trouve maintenant placée sous la menace directe de l’armée ennemie.

DAMIETTE VIDE ET ABANDONNÉE

Le chroniqueur arabe Ibn Wasil rapporte : « Il y a bien dans la ville une garnison de valeureux Kinanites » (troupes d’élites chargées par le sultan Saleh-Ayoub, d’assurer la défense de Damiette). «Mais ils quittent la ville, suivis de toute la population ». Alors que l’avant-garde de l’armée franque se présente aux portes de la ville, cette dernière est « vidée de ses hommes, de ses femmes et de ses enfants ».

Épouvantés, pris de panique, tous ont détalé à la faveur de la nuit. Louis IX pense d’abord qu’il s’agit d’un piège tendu par les Ayyoubides. Il a gardé en mémoire, lors de la Cinquième Croisade (1217-1221), combien le siège de cette ville par Jean de Brienne en 1219 avait été long et coûteux en vies humaines. Aussi renonce-t-il à faire poursuivre les fuyards de l’armée ennemie, pourtant désorganisés et à sa merci. Nonobstant, le Capétien doit se rendre à l’évidence : il n’y a ni guet-apens, ni embuscade, et ses craintes sont infondées.

Le 6 juin au matin, le roi, revêtu de son habit de pèlerin, pénètre solennellement et en toute quiétude dans Damiette désertée. Il se dirige vers la mosquée, qu’il fait consacrer à la Vierge Marie, et dans laquelle il fait chanter un Te Deum.  

Le sauve-qui-peut général de sa population a laissé la ville, qui abonde de vivres, de marchandises à profusion et de richesses variées, à la convoitise des Francs. Rapidement, le désordre et l’indiscipline vont gagner les rangs des nouveaux occupants croisés. Alors que la répartition du butin engendre de longues et difficiles querelles, les barons ripaillent et jouissent des plaisirs d’un repos luxurieux et envoûtant. 

« Quand le commun peuple se prend aux folles femmes », regrette Jean de Joinville.

UNE DIFFICILE RÉPARTITION DU BUTIN

Dès la prise de la ville de Damiette, Louis IX doit se préoccuper du partage du butin, des vivres et des biens abandonnés par les Égyptiens. Chef de l’expédition en Terre Sainte, il pense d’abord à préserver la poursuite de la Croisade. Aussi, il décide de s’approprier tous les grains, orge, blé, ou riz ; ces céréales son vitales pour nourrir les hommes. Mais son choix est contrarié par ses barons et chevaliers qui contestent son arbitrage. Le chevalier Jean de Valéry avance que selon la loi, et à juste titre, en Terre Sainte il est de coutume que le roi se réserve un tiers du butin, le reste étant partagé entre tous les autres soldats. Pourtant le Capétien s’en tiendra à sa propre volonté, ce qui ne manquera pas de provoquer de fortes contestations parmi la troupe. Les Francs devront se partager « seulement » quelques six mille livres.

En apprenant la défaite peu glorieuse de son armée, le sultan Saleh-Ayoub ne décolère pas. Il ordonne de faire pendre tous les officiers qui ont survécu à la catastrophique dérobade. Alors qu’il s’emploie à réorganiser ses troupes, il refuse de s’avouer vaincu et s’apprête à refouler les Chrétiens à la mer.

600px-cross-pattee-alternate_red-svg

Donnez votre avis sur l'article

commentaire(s)

Ecrit par le .

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge