La prise de Damiette (du 29 mai 1218 au 5 novembre 1219)

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LES CROISADES

(1095 – 1291)

 

LA CINQUIÈME CROISADE

(1217-1221)

 

LA PRISE DE DAMIETTE

(Du 29 mai 1218 au 5 novembre 1219)

 

« Dieu le veut ! »

 

Croisé

Croisé

Un long chemin vers la terre du Christ

 

Lire :

1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II

2 – La Première Croisade

3 – La Deuxième Croisade

4 – La Troisième Croisade

5 – La Quatrième Croisade

6 – La Cinquième Croisade

 

INTRODUCTION

Prêchées et bénies par les papes successifs, dirigées par les souverains des royaumes et des Empires de la vieille Europe, ces expéditions se devaient d’être les ambassadrices de tout ce que l’esprit de la chevalerie médiévale portait de bon en lui. Nonobstant, les Croisades furent, mise à part la 1ère, un échec militaire, mais sur le plan culturel et économique, l’Occident chrétien en ressortira enrichi. En effet, au sortir de cette aventure, l’Europe en sera bénéficiaire ; elle était en retard sur le mode de vie d’un Orient qui commence alors à décliner. On retiendra sur le plan géopolitique, la création des États latins d’Orient : les Comtés d’Edesse et de Tripoli, la Principauté d’Antioche, et le Royaume de Jérusalem. De pair, cette période engendrera le développement et la prospérité des républiques italiennes comme Amalfi, Gênes, Pise et Venise, qui tireront des profits considérables de cette aventure.

 

 

SOMMAIRE :

Comme pour la précédente, la Cinquième Croisade est prêchée par le pape Innocent III. Cette nouvelle campagne militaire aura pour objectif d’envahir l’Égypte, afin d’échanger les régions conquises contre le royaume de Jérusalem, annexé par les Ayyoubides. Les tentatives dirigées par les rois André II de Hongrie (1176-1235), Hugues 1er de Chypre, et le duc d’Autriche, Léopold VI (1176-1230), resteront sans succès. Avec l’aide des Templiers et des Hospitaliers, le roi de Jérusalem Jean de Brienne (1170/1175-1237) prendra Damiette en 1219. Malgré ce succès, l’expédition sera un échec. Le légat du pape Pelage Galvani (1165-1230), par son intransigeance et sa méconnaissance du terrain, ne saura pas faire les choix décisifs. En 1221, une crue du Nil surprend l’armée croisée alors qu’elle marchait sur Le Caire ; la défaite est totale et les Chrétiens doivent capituler. En échange de leur liberté, les Croisés abandonneront Damiette à leurs vainqueurs.

 

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Combats entre Chrétiens et Musulmans

QUELQUES REPÈRES :

 

ABBASSIDES : dynastie arabe qui règne sur le Califat abbassides (750-1258), centrée sur Bagdad de 762 à 1055 (prise de la ville par les Mongols). Son fondateur, Abû al-`Abbâs surnommé As-Saffâh, est un descendant de ‘Abbas ibn ‘Abd al-Muttalib, le plus jeune oncle du prophète Mahomet.

 

FATIMIDES : dynastie du califat shiite positionnée sur l’Égypte (909-1171). Ses membres reconnaissent leurs origines comme descendants de Mahomet par sa fille Fatima.

OMEYYADES ou UMAYYADES : dynastie arabe de califes positionnée sur Damas de 661 à 750, puis sur Cordoue (756-1030). Les Omeyyades gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. A son apogée leur empire s’étend de l’Inde et de l’Asie centrale à l’Atlantique ; leur tentative de conquête de l’Europe occidentale s’achève avec leur défaite à Poitiers en 732, face à Charles Martel.

SELDJOUKIDES : membres de la plus importante des tribus turques qui ont émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran. Islamisé et organisé militairement, ce peuple conquiert un immense empire autant sur l’Empire Byzantin (prise de Constantinople en 1453) que sur les différents califats arabo-musulmans.

AYYOUBIDES : la dynastie musulmane des Ayyoubides est une famille arabe d’origine Kurde. Elle descend d’un officier kurde, Najm ad-Din Ayyub, lui-même père de Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193).

 

 

CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS EN  ORIENT

 

1216

-16 juillet : à Pérouse, mort du pape Innocent III. Honorius III lui succède.

Honorius III

Honorius III

– le pape Honorius III prêche la 5ème Croisade.

– 27 janvier : Bohémond IV, prince d’Antioche (1172-1233), est destitué par Léon II (1150-1219), roi d’Arménie. Ce dernier installe son petit-neveu Raymond-Roupen (1199-1221) sur le trône de la principauté d’Antioche.

– 11 juin : Mort d’Henri de Hainaut, empereur latin de Constantinople. Pierre II de Courtenay lui succède.

CALIFE : chef temporel et spirituel dans les Etats musulmans. Titre porté par les successeurs du prophète Mahomet.

CALIFAT : comprend le territoire et la population musulmane qui y vit sous l’autorité d’un Calife. Trois Califats revendiqueront le rôle suprême du point de vue temporel et spirituel : Abbassides (Bagdad), Omeyyades (Damas puis Cordoue en Espagne) et Fatimides (Le Caire).

VIZIR : haut fonctionnaire, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dignitaires musulmans.

ATABEG : titre de noblesse turc. Sous l’hégémonie de la dynastie seldjoukide, il s’agissait d’un dignitaire qui avait le rôle de protecteur d’un jeune prince. A la mort de ce dernier, un Atabeg était désigné pour défendre les biens des héritiers.

ÉMIR : titre de noblesse d’un dignitaire musulman ; en arabe c’est celui qui commande, qui donne des ordres.

 

BASILEUS : Roi en Grec ancien. Titre des empereurs romains et des empereurs byzantins.

1217

– 9 avril : à Rome, Pierre II de Courtenay et Yolande de Hainaut sont couronnés empereurs latins de Constantinople.

– Août : départ de la Cinquième Croisade d’Europe.

– Septembre : arrivée à Acre du roi de Hongrie André II (1176-1235) et du duc d’Autriche, Léopold VI (1176-1230).

– Novembre : André II, roi de Hongrie (1176-1235), et les croisés hongrois attaquent Beïssan (Israël), sans résultat.

André II de Hongrie

André II de Hongrie

– 7 décembre : André II, roi de Hongrie (1176-1235), et les croisés hongrois assiègent sans succès la citadelle du Mont-Thabor.

1218

– 10 janvier : Mort d’Hugues 1er, roi de Chypre. Son fils Henri 1er lui succède.

Henri Ier roi de Chypre

Henri Ier roi de Chypre

– Janvier : retour en Europe d’André II roi de Hongrie (1176-1235).

Jean de Brienne fait fortifier Césarée.

– 29 mai : début du siège de la ville de Damiette.

Prise de Damiette 1218

Prise de Damiette 1218

– 31 août : mort d’Al-Malik al-Âdil Sayf ad-Dîn (Saladin). Son fils Malik al Kamil lui succède.

– 9 octobre : tentative sans succès de Malik al Kamil pour briser le siège de Damiette.

PIERRIÈRE

Cet engin diabolique, qui s’inspire du principe du balancier, est dans sa version primitive d’une redoutable efficacité. Il est doté d’un bras mobile fixé sur une poutre verticale. Une des extrémités est chargée d’un bloc de pierre ou d’un boulet, et sur l’autre, plus courte, l’on a fixé un système de câbles. Les servants actionnent l’engin en tirant un coup sec sur les cordes pour propulser le projectile.

Pierrière

Pierrière

MANGONNEAU

Avec le temps, la machine va subir des transformations et se perfectionner grâce à l’intervention de véritables ingénieurs. Elle change de nom et devient mangonneau. Un détail qui fait toute la différence, car la force motrice fournie par l’homme est remplacée par un contrepoids qui se substitue à la traction humaine.

Mangonneau

Mangonneau

TRÉBUCHET

Enfin, elle prend le nom de trébuchet lorsque la présence de l’homme n’est plus demandée. Des projectiles de cent kilos peuvent alors être envoyés à plus de deux cents mètres avec une précision millimétrée. L’engin se révèle alors très efficace contre les murailles et devient la hantise des villes assiégées. Il ne sera supplanté qu’avec l’avènement de l’artillerie.

 

Trébuchet

Trébuchet

LA PRISE DE DAMIETTE

(Du 29 mai 1218 au 5 novembre 1219)

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SITUATION

1218

Le siège de Damiette (du 29 mai 1218 au 5 novembre 1219), opposa les forces croisées de Jean de Brienne à celles d’Al-Kamel, vice- roi d’Égypte.

Damiette est le principal port sur le grand bras oriental du Nil. Situé sur la route du Caire, il permet de s’y rendre sans traverser le fleuve ; c’est un atout important. C’est cet élément stratégique qui va déterminer le choix de Jean de Brienne de s’en emparer plutôt qu’Alexandrie, le grand port sur le delta occidental. Il a tout de suite compris qu’il était inutile d’attaquer et d’assiéger directement Jérusalem. Une fois maître de la forteresse, il pourra l’échanger contre la ville Sainte.

– Le 29 mai, la flotte chrétienne accoste devant Damiette.

– Le 24 août, les croisés réussissent à progresser sur le Nil en forçant le passage.

Prise de Damiette 1219

Prise de Damiette 1219

– Le 31 août, Malik al-Adil meurt. Ses fils Malik al-Kamel et Malik al-Mu’azzam lui succèdent.

En septembre, le légat Pelage Galvani (1165-1230), auquel  le pape Honorius III a confié la direction religieuse de la Cinquième Croisade, arrive à Damiette, alors assiégée. Soutenu par les Italiens, il prétend s’imposer comme chef de l’expédition. Il entre en désaccord avec Jean de Brienne, roi de Jérusalem qui, lui, est soutenu par les Croisés français et les barons syriens.

Le siège dure de mai 1218 à novembre 1219 ; il épuisera les deux armées. Les propositions avancées par le sultan Malik al-Kamel vont semer des troubles au sein des forces chrétiennes. Ce dernier propose d’échanger Jérusalem contre la levée du siège de Damiette. Pelage Galvani (1165-1230), légat du pape, refusera toutes ententes et conciliations avec les Égyptiens, et s’opposera à l’avis de Jean de Brienne. Après la capitulation et le pillage de la ville, les dissensions vont s’accroître entre les droits du Saint Siège, en la personne du légat Pelage, et ceux du roi de Jérusalem. Ces querelles vont entraîner le départ anticipé de Jean de Brienne, l’affaiblissement et l’échec  de la Cinquième Croisade, jusqu’à sa retraite en août 1221.

LA PRISE DE LA VILLE

Affaiblie par la disette et les maladies, la cité plie sous les coups de boutoirs des engins de guerre des forces Croisées. Les mangonneaux font des ravages dans les remparts de la ville. Si bien que Damiette tombe le 5 novembre 1219. Presque aussitôt s’amorce un combat fratricide pour la suprématie des lieux, au sein des clans victorieux entre Italiens et Français. Le 2 février une trêve est conclue, mais une profonde mésentente règne entre les factions rivales. Les Français veulent toujours échanger la ville contre Jérusalem et les possessions territoriales perdues en 1187. Les Italiens, quant à eux, désirent y installer une colonie afin d’y faire du commerce. Malgré tout, un accord prévoit l’attribution d’un quartier de la ville à Jean de Brienne. Fidèle à lui-même, Pelage menacera d’excommunication tous les Chrétiens qui oseront s’y établir. Jean de Brienne comprend alors qu’il ne pourra jamais s’entendre avec le légat du pape. Désappointé, il quitte la Croisade en abandonnant le commandement intégral à Pelage Galvani.

 

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