Les Témoins du Passé – L’abbaye Saint-Hilaire

LES TÉMOINS DU PASSÉ

L’ABBAYE DE

SAINT-HILAIRE

 

Blason de la ville de Menerbes

 

Blason du département du Vaucluse

 

CULTE : catholique romain.

TYPE : abbaye.

LIEUX : le Comtat Venaissin.

STYLE DOMINANT : roman avec des transformations gothiques.

DATE DE CONSTRUCTION : dès 1254, les Carmes, ermites venant du Mont Carmel en Palestine, construisent un couvent.

PROTECTION : classement au titre des Monuments Historiques depuis le 7 octobre 1975.

Blason de la ville de Menerbes

 

SITUATION

L’abbaye Saint-Hilaire (ou abbaye de Saint-Hilaire) est située sur le territoire communal de la commune française de Ménerbes, dans le département du Vaucluse et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Saint-Hilaire est le premier bâtiment conventuel carme (XIIIème siècle) du Comtat Venaissin (1274-1791).

L’ORDRE DU CARMEL

C’est au début du XIIIème siècle qu’apparut l’Ordre du Carmel, du nom d’une petite communauté d’ermites qui se réunissaient au mont Carmel,près de la frontière actuelle, au bord de la mer, entre le Liban et Israël. Ils vivaient en suivant les préceptes de la Vierge Marie et du prophète Élie. Ils se vouaient à la prière, à la solitude et à la méditation de la Loi du Seigneur. Ils s’adonnaient aux travaux manuels et faisaient pénitence et acte de pauvreté. 

Ordre du Carmel

 

En ces temps mouvementés des Croisades, ils quittèrent leur refuge, redoutant l’insécurité pour les Chrétiens en Terres Saintes. Ils émigrèrent dans leurs contrées d’origine : Sicile, Angleterre, Midi de la France, Italie, puis se propagèrent en Europe. De tels bouleversements apportèrent une sensible modification de leur existence. Ils se regroupèrent, abandonnant leur condition d’ermites pour fonder des Ordres Mendiants, dont les Franciscains et les Dominicains. Ils se réunirent dans les cités, se consacrant à la vie apostolique et contemplative, toujours selon les enseignements de la Vierge Marie et du prophète Élie.

 

MENERBES

Blason de la ville de Menerbes

Ménerbes est une commune française, située dans le département du Vaucluse en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ses habitants sont appelés les Ménerbiens. La cité, construite sur un éperon rocheux du Lubéron, entre Oppède à l’ouest et Lacoste à l’est, possède le label accordé par l’association « Les plus beaux village de France ».

LE TRAITE DE MEAUX

Le Traité de Meaux, ou traité de Paris (12 avril 1229), met fin à la Croisade contre les Albigeois, et rattache définitivement les pays occitans à la couronne de France. Par cet accord, toutes les terres situées à l’ouest du Rhône et contrôlées par les armées du Roy deviennent partie intégrante du domaine des Capétiens. Le territoire du Marquisat de Provence, situé à l’est du Rhône, est quant à lui légué à l’autorité pontificale de Rome. (Jusqu’à la Révolution française, il portera le nom de Comtat-Venaissin).

 

Blason du Comtat Venaissin

Sur les régions rattachées au trône de France, Louis IX fondera un port artificiel connu sous le nom d’Aigues-Mortes, duquel il s’embarquera pour la 7ème croisade le 25 août 1248. Le Comte de Toulouse Raymond VII conservera quelques fiefs jusqu’à sa mort. En outre, il consentira à donner en mariage sa fille unique Jeanne à l’un des frères du roi Alphonse de Poitiers. Il prendra conscience alors que par cette décision, il accepte la fin de sa dynastie et de la souveraineté de son Comté.

Blason de la ville de Menerbes

L’ABBAYE DE SAINT-HILAIRE

HISTORIQUE

Le Comtat Venaissin, fondé au Moyen Âge en 1274, sera totalement dissout le 14 septembre 1791.

En 1274, Ménerbes est intégré au Comtat Venaissin.

Le Comtat représente aujourd’hui la presque totalité de l’actuel département du Vaucluse entre Rhône et Durance, Mont Ventoux et Dentelles de Montmirail. Il comprend les villes de Carpentras, Vaison-la-Romaine, L’Isle-sur-la-Sorgue et Cavaillon.

Le monastère a eu la bonne fortune de pouvoir conserver la totalité de ses bâtiments au cours des huit siècles de son histoire religieuse et civile.  Les Carmes, ces ermites arrivés du Mont Carmel en Palestine, se sont implantés tout d’abord près de Marseille, aux Aygalades. Puis c’est sur un versant abrupt face au Lubéron qu’ils sont venus construire un couvent. Ce lieu, placé en bordure des territoires des communes de Ménerbes et de Lacoste, se situe à peu près à 8 km de l’ancienne voie romaine la via Domitia (1ère voie romaine construite à partir de 118 av J.- C.), reliant Cavaillon à Gap.

Le cloître – inscriptions

Près d’une source, on peut apercevoir des cavités dont on ne connaît pas les origines. Ces grottes, toujours utilisées, ont accueilli ces ermites avant qu’ils ne fondent leur communauté et n’érigent leur monastère. On trouve dans le cloître une plaque où est gravée la date de 1254.

XIIIème siècle

1274

1298

XVème siècle

Au cours de ce siècle, le couvent accueillera plusieurs fois, en 1448 et 1472, les assemblées des chapitres de la province de Provence, et probablement la venue du général de l’Ordre, Jean Soreth. C’est aussi de cette période que datent les plus anciens documents témoignant de querelles avec le clergé. Ces dissensions concernaient le refus du prieur de Saint-Hilaire de payer la dîme dont il avait été exonéré.

La dîme : impôt prélevé sur le bétail et les récoltes, destiné à l’entretien du clergé. Il représente pour les paysans un dixième de leurs récoltes, et pour les artisans, un dixième de leur production.

XVIème siècle

Ce siècle sera empreint de maints bouleversements et de périodes d’insécurité :

– 1540 : INSTALLATION DES VAUDOIS.

Les Vaudois du Lubéron sont originaires de la région du Lubéron (dans le sud de la France, essentiellement en Vaucluse) et se revendiquent de l’Eglise évangélique vaudoise. Ce sont des adeptes des doctrines de Vaudès (ou Pierre Valdo), fondateur en 1170 d’un mouvement religieux nommé « Les Pauvres de Lyon ».

Leur Histoire est représentative des tensions religieuses qui ont ébranlé le monde chrétien au Moyen Âge et à la Renaissance. Au printemps 1545, lors du massacre de Mérindol, 3000 personnes perdront la vie en cinq jours, 24 villages seront saccagés et 670 personnes seront déportées aux galères de Marseille.

– 1570, LA REFORME PROTESTANTE.

Également nommée « la Réforme », elle voit le jour au XVIème siècle. La « Réforme » est marquée par une volonté d’un retour aux sources du Christianisme, et surtout par une nécessité de pratiquer la religion et la vie sociale d’une autre manière. Elle dénonce la corruption de toute la société générée par le commerce des indulgences.

S’appuyant sur la Bible, les Réformateurs vont profiter du développement de l’imprimerie pour véhiculer les précieux écrits en langue vernaculaire (notamment en Allemand après la première traduction effectuée par Martin Luther). Ils démontrent que le livre saint ne fait mention ni des saints, ni du culte de la vierge, ni du Purgatoire. La référence à la bible sera, pour les Réformateurs, une de leurs principales motivations.   

– 1573 -1578 : OCCUPATION DE MENERBES PAR LES PROTESTANTS.

Avec le retour à la paix, une communauté de Carmes revient s’installer afin d’y vivre ordinairement. Ce groupe religieux entreprend la Réforme de l’Ordre dite « de Touraine », pérennisant ainsi son nom de « Grands Carmes », ce qui le distingue des Carmes déchaussés (réforme de Sainte Thérèse d’Avila et de de la Croix Saint Jean).

La communauté de Carmes entreprend alors de reconstruire un vaste prieuré face au Lubéron. Eu égard à la forte pente, il sera rebâti partiellement en réduisant la superficie du cloître.

XVIIème siècle

 – 1656, CONVOITISES ET JALOUSIE ! 

Une telle réussite attire les convoitises : en 1656, l’évêque de Cavaillon acquiert du pape Alexandre VII l’annulation du couvent de Saint Hilaire au bénéfice de son « petit séminaire », très pauvre et dénué. Le combat qui s’ensuit durera plusieurs années. Les Carmes, cruellement délogés, entreprennent de faire témoigner de nombreux habitants de la région, notables et voisins… Ils se tournent vers le roi Louis XIV, en avançant que son ancêtre le roi Louis IX était à l’origine de la fondation de l’Ordre à son retour de la Septième Croisade.

1658

1660 : le prieuré est à nouveau régulièrement occupé par les moines.

1661 : apparition de la Vierge près de Goult, à 7 km de Saint-Hilaire.

1663 : fondation sur la commune de Goult du sanctuaire de Notre-Dame-des Lumières.

1664

XVIIIème siècle

1768 : en 1768, Saint-Hilaire ne compte plus que cinq religieux alors qu’il y en avait huit en 1652.

1778 : eu égard au faible nombre de moines, tous les biens de Saint-Hilaire sont incorporés au couvent d’Avignon.

1790

1791

1792 : sous la Révolution, lors de la réunion des États pontificaux d’Avignon à la France, le prieuré de Saint-Hilaire est cédé à un particulier d’Avignon, fabricant de tissus imprimés.

La Révolution française désigne une période de bouleversements sociaux et politiques de grande importance en France, dans ses colonies et en Europe à la fin du XVIIIème siècle. Sa durée s’étend entre l’ouverture des États généraux, le 5 mai 1789, et au plus tard du coup d’État de Napoléon Bonaparte le 9 novembre 1799 (18 brumaire de l’an VIII).

XIXème siècle

1858 : les Bernardins de Sénanque achètent Saint-Hilaire pour en faire une « grange », c’est-à-dire une exploitation agricole monastique. Après avoir fait quelques restaurations, (construction d’une galerie au sud du cloître), en 1864 ils vendent l’ensemble à des agriculteurs.

A la fin du XIXème siècle, deux versions contradictoires font état d’une vente laïque qui instaure une division du foncier (la division de Saint-Hilaire en deux propriétés distinctes n’est pas précisée). Le cloître est séparé par un mur. L’exploitation agricole transforme le réfectoire en étable, le premier étage en grange, et l’église devient un hangar avec une porte cochère ouverte dans le chevet.

Le tremblement de terre de 1909 provoque de nombreuses fissures et éboulements.

En 1961, monsieur et madame René Bride, originaires de Reims en Champagne, acquièrent Saint-Hilaire. La restauration commence progressivement.

Par arrêté du 7 octobre 1975, l’ensemble est classé Monument Historique.

L’ABBAYE

PRÉSENTATION DU COUVENT

La forte pente du site a exigé l’édification des bâtiments conventuels sur une partie troglodyte. L’ensemble est pourvu d’un rempart et d’une tour, ce qui lui donne une apparence de construction fortifiée. L’abbaye possède une terrasse de culture en restanques  (murs de retenue en pierres sèches, parementés sur les deux côtés). Le prieuré est disposé selon un plan cistercien classique. Autour du cloître on distingue l’église et ses deux petites absidioles attenantes, la salle du chapitre (ou salle capitulaire) et le chauffoir-scriptorium, les parties conventuelles, le réfectoire et la cuisine.

Une cour, appelée cour du chevet, permet de relier l’édifice, les grottes et les remises au jardin des moines, dont la sortie donne sur les terres cultivées et les plantations d’oliviers.

On remarque la présence, à l’intérieur (sur les murs des chapelles) et à l’extérieur, de marques des tâcherons.

Marques des tâcherons : Sur de nombreuses pierres taillées, l’on peut découvrir des signes et des initiales gravées. Ces marques incrustées nous rappellent que les moines étaient secondés dans la construction de l’édifice par des ouvriers, des tailleurs de pierre qui marquaient les blocs pour pouvoir se faire payer à la pièce.

LA COUR DU CHEVET & LA TERRASSE

LE CADRAN SOLAIRE

LA TERRASSE

LE CLOCHER

LES GROTTES

LES MURS & LES REMPARTS

LE JARDIN DES MOINES & LES CULTURES & LES PLANTATIONS

L’ÉGLISE & LES CHAPELLES

L’église date du milieu du XIIIème siècle.

Son plan présente une nef rectangulaire terminée par un chevet plat à trois fenêtres gothiques. La décoration est sobre : un arc en ogive vient s’appuyer sur un petit chapiteau décoré de plantes sculptées. On remarque quelques traces de peintures. Une corniche permet la liaison entre la voûte en berceau brisé et les murs, où viennent prendre place une porte romane, une porte gothique et une niche avec lavabo de pierre.

On découvre deux chapelles accolées : la première, de style roman, est la partie la plus ancienne connue de Saint-Hilaire ; elle sert de sacristie. La seconde, largement ouverte sur la nef, date du XIVème siècle et affiche une croisée d’ogive gothique.

Sur un mur latéral, on découvre une fresque du XVème siècle ; cette chapelle est sans doute l’œuvre d’un donateur.

LES FRESQUES & LES PEINTURES MURALES

LE CLOÎTRE

Il a été érigé une première fois au XIIIème siècle avec peut être trois galeries.

Depuis le XVIIème siècle, le cloître n’en possède plus que deux, en raison du manque de place dû à la déclinaison de la pente sud et de la construction d’un bâtiment. 

On remarque la présence de chapiteaux témoignant de la volonté des Cisterciens, lors de leur passage à Saint-Hilaire, d’édifier une autre galerie.

LE RÉFECTOIRE ET LA CUISINE

Le réfectoire des moines affiche une voûte en berceau, ce qui l’apparente à un tunnel débouchant sur le Lubéron par une fenêtre à meneau.

Un meneau est un élément structural vertical en pierre de taille, bois ou fer, qui divise la baie d’une fenêtre ou d’une porte. L’objectif principal du meneau est d’être un soutien structurel à un arc ou linteau au-dessus de cette ouverture.

La pièce fut utilisée durant des dizaines d’années comme une bergerie. La cuisine, elle, servait d’écurie. Les longues tables viennent d’un ancien couvent (Saint-Maurice) de Reims.

LA SALLE CAPITULAIRE OU SALLE DU CHAPITRE

C’est la salle où se réunit chaque jour la communauté religieuse du monastère. C’est le seul endroit où il est autorisé de parler. C’est dans ce lieu que les moines prennent des décisions concernant la communauté. C’est ici aussi que se font les prises d’habits, les professions monacales et l’élection du Père Abbé. Les religieux prennent place sur des gradins, le Père Abbé au centre de la pièce. Les lieux sont propices à l’écoute, car l’acoustique y est excellente grâce aux nervures de pierre de la voûte d’arête. On peut ainsi y parler sans effort…

Cette vaste pièce sobre est pourvue d’un plafond constitué de deux voûtes provençales. La salle est baignée par la lumière du jour grâce à la présence de hautes fenêtres à meneaux ouvertes sur le Lubéron ; on y trouve une exposition de photographies.

LE CHAUFFOIR

C’est la seule pièce chauffée du monastère excepté la cuisine. Cette salle, où les moines se rendaient pour travailler, servait de « scriptorium », lieu où s’effectuaient la copie de manuscrits et les travaux de couture. L’hiver, on y déposait les encriers afin que l’encre ne gèle pas.

 

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Saint-Hilaire_(M%C3%A9nerbes)

http://www.abbaye-saint-hilaire-vaucluse.com/

Cet article repose en grande partie sur les détails et les explications affichés à l’intérieur de l’abbaye, à l’intention du public.

 

 

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