La trêve de Tours

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Blason du royaume d’Angleterre

Blason du royaume de France

LES VALOIS DIRECTS

Armes des Valois

LA TRÊVE DE TOURS,

 PRÉSAGE DE LA FIN DE LA GUERRE

Le 28 mai 1444

 

L’entrée de Charles VII à Tours lors de la signature des trêves

SOMMAIRE

La trêve de Tours est signée en 1444 au château de Montils-les-Tours, entre le royaume de France et le royaume d’Angleterre.

Le château de Plessis-lèz-Tours (autrefois connu sous le nom de Montils-lez-Tours)

Elle met un terme temporaire aux affrontements de la Guerre de Cent Ans.

SIGNATAIRES

POUR LES FRANÇAIS : Charles VII

Charles VII

POUR LES ANGLAIS : Henry VI

Henri VI roi d’Angleterre

LES REPRÉSENTANTS DES DEUX PARTIS

POUR LES FRANÇAIS

La délégation française est représentée par Jean de Dunois, « le Bâtard d’Orléans » ((comte de Longueville), et Louis II de Beaumont-Bressuire (sénéchal du Poitou).

JEAN DE DUNOIS, DIT « LE BÂTARD D’ORLEANS »

NAISSANCE ET FAMILLE

Armes de Jean de Dunois

Jean de Dunois (ou Jean d’Orléans, comte de Dunois, dit « le bâtard d’Orléans ») naît le 18 avril 1403 et meurt le 24 novembre 1468 au château de Lay (L’Haÿ-les-Roses), près de Paris. Noble et

Dunois le Bâtard d’Orléans

officier français, il est un des célèbres grands chefs militaires de la guerre de Cent Ans. En 1429, comme compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, il se distingue particulièrement au cours de la levée du siège d’Orléans.

Jean de Dunois est le fils naturel de Louis Ier d’Orléans et de Mariette d’Enghien (dame de Wiege et de Fagnoles, fille de Jacques d’Enghien, seigneur d’Havré, et de Marie de

Assassinat du duc Louis d’Orléans

Roucy de Pierrepont).

Sa mère, Mariette d’Enghien, est l’épouse, depuis 1389, d’Aubert Le Flamenc (seigneur de Cany et de Varennes, conseiller et chambellan du duc Charles d’Orléans). Pendant une dizaine d’années, le Bâtard sera élevé en compagnie du dauphin, le futur Charles VII.

Son père, Louis Ier d’Orléans, est le chef de la maison d’Orléans, branche cadette de la maison de Valois, dont l’assassinat en 1407 déclenche la guerre fratricide entre Armagnacs et Bourguignons.

Jean de Dunois rallie aussitôt les rangs des Armagnacs, adversaires des Anglo-Bourguignons. En 1422, à la mort du roi de France Charles VI « Le Fol », il se range aux côtés du dauphin, le futur Charles VII. (En 1420, par le traité de Troyes, celui-ci a été dépossédé de la succession au trône, au profit du roi d’Angleterre Henri VI).

Charles VII

MARIAGE

La même année, Jean de Dunois épouse Marie Louvet, fille de Jean Louvet (président du Parlement de Provence, et l’un des favoris du dauphin).  

En 1440, il se remarie avec Marie d’Harcourt (1420-1484). De cette union naîtront quatre enfants, dont le deuxième, François (1447-1491), sera le premier des comtes puis des ducs de Longueville.

SA VIE

Jean de Dunois

En 1421, Chambellan du dauphin et régent, le Dunois est nommé seigneur de Valbonnais, en Dauphiné.

En 1424, il est fait comte de Mortain, en Normandie.

En 1428, il devient comte de Porcien, en Réthelois. Il est nommé lieutenant-général du duc Charles 1er d’Orléans pendant la captivité de celui-ci. (Il est le seul représentant mâle de la famille sur le territoire français).

Le 5 septembre 1427, le Bâtard d’Orléans participe à levée du siège de la ville de Montargis. A 25 ans, il est victorieux, avec 1 600 hommes, des 3 000 Anglais commandés par lord Warwick, lord Suffolk et Sir John de la Pole.

L’année suivante, le 25 octobre 1428, il reçoit pour mission la défense de la ville d’Orléans, assiégée.

12 oct. 1428 Début du siège d’Orléans.

Le 29 avril 1429, il accueille Jeanne d’Arc devant Orléans, Lors du siège d’Orléans (du 12 octobre 1428 au 8 mai 1429), en l’absence de ses demi-frères légitimes (le duc Charles d’Orléans et le comte Jean d’Angoulême), prisonniers des Anglais, Jean Dunois devient le chef des Orléans. C’est alors qu’il va se distinguer comme compagnon d’armes de Jeanne d’Arc.

Il participera ensuite à tous les combats au côté de la Pucelle, qu’il accompagnera jusqu’à Paris.

Pour Jeanne d’Arc, Jean d’Orléans est tout simplement le « Bâtard ». Il faut dire que celui-ci affiche à l’époque ce surnom fièrement, comme une bannière ; c’est son titre de gloire.

Jeanne d’Arc

Grand chambellan du roi, sa brillante conduite à la tête des armées va le couvrir d’honneurs. Le roi lui donnera le titre de « Restaurateur de la Patrie ».

En 1431, il participe à la campagne de Normandie. En avril 1436, Jean Dunois prend part à la libération de Paris.

En 1439, en récompense de sa conduite, Jean d’Orléans reçoit le comté de Dunois, dont le nom l’immortalisera, et en 1443, le riche comté de Longueville.

En 1448, à la rupture de la trêve de Tours, le comte de Dunois reprend sa glorieuse carrière militaire : il enlève Le Mans et, en juillet 1449, entreprend la reconquête de la Normandie.

Le 19 octobre 1449, il entre victorieux dans Rouen.

Le 15 avril 1450, Jean Dunois remporte avec Richemont et Clermont la victoire de Formigny.

Puis il se retourne vers la Guyenne. Tout s’achève avec la bataille de Castillon, le 17 juillet 1453.

Le comte de Dunois meurt le 23 novembre 1468 au château de l’Haÿ-les-Roses. Il est inhumé en la basilique Notre-Dame de Cléry, où le rejoindra la dépouille du roi de France Louis XI. Souverain qu’il servit avec autant de dévouement et de fidélité qu’il avait servi Charles VII.

SES TITRES

Comte de Mortain (1424), de Porcien (1428), de Périgord et de Gien (1430), de Dunois (1439) et de Longueville (1443), vicomte de Saint-Sauveur, baron de Parthenay, seigneur de Valbonnais (1421), Fallavier (1422), La Ferté-Vineuil, Romorantin (1430), Châteaurenault, Fréteval, Marchenoir, Beaugency, Cléry (1439), Bouteville, Vouvant et autres lieux, chevalier en 1421, chambellan du dauphin et régent, lieutenant général du duc d’Orléans en 1429, et enfin grand chambellan du roi en 1433

POUR LES ANGLAIS

La délégation anglaise était conduite par William de la Pole (comte de Suffolk).

WILLIAM DE LA PÔLE, 1ER DUC DE SUFFOLK

William de La Pôle naît le 16 octobre 1396 à Cotton, dans le Suffolk, et meurt au large de Calais le 2 mai 1450.

Armes de William de la Pole,1er Duc de Suffolk

Il sera successivement comte, puis marquis, puis duc de Suffolk. Il fut l’un des grands capitaines anglais de la guerre de Cent Ans. Il est quelquefois nommé « William de La Poole », ou « Guillaume de La Poule, comte de Suffolk ».

Il est le fils de Michael de la Pole (2ème comte de Suffolk) et de Katherine (fille d’Hugh, 2ème comte de Stafford). Il est le petit-fils de Michael de la Pole (1er comte de Suffolk, chancelier d’Angleterre) et l’arrière-petit-fils de William de la Pole, marchand de laine et financier.

En 1415, il est sérieusement blessé lors du siège d’Harfleur, au cours duquel son père est tué. Quelques semaines plus tard, son frère aîné est tué à la bataille d’Azincourt ; et c’est William qui lui succède.

En 1427, il tente de prendre Montargis, mais l’armée française, commandée par Dunois, le contraint à lever le siège.

En 1428, lors du siège d’Orléans, il commande les forces anglaises conjointement avec les comtes de Salisbury et de Shrewsbury.

Le 12 juin 1429, lors de l’assaut contre Jargeau, il est capturé par Guillaume Renault. Pour ne pas subir la honte d’être pris par un simple écuyer, il adoube le gentilhomme sur le champ de bataille. Il sera le prisonnier de Charles VII pendant plusieurs longs mois.

CONTEXTE

Les royaumes de France et d’Angleterre sont exsangues, épuisés par des décennies de guerre et d’affrontements dévastateurs. Les deux camps, paralysés par leurs divisions internes, jugent qu’il est grand temps de s’accorder une pause. Une trêve est décidée, et en mai 1444, à Tours, les deux belligérants signent l’accord de cessation des combats. La Guerre de Cent Ans n’est pas terminée, mais les prémices d’une fin sont envisageables, du moins souhaitables par les deux partis. En attendant, cette trêve suspend provisoirement les hostilités.

Alors que le royaume d’Angleterre sombre dans l’anarchie et la guerre civile (la Guerre des Deux Roses), de son côté, le roi de France Charles VII veut profiter de ce délai providentiel. Il va tout mettre en œuvre pour réorganiser son armée et préparer la reconquête des territoires perdus.

LA GUERRE DES DEUX ROSES

La Guerre des Deux Roses fut une guerre civile menée pour le contrôle du trône d’Angleterre. Elle eut lieu du milieu à la fin du XVème siècle, entre les partisans de deux branches cadettes rivales de la maison royale des Plantagenêt : les Lancaster (rose rouge) et les York (rose blanche).

Les affrontements décimeront les lignées masculines des deux dynasties. L’issue de ce conflit conduira la famille Tudor à monter sur le trône d’Angleterre.

ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS

Depuis le 21 septembre 1435 et la signature du Traité d’Arras, le roi de France Charles VII et le duc de Bourgogne Philippe le Bon sont réconciliés.

LE TRAITE D’ARRAS

Signature du Traité d’Arras (21 septembre 1435)

Le traité d’Arras fut signé en 1435 entre le roi de France, Charles VII, et le duc de Bourgogne, Philippe le Bon ; il mit fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.

Dès lors, l’ost royal vole de victoires en victoires. Charles VII, dans sa reconquête des territoires envahis par l’ennemi d’outre-Manche, entreprend de bouter définitivement les Anglais hors de France. La Champagne, l’Île-de-France et Paris sont délivrés de l’occupation anglaise.

Mais il n’en est pas de même en Guyenne et en Normandie. Dans ces deux régions, les troupes françaises affrontent un ennemi obstiné qui refuse de se plier, bien décidé à ne pas lâcher un

Livre d’heures d’Isabelle Stuart, femme de François Ier, duc de Bretagne.

pouce de terrain.

La guerre s’éternise, et dans les deux camps on a beaucoup de difficultés à réunir l’argent nécessaire et indispensable pour payer la solde des routiers et mercenaires.

François Ier de Bretagne

Le jeune roi d’Angleterre Henry VI, qui a atteint sa majorité depuis peu (en 1442), est faible et incapable de faire régner l’ordre chez lui. Les barons anglais, divisés en deux factions (les Lancaster et les York), menacent de faire sombrer son royaume dans la guerre civile.

De plus, il se révèle impuissant contre un adversaire français qui, motivé par ses victoires, gagne chaque jour un peu plus de terrain sur le continent.

Isabelle de Portugal

De toutes parts, des voix s’élèvent contre la guerre et réclament l’arrêt des combats sur le sol de France, serait-il temporaire. Il faut y mettre un terme.

Ces voix, ce sont celles du duc François Ier de Bretagne, de la duchesse de Bourgogne Isabelle de Portugal, ou celles encore des conseillers du roi d’Angleterre. Petit à petit, l’idée d’une trêve commence à germer dans les esprits.

Isabelle de Portugal et le duc de Bourgogne Philippe le Bon

LES ANGLAIS « TIRENT » LES PREMIERS !

Charles VII

C’est Henry VI qui fait le premier pas. Il dépêche auprès de Charles VII le comte de Suffolk, William de La pole. Le 17 avril 1444, celui-ci arrive au château de Montils-les-Tours, résidence préférée du roi. Il est porteur d’une missive d’Henry VI pour le roi Charles. Cette fois, les relations se font d’égal à égal. Le roi d’Angleterre ne s’adresse pas au « dauphin, celui qui se prétend roi de France », mais à son « très haut et excellent prince, cher oncle de France ». Tout laisse à penser que, par ces paroles, celui-ci est prêt à renoncer à la Couronne de France. Ce signe est encourageant pour Charles, car c’est cette seule clause qui, jusqu’alors, rendait impossible toute tentative de règlement de la guerre.

Nonobstant, Henry VI persiste en réclamant la souveraineté sur la Guyenne et la Normandie. Une exigence qui demeure inacceptable pour les Français. Mais Charles VII ne se décourage pas, même si cet obstacle arrive sur la table dès les débuts des premières discussions.

UN BANQUET D’UNE SEMAINE…

Le roi Charles patiente, et avant d’aller plus loin dans les négociations, invite les délégations à participer à un banquet. Il va durer toute une semaine… Il pense alors que les plaisirs de la table apaiseront peut-être les discordes entre ses convives.

Dunois le Bâtard d’Orléans

Début mai, les fêtes et les banquets terminés, les négociations commencent.

Jean de Dunois et Louis de Beaumont, représentant le roi de France Charles VII, acceptent de céder aux Anglais la Guyenne, le Quercy, les villes de Calais et de Guînes, sous une seule condition : qu’Henri VI d’Angleterre prête l’hommage dû par le vassal à son suzerain, le roi de France, pour les possessions qu’il détient en France.

Mais Suffolk refuse : sa fonction ne lui permet pas d’accepter une telle suggestion. L’accord tant espéré par les deux partis semble s’éloigner et devient incertain…

Le 20 mai, les délégations respectives s’entendent cependant sur une trêve qui stipule la suspension des combats pour une durée de vingt-deux mois.

UN RÉPIT CONTRE UN MARIAGE !

Les Anglais émettent une condition à cet accord. Pour garantir ce précaire arrangement, ils demandent pour le roi Henry VI la main de Marguerite d’Anjou, et une dot de vingt mille francs.

Marguerite d’Anjou

(Cette princesse de la maison de Valois est la nièce de Charles VII). De plus, ils requièrent des droits que possède le père de celle-ci, le roi René d’Anjou, sur le royaume de Majorque.

Charles VII s’empresse de dire oui à cette demande, car elle lui coûte peu. Il fait aussitôt organiser des fiançailles. Elles auront lieu le 24 mai, avant même que la

René d’Anjou (1409-1480),

trêve ne soit attestée.

Quatre jours plus tard, le 28 mai 1444, les divers arrangements concernant ce mariage étant conclus, l’acte connu sous le nom de traité de Tours est officiellement signé par les deux partis. À vrai dire, il ne s’agit que d’une trêve, qui commencera le 1er juin 1444 et qui se terminera le 1er avril 1446. Mais pendant ce laps de temps, les combats seront suspendus ; c’est toujours ça de gagné…

D’autant que la trêve est étendue aux alliés : la Castille, Naples et l’Écosse, le Portugal, et les royaumes scandinaves.

Après un dernier banquet d’adieu, les délégations quittent Tours. Apparemment, tout le monde est satisfait de l’issue des négociations qui viennent de se tenir. Les deux belligérants vont maintenant avoir le temps de mettre de l’ordre dans leur royaume respectif.

Nul doute que Charles VII ressort en grand vainqueur de cet accord. En effet, il n’a rien concédé des domaines de la couronne de France. Il a désormais le champ libre pour organiser son armée et entreprendre la reconquête. Il obtiendra même plusieurs prolongations de la trêve, ce qui lui permettra de mettre sur pied des réformes militaires essentielles.

Charles VII, roi de France.

En 1449, Charles est prêt. La trêve est rompue, et le « grand recouvrement » de la Normandie peut commencer.

HENRY VI ISOLE DANS SON ROYAUME…

En 1449, Henry VI d’Angleterre a vingt-huit ans. C’est un jeune homme pieux et intelligent, mais il est également faible et manipulé par un milieu profondément déchiré. La trêve de Tours lui fait perdre bon nombre de partisans. Dans cet accord, ses sujets ne voient que trahison et indulgence. On lui reproche tout autant son mariage avec une Française et sa renonciation à la couronne de France, que son refus de poursuivre les hostilités.

Son protégé Suffolk, le négociateur de la Trêve, est assassiné le 2 mai 1450. Henry VI évolue dans une atmosphère de défiance telle que la paix civile est rompue.

En 1435 éclate la Guerre des Deux Roses. Elle va mettre face à face deux branches cadettes de la couronne d’Angleterre, les partisans des York et ceux des Lancastre. Elle durera trente ans.

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tr%C3%AAve_de_Tours

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Riche

 

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1 réponse

  1. 6 novembre 2022

    […] 1448, à la rupture de la trêve de Tours, le comte de Dunois reprend sa glorieuse carrière militaire : il enlève Le Mans et, en juillet […]

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