La mort du roi Charles V « Le Sage »

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LA MORT DU ROI CHARLES V

Charles V le Sage

SOMMAIRE

En septembre 1380, le roi de France Charles V meurt des suites d’une grave crise cardiaque. Il a quarante-deux ans. Son agonie va durer trois jours, au cours desquels il exprimera ses derniers actes de souverain, en présence des trois ordres rassemblés dans la chambre royale.

EN BREF…

Charles V, dit « le Sage », naît le 21 janvier 1338 au château de Vincennes, et meurt le 16 septembre 1380 au château de Beauté-sur-Marne. Il sera roi de France de 1364 à 1380 (un règne qui correspond à une période marquant la fin de la première partie de la Guerre de Cent Ans).

Le 8 avril 1350 il épouse Jeanne de Bourbon, avec laquelle il partage des liens de consanguinité. De cette union naîtront huit enfants, dont deux seulement atteindront l’âge adulte :

Charles (1368-1422), qui sera roi de France sous le nom de Charles VI.

Charles VI

Louis (1372-1407). En 1386 il est d’abord duc de Touraine, puis en 1392, il recevra en apanage le duché d’Orléans sous le nom de Louis Ier d’Orléans.

Assassinat du duc Louis d’Orléans

Charles V reconquiert presque toutes les terres perdues par ses prédécesseurs, restaure l’autorité du pouvoir royal, et sort le Royaume d’une période mouvementée (les défaites militaires de Crécy et de Poitiers – 1346 et 1356 – et la grande peste noire des années 1347-1351).

Gisant de Charles V basilique de Saint Denis.

Durant son règne, il sera confronté aux ambitions de Charles de Navarre et aux manœuvres d’Étienne Marcel, et réussira à préserver la couronne des Valois alors que le pays sombre dans la guerre civile.

Le 19 septembre 1356, Jean le Bon est battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers. Charles (le dauphin, le futur Charles V) se fait nommer régent. Il le restera du 17 octobre 1356 au 24 octobre 1360.

En 1364, Charles V succède à son défunt père Jean le Bon, et monte sur le trône de France. Il rétablit l’autorité royale en la fondant sur l’État de droit, et en s’appuyant sur la politique monétaire forte instaurée par les conseillers de son père.

Il débarrasse le pays des Grandes compagnies (mercenaires et routiers désœuvrés en périodes de paix et vivant au détriment des populations).

Grandes Compagnies attaquant des paysans et des religieux

En outre, son règne sera marqué par le grand schisme d’Occident, qui divisera pendant quarante ans l’Europe chrétienne en deux courants rivaux.

Royaume de France en 1350

La reine Jeanne de Bourbon meurt le 6 février 1378, après avoir mis au monde Catherine de France. Selon les membres de la Cour de l’époque, le roi est très affligé car, bien que leur union fût de raison, l’amour que se portait le couple royal n’en était pas moins sincère. Le corps de la reine est inhumé à Saint-Denis, à côté de la place prévue pour le roi. Son cœur est conservé dans l’église des Célestins.

Constatant que son état de santé ne cesse de décliner (il est probablement atteint de tuberculose pulmonaire), Charles V prépare sa succession. Par l’ordonnance de Vincennes (1374), il fixe la majorité des rois de France à leur quatorzième année, donc à 13 ans.

Charles V et Jeanne de Bourbon, Paris, musée du Louvre

UN ROI AGONISANT…

Le 2 août 1380, Charles V souffre d’une nouvelle crise de goutte. Pour se soigner, il part dans son château de Beauté-sur-Marne, en bordure du bois de Vincennes. C’est un endroit qu’il affectionne particulièrement, d’autant plus que deux ans plus tôt, il y a guéri assez vite d’un accès de la maladie. Mais aujourd’hui, le rétablissement s’annonce délicat et plus long.

Au cours de la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 septembre, le roi Charles est fauché par une violente et douloureuse crise cardiaque.

Le roi Charles V

Particulièrement affecté mais conscient, il mande à son chevet le frère Maurice de Coulanges, son confesseur dominicain. Celui-ci le confesse et lui donne l’absolution. Puis le roi demande au prêtre de lui administrer l’extrême onction en dernier recours, lorsque le moment sera venu. Le religieux commence alors à dire la messe. Charles souffre terriblement. De la communion à un mourant, il ne peut recevoir qu’un petit morceau de l’hostie. Malgré tout, vers les dix heures, Charles V écoute une seconde messe, et se restaure en prenant un frugal repas, mais il souffre toujours atrocement… Malgré une nuit agitée, le samedi matin, au réveil ses douleurs paraissent calmées. Et quand il se met debout, les symptômes de la maladie semblent avoir disparu. Mais c’est une rémission de courte durée, et le soir venu, les douleurs recommencent, plus intenses encore. Au cours de la nuit, le masque de la mort apparaît sur le visage de Charles V. Mais il demeure cependant conscient. Dans la matinée du 16 septembre, il exprime les dernières décisions de son règne.

LES DERNIERS ACTES DU ROI CHARLES V

Au matin du dernier jour de sa vie, Charles V se lève, se fait vêtir et assoir sur sa chaise longue. Il s’apprête à recevoir dans sa chambre des représentants des trois ordres.

Charles V

Pour le clergé sont représentés : les évêques de Paris et de Beauvais, l’abbé de Saint-Denis et cinq de ses religieux.

Pour la noblesse sont représentés : le Comte d’Harcourt (beau-frère du roi), le Comte de Sarrebruck, des gens de l’Hôtel et les conseillers royaux : le chancelier Pierre d’Orgemont, le premier président du Parlement Arnaud de Corbie, le maître des requêtes de l’Hôtel Philippe de Mézières, le maître des comptes Jean Crété, trois chambellans, trois valets de chambre dont Gilles Maillet (fidèle garde de la librairie royale).

Pour l’échevinage parisien sont représentés : le prévôt des marchands, deux échevins (magistrats municipaux), et le greffier de l’Hôtel de Ville.

Tous respectent le silence et écoutent l’ultime sentence prononcée par le monarque, alors que le notaire-secrétaire du roi, Jean Tabari, consigne les propos du souverain. Charles atteste avoir été persuadé de bonne foi (et l’être encore) que le Saint Père Clément VII est le vrai pape. Cependant, si par ailleurs il avait été dupé, il se soumet d’avance aux décisions de l’Eglise catholique et du Concile universel.

CLÉMENT VII, UN ANTIPAPE…

Un antipape est une personne qui a exercé la fonction et porté le titre de pape, mais dont la nomination à cette charge n’est pas ou plus reconnue aujourd’hui comme régulière et valable par l’Église catholique.

Blason de Clément VII

Robert de Genève naît en 1342 au château d’Annecy, et meurt le 16 septembre 1394 à Avignon. Il fut un prélat tour à tour évêque, cardinal, puis pape (sous le nom de Clément VII). Son élection, acquise avec le soutien de son successeur, le futur Benoît XIII (qui a mis à son profit ses compétences juridiques et son installation en Avignon), crée le Grand Schisme

Le pape Clément VII

d’Occident. Il sera soutenu aussi par son frère, le comte de Genève Robert III. Clément VII sera considéré comme antipape du point de vue catholique. 

A cette époque-là, les papes siégeaient en Avignon. Cinq papes successifs et 80 % des cardinaux étaient Français (et généralement proches du roi de France). Ils élisaient des Français comme légats et gouverneurs des provinces ecclésiastiques d’Italie. Encouragées par Florence, les villes des États pontificaux se révoltèrent contre l’administration injustifiée de légats français sur le territoire italien. Au milieu de ces graves contestations, Grégoire XII décida de replacer le siège pontifical à Rome, car la situation en Italie était sur le point de lui échapper.

En dépit des protestations de Charles V, le roi de France, et de la majorité des cardinaux, Clément VII quitte Avignon le 13 septembre 1376, et embarque à Marseille le 2 octobre pour l’Italie.

Avant de réaliser ces deux actes, Charles V demande à ce qu’on lui présente la couronne royale, qui lui sera apportée par l’abbé de Saint-Denis

Enfin, il abolit les fouages (en féodalité : redevance qui se payait par foyer), et remet à ses exécuteurs testamentaires un trésor de deux cent mille francs.

L’ABSENCE DE L’HÉRITIER AU TRÔNE

Il est dix heures du matin. Frère Maurice de Coulanges dit la messe et, juste un peu avant midi, administre l’extrême onction au roi. Celui-ci, mourant, présente ses mains et sa poitrine au Saint Chrême ; et la cérémonie se termine. Au même moment, Bureau de La Rivière, l’ami et le confident du monarque (grand chambellan et marmouset de Charles V le Sage et de Charles VI le Bien-Aimé), se présente dans la chambre du roi, s’agenouille devant lui et l’embrasse en pleurs. Charles V baise la Croix qui contient la Sainte Épine, cite une ultime prière et bénit son fils aîné, le futur Charles VI, ainsi que tous ceux qui sont présents à son chevet.

LES MARMOUSETS

Le Gouvernement des « Marmousets » (conseillers des rois Charles V et Charles VI de France).

Ils sont pour la plupart des ex-ministres de Charles V : Olivier de Clisson, Bureau de La Rivière, Jean Le Mercier (finances), Jean de Montaigu, Nicole du Bosc, évêque de Bayeux (Président de la chambre des comptes), et Pierre « le bègue » de Villaines.

Le bal des Ardents

Ces hommes n’étaient pas originaires du peuple ; ils n’étaient pas non plus des seigneurs ou des fonctionnaires ; ils étaient tout simplement très proches du roi Charles VI de France, qui les avait choisis. C’est grâce à cette position qu’ils ont pu accéder aux plus hautes fonctions de l’État. Ils firent le serment de rester unis et solidaires.

Lire : La folie du roi Charles VI, le bal des Ardents.

Puis, alors qu’un prêtre lit les quatre récits de la Passion du Christ, le roi entre en agonie,. A midi, il rend son dernier soupir ; il est à ce moment-là dans les bras de Bureau de La Rivière.

UN DAUPHIN ABSENT !

Le roi trépasse probablement des suites d’un accident coronarien aigu, en pleine épidémie de peste.

Ce sont les trois frères du roi (les ducs Louis d’Orléans, Jean de Berry et Philippe de Bourgogne) qui mèneront le cortège des obsèques.

En ce mois de septembre, l’épidémie de peste menace Paris et ses alentours. On redoute que la foule, amassée dans les ruelles étroites où passera la dépouille du roi, ne s’agglutine imprudemment contre les participants aux funérailles. C’est pour cette raison que l’on éloignera les fils Charles et Louis, qui seront mis à l’abri à Melun. Le corps du défunt roi est acheminé à l’abbatiale de Saint-Denis, où il est inhumé auprès de celui de la reine Jeanne de Bourbon, morte en février 1378.

Charles V et Jeanne de Bourbon, Paris, musée du Louvre

Selon les dernières volontés de Charles V, son cœur sera transporté dans la cathédrale de Rouen. Ses entrailles reposeront à l’abbaye de Maubuisson, dans la chapelle érigée pour accueillir le tombeau de sa mère (Bonne de Luxembourg) et le sien.

Abbaye de Maubuisson

Le tombeau de Charles le Sage est placé désormais tout contre celui de sa « Dame et mère », qui occupe la place d’honneur à droite.

Lire :

Charles V et les reconquêtes françaises.

Le Sacre de Charles V.

Charles V, un roi souffreteux.

MES PHOTOS DU CHÂTEAU DE VINCENNES

Sources :

Mes photos

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_le_Sage

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

 

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2 réponses

  1. Cher auteur, votre article sur la mort du roi Charles V le Sage est passionnant et très bien écrit. Vous avez réussi à captiver mon attention du début à la fin en décrivant avec précision les événements de cette période historique importante. J’aimerais en savoir plus sur les conséquences de la mort du roi et sur l’impact que cela a eu sur la France et l’Europe. Merci pour cet excellent article, j’attends avec impatience votre prochain billet.

  2. Bonjour, je tiens à vous féliciter pour cet article très intéressant sur la mort du roi Charles V le Sage. Vous avez su expliquer de façon concise et claire les différents événements qui ont conduit à sa mort et leur impact sur la France médiévale. Votre analyse historique est très pertinente et j’ai appris beaucoup de choses en lisant votre article. J’aimerais en savoir plus sur votre parcours et vos références en matière d’histoire médiévale. Merci pour ce partage et au plaisir de lire d’autres de vos articles.

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