La Guerre de Sécession – Nathan Bedford Forrest

                                                                                      

 

 

LA GUERRE DE SÉCESSION

(1861-1865)

NATHAN BEDFORD FORREST

(1821-1877)

 

SOMMAIRE

Les 12 et 13 avril 1861, le bombardement de Fort Sumter par les Etats confédérés, dans la baie de Charleston, en Caroline du Sud, marque le début de la Guerre. La garnison fédérale du fort, sous les ordres du commandant Anderson, refuse de quitter ses positions qui se trouvent en territoire sudiste. Cette bataille, qui n’a fait aucune victime dans les deux camps, est le « casus belli » qui déclenche la Guerre civile (1861-1865), et annonce le conflit le plus meurtrier de l’Histoire des États-Unis. La guerre qui commence va opposer pendant quatre ans les Etats du Nord aux Etats confédérés du Sud. Elle se terminera à Appomattox, le 9 avril 1865 avec la victoire du Nord, après avoir fait 625 000 morts.

Lire : « Fort Sumter ».

L’HOMME

Nathan Bedford Forrest naît le 13 juillet 1821 à Chapel Hill, dans le Comté de Bedford, Tennessee. Il meurt le 29 octobre 1877 à Memphis, dans le Tennessee. Il fut lieutenant général dans l’armée confédérée lors de la Guerre Civile américaine (1861-1865).

Il est considéré comme l’un des meilleurs chefs, peut-être le meilleur. Ses manœuvres de cavalerie qu’il a appliquées à l’époque sont toujours étudiées de nos jours et employées par les militaires.

Fin stratège, et reconnu comme un excellent tacticien, il est resté néanmoins une figure controversée de l’histoire raciale du Sud.

On se souvient de sa participation au massacre des soldats noirs à Fort Pillow, le 12 avril 1864, à Henning sur le fleuve Mississipi, dans le Tennessee. On retient aussi le rôle qu’il a tenu à la direction du « Ku Klux Klan » (de 1867 à 1869), dont il deviendra le « Premier Grand Sorcier » : titre donné au chef de l’organisation.

En janvier 1869, après une année d’exercice en tant que « Grand Sorcier », face aux excès de violence de l’organisation qui devient ingérable, et à ses méthodes de plus en plus contraires, Forrest dissout le Klan. Il demandera à ses membres de détruire leurs costumes, mais peu de « Klansmen » le feront.

Ayant lui-même tenu la promesse de libérer ses propres esclaves juste avant la fin des hostilités, il prendra par la suite publiquement position en faveur de la cause des Noirs d’Amérique.

LE TENNESSEE

« L’État des Volontaires»

 

   

16ème État

Capitale : Nashville.

Date d’Entrée dans l’Union : 1er juin 1796.

La contrée était autrefois habitée par différentes tribus amérindiennes (à l’origine ce sont les premiers autochtones ayant occupé le continent américain). On distingue plusieurs peuples comme les Chicachas, les Creeks et les Cherokees.

Au milieu du 16ème siècle, les Espagnols explorent le territoire. D’abord en 1540 par le conquistador Hernando de Soto (né en 1496 ou 1497-mort en 1542), puis en 1673 par les Français Louis Jolliet (1647-1700) et Jacques Marquette (1637-1675), qui descendent le fleuve Mississippi.

En 1673, suite au Traité de Paris, la région devient propriété de la couronne d’Angleterre.

Vers 1760, de nombreux pionniers viennent s’établir dans les vallées de l’Holston, de la Watauga et de la Nolichucky. Parmi les premiers, on cite le célèbre Daniel Boone (1734-1820), qui explorera et colonisera le futur Kentucky.

En 1769 est créée la première colonie permanente à Watauga.

En 1772 un district indépendant voit le jour, la « Watauga Association », qui sera annexée par la Caroline du Nord en 1776.

En 1779, la première ville de l’État, Jonesboro, est fondée par des Caroliniens du Nord.

Après la Guerre d’Indépendance, la partie occidentale du Tennessee est cédée par la Caroline du Nord au gouvernement des États-Unis. La partie orientale, où se situe un gouvernement indépendant, devient en 1784 l’«Etat de Franklin ».

En 1788, la contrée est à nouveau administrée par la Caroline du Nord, et devient « Territoire au sud de la rivière Ohio » (Territory South of the River Ohio), ou Territoire du Sud-Ouest.

Le 1er juin 1796, le Tennessee intègre l’Union et devient le 16ème État américain.

État esclavagiste, le Tennessee essaie tout d’abord d’éviter la Sécession, et sera un des derniers à rejoindre la Confédération des États du Sud.

Son territoire sera au cœur des combats, et d’importantes batailles auront lieu sur son sol, comme Fort Donelson (Février 1862), Chattanooga (novembre 1863), Franklin (novembre 1864) et Nashville (décembre 1864).

En mars 1866, le Tennessee sera le premier État confédéré à être réadmis au sein de l’Union.

En 1865, c’est au Tennessee que le Ku Klux Klan, société secrète sudiste, verra le jour.


ENFANCE & FAMILLE 

Fils d’une famille de pionniers pauvres, Nathan Bedford Forrest naît le 13 juillet 1821 dans une cabane isolée, près du hameau de Chapel Hill, qui faisait alors partie du comté de Bedford, Tennessee.  

Forrest est le premier fils de William Forrest (1801-1835/36), forgeron, et de Mariam Beck, (1802-1867). Son père William était d’origine anglaise et sa mère probablement écossaise –irlandaise (La Memphis Genealogical Society dit qu’elle était également d’origine anglaise).

Avec Fanny, sa sœur jumelle, ils sont les aînés des douze enfants du couple Forrest. De 1830 à 1833, la famille vit dans une cabane en rondins (aujourd’hui préservée comme maison d’enfance de Nathan Bedford Forrest). Cette habitation sommaire est décrite par John Allan Wyeth (qui a servi dans un régiment de l’Alabama sous le commandement de Forrest), comme un bâtiment avec une unique pièce aux murs orbes (aveugles, sans fenêtres).  

Son père William exerce son métier de forgeron jusqu’en 1834, puis déménage dans le Mississippi. A sa mort en 1837, le jeune Nathan, alors âgé de 16 ans, devient le seul protecteur de la famille (en tant qu’aîné, il doit subvenir aux besoins de sa mère enceinte et de ses dix frères et sœurs).

En 1841, une épidémie de fièvre typhoïde terrasse une grande partie de sa famille : trois de ses sœurs, dont sa jumelle, et deux de ses frères n’y survivront pas.

Forrest, qui n’est pas allé à l’école bien longtemps (moins d’un an), a eu donc une enfance difficile faite de labeurs et d’efforts. Refusant sa condition d’homme pauvre, il rêve d’un avenir meilleur pour pourvoir à ses besoins et aux nécessités de sa famille démunie.

Il décide donc de devenir planteur, marchand de chevaux, de bétail, courtier immobilier, et marchand d’esclaves. Le commerce d’esclaves est prospère et lucratif ; la demande d’esclaves est à ce moment-là en plein essor dans le Grand Sud. Il va réussir dans son entreprise et se fait une place de choix dans la société sudiste.

Nathan Bedford Forrest était un homme grand qui mesurait six pieds deux pouces (1,88 m) de hauteur et pesait environ 180 livres (82 kg). Il buvait rarement et évitait le tabac. Généralement présenté comme un être doux, il pouvait changer radicalement son comportement lorsqu’il était irrité ou provoqué. Cavalier infatigable, il était aussi un épéiste confirmé. Malgré ses lacunes grammaticales et son manque d’éducation formelle, il pouvait lire et écrire dans un anglais distinct.

Forrest sera propriétaire de plusieurs plantations dans la région du Delta du Tennessee occidental, et son entreprise a pignon sur rue sur Adams Street à Memphis.

FRATRIE

– Fanny Beck Forrest, sa jumelle (1821-1841).

– Mary Forrest (1826-1841).

– John Nathaniel Forrest (1829-1867).

– William Hezekiah Forrest (1831-1875).

– Mildred Forrest (1831-1841).

– Aaron H Forrest (1833-1864).

– Jesse Anderson Forrest (1833-1889).

– Isaac Forrest (1835-1841).

– Jeffrey Edward Forrest (1837-1864) – mort au combat à la bataille de d’Okolona.

– Jessie Anderson Forrest (naissance inconnue-1889).

En 1843, sa mère, Miriam Beck, épouse en seconde noce James Horatio Luxton, de Marshall, (Texas) et donnera naissance à quatre autres enfants.

MARIAGE

En 1845, Nathan Bedford Forrest épouse Mary Ann Montgomery (1826–1893), la nièce d’un ministre presbytérien, son tuteur légal.

De cette union naîtront :

William Montgomery Bedford Forrest (1846–1908). Il s’enrôlera à l’âge de 15 ans et servira aux côtés de son père pendant la guerre.

 – Fanny Forrest (1849–1854). Elle succombera des suites d’une épidémie de choléra.

AVANT LA GUERRE

Forrest s’établit avec sa famille à Memphis, dans le Tennessee. Il est riche et gagne bien sa vie, ce qui lui permet de payer à ses frères les études qu’il n’a pu avoir dans sa jeunesse. Il n’est certes pas illettré, car il a suivi quelques études personnelles en autodidacte. Cependant son anglais semble approximatif. Malgré ce handicap il s’implique dans la vie politique locale.

En 1855, il est élu au poste d’« alderman » (conseiller municipal de l’époque) et administre la ville de Memphis avec quelques confrères. Eu égard à son manque d’éducation, certains politiciens locaux le qualifient de « racaille blanche ». Il est néanmoins très riche…

Forrest devient notable et souffre beaucoup des attaques dont il est l’objet, au sujet de ses origines indigentes et de son manque de culture.

A cette époque-là, les épidémies de choléra et les fièvres déciment les populations régulièrement. Forrest va se lancer dans l’assainissement de la ville de Memphis, et participer à l’installation d’un système de drainage des eaux usées. Il réussira, luttant avec acharnement, d’autant que sa fille Fanny mourra des suites de l’épidémie de choléra. 

En 1858, Forrest est élu conseiller municipal de Memphis comme Démocrate ; il le sera pour deux mandats consécutifs.

En 1859, il achète deux grandes plantations dans le comté de Coahoma, Mississippi, et une part d’intérêt dans une autre en Arkansas. Au début de la Guerre Civile, il est le propriétaire terrien d’au moins 3345 acres (environ 1554 hectares) dans le Mississippi.

Au moment où la Guerre Civile américaine débute, Forrest est l’un des hommes les plus riches du Sud (il évalue lui-même sa fortune personnelle à 1,5 million de dollars).

Fils d’un forgeron illettré, Forrest a fait fortune dans la spéculation foncière, le commerce du coton et le trafic d’esclaves. En 1861, il s’engage comme simple soldat, puislève son propre bataillon de cavalerie qu’il équipe à ses frais. Il finira la guerre comme lieutenant général, accomplissant une ascension fulgurante, la plus exceptionnelle de la Guerre Civile.

Nathan B. Forrest

C’est le commandant de cavalerie le plus redouté dans les deux camps. Le « magicien à cheval », comme on le surnomme, sera blessé à quatre reprises et perdra un nombre impressionnant de montures au combat. A trente reprises ses chevaux ont été abattus, et il a tué trente et un hommes au corps-à-corps. Ce qui lui fera dire plus tard : « au bout du compte, j’avais un cheval d’avance ».  

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.

FAITS D’ARMES

ET

PARTICIPATIONS AUX BATAILLES

DE NATHAN BEDFORD FORREST

 

GUERRE CIVILE

(1861-1865)

J’ai besoin d’hommes robustes ayant de bons chevaux et sachant manier les armes. Je m’adresse uniquement à ceux qui souhaitent s’engager activement. Rejoignez-moi les gars si vous voulez vous divertir et tuer des Yankees !

Nathan Bedford Forrest.

« La guerre de Sécession » de Ken Burns.

1861

En juin 1861, Forrest s’enrôle dans l’armée confédérée comme simple soldat. Il deviendra l’un des rares soldats pendant la guerre à s’engager et à être promu général sans formation militaire préparatoire.

LA BATAILLE DE SACRAMENTO

(28 décembre 1861)

 

Victoire de la cavalerie confédérée placée sous les ordres du colonel Nathan Bedford Forrest, face aux forces de l’Union commandées par le colonel Eli Houston Murray (1843-1896).

La bataille de Sacramento fut un combat de la Guerre Civile Américaine (1861-1865) qui s’est déroulé à Sacramento, dans le Kentucky, le 28 décembre 1861. C’est aussi le premier combat de Nathan Bedford Forrest.

A la tête d’une force de 200 à 300 cavaliers confédérés, Forrest a attaqué, encerclé et battu une force nordiste de 500 soldats, celle du 3ème régiment du Kentucky du colonel Murray, nettement supérieure à la sienne.

Forrest, qui passait Noël avec sa famille dans le camp près de Hopkinsville, avait reçu des rapports de ses éclaireurs. Il savait que l’ennemi, qui avait traversé la Green River, se trouvait tout près et faisait boire ses chevaux. Murray, qui se déplaçait le long des rives du cours d’eau, était prêt à attaquer.

Forrest et son corps de cavalerie se mirent en route en direction de Sacramento. Malgré le temps froid et une pluie glaciale, il se lance à l’assaut et met en déroute les forces nordistes.

Les rapports des pertes occasionnées au cours de cet engagement seront contestés, avec des compte-rendus différents de chaque côté. Nonobstant, de nombreux témoins oculaires ont attesté du courage de Forrest au cours du combat. Il sera félicité par ses supérieurs pour sa bravoure.

Ce combat fut l’un des premiers de la guerre pour Forrest comme commandant de cavalerie. Au cours de cette bataille, il s’est avéré être un excellent cavalier et meneur d’hommes, dévoilant plusieurs exemples de tactiques qui vont annoncer un art inédit de faire la guerre : le débordement, l’encerclement, la dissimulation et ses foudroyantes charges de cavalerie. Nathan Bedford Forrest, le « fantôme gris », celui que tous les chefs et généraux du Nord vont redouter de croiser un jour sur leur chemin.

1862

LA PRISE DE FORT DONELSON

(Du 12 au 16 février 1862)

La prise de Fort Donelson est une des plus importantes batailles du théâtre occidental de la Guerre civile américaine. Elle se déroule du 12 au 16 février 1862 dans le Comté de Stewart, Tennessee.  Elle représente une victoire de première importance pour l’Union.

Après la chute du Fort Henry (sur la rivière Tennessee), tombé aux mains des nordistes le 6 février 1862, tous les efforts des troupes fédérales se portent sur le Fort Donelson, situé sur la rivière Cumberland. Ce dernier se présente comme une sentinelle isolée, qui bloque un couloir donnant accès vers le cœur de la Confédération (le Tennessee, et sa capitale Nashville), et son industrie de guerre. L’issue des combats verra la victoire de l’Union, permettant ainsi aux forces nordistes d’occuper tout le Kentucky et une bonne partie du Tennessee.

SITUATION

Situé dans le Tennessee (Comté de Stewart), près de la frontière avec le Kentucky, le Fort Donelson est un ouvrage fortifié construit sur les rives de la rivière Cumberland.

Victoire de l’armée de l’Union commandée par le général Ulysse Simpson Grant et l’amiral Andrew Hull Foote (1806–1863), face aux forces confédérées de la garnison du fort placées sous les ordres des généraux John Buchanan Floyd (1806–1863), Gideon Johnson Pillow (1806–1878), et Simon Bolivar Buckner (1823-1914).

Extrait de mon article sur la prise de Fort Donelson :

CONTEXTE

Le 7 mai 1861, l’État du Tennessee rejoint la Confédération des États du Sud. Le Kentucky, L’État voisin situé au nord, a proclamé sa neutralité dès le début des hostilités. Son statut d’État frontalier a été déterminant dans le choix de ne pas opter pour un camp. Nonobstant, de nombreux partisans des deux belligérants se battront dans les deux armées, violant ainsi la noble neutralité du Kentucky.

Vers la fin de l’année 1861, le Kentucky a perdu à la fois sa neutralité et son rôle de zone tampon et de protection de l’État du Tennessee. Dès lors, 35 000 soldats sudistes se positionnent sur un territoire au sud du Kentucky, faisant face à 50 000 nordistes éparpillés dans le reste de l’État.

Le général Ulysses S. Grant, fort de sa victoire à Fort Henry le 6 février 1862, a ouvert la vallée de la Tennessee aux forces de l’Union et leur a donné le contrôle du trafic fluvial jusqu’au-delà de la frontière de l’Alabama. Désormais, son objectif est de s’emparer de Fort Donelson, situé sur la rivière Cumberland à 18 kilomètres plus à l’Est.

Bataille de Fort Henry

Les forces confédérées sont constituées de 10 brigades, ce qui représente environ 17 000 hommes. Deux de ces unités et une brigade de cavalerie viennent de Fort Henry. Il faut noter que cette dernière est placée sous les ordres de Nathan Bedford Forrest.

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Le 12 février, les forces de l’Union cantonnées à Fort Henry se mettent en route. Elles doivent se diriger vers Fort Donelson avec à leur tête Ulyses S. Grant. Celui-ci laisse en réserve derrière lui la division de Lew Wallace, encore incomplète, et qui doit être renforcée par une brigade détachée sur les unités de l’Ohio. 15000 hommes, 8 batteries et des unités de cavalerie attendent les canonnières nordistes qui redescendent la rivière Tennessee pour rejoindre la Cumberland. Ces renforts fluviaux porteront les troupes yankees à environ 25 000 hommes. Les soldats de l’Union avancent d’environ 5 miles (8 km) sur les deux routes séparant les deux forts. Toute la journée, leur marche est entravée par les assauts répétés de la cavalerie confédérée de Nathan Bedford Forrest qui a été envoyée par Buckner. Les cavaliers sudistes attaquent la division de McClernand ; après un bref combat, ils se retranchent à l’abri dans les fortifications. Le retrait de la cavalerie confédérée permet aux troupes de l’Union de s’approcher au plus près des premières lignes de défenses sudistes. Les forces de Grant commencent à resserrer l’étau autour du Fort Donelson en essayant de bloquer tous les issues de fuites possibles des défenseurs sudistes. Sur la droite de Grant se trouve la division de McClernand, et sur la gauche celle de Charles F. Smith.

LE 15 FÉVRIER, TENTATIVE DE PERCÉE DES CONFÉDÉRÉS

La nuit du 14 au 15 février est particulièrement glaciale. Les soldats de l’Union, qui se trouvent dans la position d’assaillants, souffrent énormément des conditions climatiques. Ils ont jusqu’alors supporté des températures assez clémentes pour la saison. Sans moyens efficaces pour se prémunir de cette aggravation du froid, leur résistance est mise à rude épreuve. Ils essaient alors de se réchauffer du mieux qu’ils le peuvent, sans se rendre compte des mouvements de l’ennemi qui commence à bouger. Il leur est défendu d’allumer un feu sous peine d’être aussitôt la cible des tireurs d’élite. Pendant ce temps, les Confédérés s’attroupent et réunissent une partie de leurs forces sur la droite des positions nordistes.

Le plan confédéré est mis à exécution et soudain, au petit matin, les sudistes, avec à leur tête Gidéon Johnson Pillow, se lancent à l’assaut de l’extrême droite des positions fédérales. La division de McClernand, prise au dépourvu, est submergée. Malgré une résistance tenace, les nordistes plient et reculent. Ils découvrent alors une brèche béante dans leurs rangs, le long de la rivière, sur le flanc droit. Celui-là même que les cavaliers de Nathan Bedford Forrest combattent à pied. La charge confédérée est telle qu’elle parvient à repousser son ennemi de 2 à 3 kilomètres vers l’Ouest. Il faudra attendre midi pour voir les lignes de l’Union se stabiliser.

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Forrest est écœuré par le comportement peu combattif de ses supérieurs (John B. Floyd, Giddeon Pillow et Simon Buckner) qui, après avoir pratiquement réussi à vaincre l’encerclement nordiste, décident quand même de se rendre.

Forrest refuse cette reddition. Avant que Grant et ses hommes ne pénètrent dans Fort Donelson, le général sudiste Nathan Bedford Forrest, après avoir appelé tous les volontaires prêts à le suivre, réussit à s’échapper avec un millier d’hommes et à se mettre en sécurité à 120 kilomètres de là, après une longue et pénible marche dans la neige. : « Je ne suis pas venu ici pour me rendre », aurait-il déclaré. Grant et l’armée nordiste le retrouveront un jour sur leur chemin…

Lire : « La prise de Fort Donelson ».

« Dans le conflit qui les oppose, écrit Abraham Lincoln vers la fin 1862, chaque camp prétend agir selon la volonté de Dieu. Ce pourrait bien être le cas, mais l’un d’entre eux est nécessairement dans l’erreur, car Dieu ne peut être pour et contre une même chose dans le même temps ».

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.


LA BATAILLE DE SHILOH

ou de

PITTSBURG LANDING

(Les 6 et 7 avril 1862)

Shiloh veut dire « havre de paix » en hébreu.

La bataille ainsi appelée porte le nom d’une petite église autour de laquelle s’était positionné un camp de l’Union.

L’église méthodiste de Shiloh qui donnera son nom à la bataille

La bataille eut lieu les 6 et 7 avril 1862 dans le Comté de Harding, dans le sud-ouest du Tennessee. Shiloh est considéré comme étant une bataille de première importance du théâtre occidental de la Guerre de Sécession.

Victoire des armées de l’Union réunies commandées par les généraux Ulyses S. Grant et Don Carlos Buell, face aux forces confédérées placées sous les ordres des généraux Albert Sidney Johnston (né en 1803–meurt au combat durant la bataille, le 6 avril 1862), et Pierre-Gustave Toutant de Beauregard (1818-1893).

Extrait de mon article sur la bataille de Shiloh :

Dès le début de l’année 1862, toutes les forces sudistes, de l’Arkansas jusqu’au Cumberland Gap (lieu où se rencontrent les frontières des trois États, du Kentucky, du Tennessee et de la Virginie), sont placées sous les ordres d’Albert Sydney Johnston. Mais son armée est éparpillée sur un front très étendu. Sur son flanc gauche se trouvent Léonidas Polk (1806-1864) et ses 12 000 hommes ; sur son flanc droit, à Bowling Green (dans le Comté de Warren, Tennessee), les 4000 hommes de Simon Bolivar Buckner (1823-1914). Les cours des fleuves Tennessee et Cumberland sont défendus respectivement par les forts Henry et Donelson. Il est évident que ces deux ouvrages ne doivent en aucune manière tomber entre les mains des ennemis : les deux rivières doivent rester sous contrôle confédéré.

Mais les deux ouvrages fortifiés tomberont successivement aux mains des fédéraux avec à leur tête Ulysses S. Grant : Fort Henry, le 6 février 1862, et Fort Donelson, du 12 au 16 février 1862.

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Fort de ces deux victoires Grant a ouvert la vallée de la Tennessee aux forces de l’Union. Les Nordistes ont maintenant le contrôle du trafic fluvial jusqu’au-delà de la frontière de l’Alabama.

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L’armée d’Ulysse S. Grant, forte de 42000 hommes, a pénétré profondément le cœur du territoire sudiste en longeant la rivière Tennessee et a positionné son camp à Pittsburg Landing sur la rive Ouest du fleuve. La percée de Grant dans le Tennessee a pratiquement coupé l’État en deux. Grant attend désormais l’arrivée de l’armée de l’Ohio, placée sous les ordres de Don Carlos Buell. Ensemble, ils doivent ensuite mener l’offensive au cœur du Mississippi

Mais Buell est en retard, et à Corinth, dans le Mississippi, à 35 km de là, Albert Johnston, commandant de l’armée confédérée, ne voit aucune raison d’attendre… Les forces en présence étant encore à peu près égales, il décide d’attaquer et de mettre un terme définitif à l’invasion yankee.

« Ce soir nos chevaux boiront l’eau du Tennessee » promet Albert Johnston aux officiers de son état-major, le 6 avril au petit matin.

Johnston veut porter l’assaut sur l’aile gauche des forces de Grant; son but est de séparer l’armée de l’Union du soutien de ses canonnières, et lui couper la retraite sur le fleuve Tennessee. Il a l’intention de l’acculer dans les marais de Snake Creek et de Owl Creek où, pense-t-il, il pourra la détruire.

&

L’armée confédérée, commandée par les généraux Albert Sidney Johnston et Pierre Toutan Beauregard, se met directement en marche vers les lignes nordistes et attaque par surprise les camps de l’Union. En face, les soldats sont pour la plupart endormis dans leur tente, et nombreux sont ceux qui se rendent sans combattre. Alors que quelques-uns essaient de résister sur place, des milliers d’autres s’enfuient paniqués. La surprise, même si elle est totale, ne peut être convoitée à fond par les confédérés. Une partie d’entre eux, affamés, refluent vers l’arrière pour piller les cantonnements délaissés par les fuyards, pendant que d’autres maintiennent l’assaut initial…

L’une des divisions nordistes est commandée par William T. Sherman, sorti de la dépression qui l’avait tenu confiné chez lui et éloigné du conflit l’année précédente. Ses volontaires de l’Ohio ont dressé leur camp sur une colline non loin d’une petite église méthodiste baptisée Shiloh. C’est à cet endroit que les sudistes attaquent…

Un soldat témoigne de l’attaque confédérée :

« J‘ai vu des hommes vêtus de gris et de brun déferler dans le camp, et j’ai également vu autre chose, une chose que je n’avais jamais vue auparavant, un morceau de toile aux couleurs éclatantes bordé de bandes rouges ; le drapeau rebelle ».

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

&

L’armée de Buell arrive enfin pendant la nuit ; c’est le tournant de la bataille. C’est avec un grand soulagement que Grant voit arriver les renforts avec l’appui de deux canonnières, le Lexington et le Tyler. Il dispose dorénavant de 18 000 hommes frais qui pourront reprendre le combat le lendemain.

Un soldat nordiste raconte :

« Jamais la vue de renforts ne m’a parue aussi réconfortante qu’en ce dimanche soir lorsque l’avant-garde des forces de Buell s’est déployée sur les berges de Pittsburg Landing ».

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

&

Désormais forte de presque 70 000 hommes, l’armée de l’Union attaque à l’aube les 30 000 Confédérés de Beauregard.

Les Sudistes reculent, contre attaquent, reculent de nouveau, amorcent finalement un repli, puis se retirent. Les soldats de l’Union, en surnombre, sont les maîtres du champ de bataille.

TEL UN DÉMON TOUT GRIS !

La retraite des Confédérés est couverte par Nathan Bedford Forrest, qui décide de lancer une dernière charge de cavalerie contre les poursuivants yankees. 

Un témoin raconte :

« Il est allé directement là où se trouvait le gros des troupes nordistes, il se retrouvait entouré d’ennemis ; un uniforme gris dans une mer bleue. On criait autour de lui : « tuez-le, tuez-le ce maudit rebelle, jetez-le à terre ».

Nathan Bedford Forrest

Un soldat a réussi à lui planter le canon de son fusil dans les côtes et à appuyer sur la gâchette. Forrest a fait un bond au-dessus de sa selle sous l’impact sans cesser de donner des coups de sabre. Son cheval ruait et tournait dans tous les sens. Forrest a réussi à se dégager de la mêlée et il est parti au galop sous les balles nordistes. Au passage il a attrapé un soldat de l’Union et l’a pris en croupe pour s’en servir de bouclier. Une fois hors de portée, il l’a jeté à terre, l’a abattu, et est reparti au galop rejoindre ses hommes. Ce fut le dernier coup de feu tiré de la bataille de Shiloh. » 

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns

 

Lire : « la bataille de Shiloh ». 

Chaque recrue avait une chance sur 65 d’être tuée au combat, une chance sur 10 d’être blessée, et une chance sur 13 de mourir de maladie. L’âge moyen était de 25 ans, l’âge minimum légal était de 18 ans. Mais les officiers recruteurs n’étaient guère regardants : des enfants de 9 ans furent enrôlés comme tambour. Plus de 100 000 soldats nordistes avaient moins de 15 ans.

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.


BATAILLE DE PARKER’S CROSS ROADS

(31 décembre 1862)

Le 31 décembre 1862, bataille de Parker’s Cross Roads. Comté de Henderson, Tennessee.

Victoire des forces confédérées commandées par le brigadier général Nathan Bedford Forrest, face aux forces de l’armée de l’Union placées sous les ordres du brigadier général Jeremiah Cutler Sullivan (1830-1890).

Témoignage cité par Shelby Foote, parlant de Nathan Bedford Forrest.

« Il n’a été pris au dépourvu qu’une seule fois lors d’une bataille à Parker’s Cross Roads dans le Tennessee.

Alors qu’il était sur le point de venir à bout de l’ennemi, il a été pris à revers par des troupes dont il était persuadé qu’elles se trouvaient à plusieurs kilomètres du champ de bataille. Ses soldats étaient désorientés et lui ont demandé quels étaient ses ordres. Il leur a répondu : – Formez deux groupes et chargez dans les deux sens ! et il fut, une fois de plus victorieux.

Il n’avait pas son pareil pour lancer une offensive éclair et inverser le cours d’une bataille. Il combattait en improvisant disait-il, et avait la faculté d’anticiper les manœuvres de l’ennemi avec une précision surprenante.

Nous parlons d’un hommes d’exception à plus d’un titre, Forrest était un génie à l’état pur. Quelqu’un a dit que c’était un soldat né au même titre que John Keats était un poète né ».

« La guerre de Sécession », de Ken Burns.

&

Shelby Foote (immense romancier et historien américain dans la lignée de William Faulkner) est né le 17 novembre 1916 à Greenville, Mississippi. Il meurt le 27 juin 2005 à Memphis, Tennessee. L’auteur est assez méconnu en France. A travers son œuvre majeure, Shiloh, il décrit la Guerre de Sécession en 200 pages, en redonnant la parole à de simples soldats et officiers des deux armées.

1863

BATAILLE DE CHICKAMAUGA

(Du 18 au 20 septembre 1863)

Bataille de Chickamauga

Victoire de l’armée confédérée commandée par les généraux James Longstreet et Braxton Bragg, face aux forces de l’Union placées sous les ordres des généraux William Rosecrans et George Thomas.

Vers la mi-août 1863, James Longstreet est détaché sur le front de l’Ouest. Son armée est transférée par chemin de fer, un long voyage de 1 247 km, jusque dans le nord de la Géorgie. Arrivées à destination, les troupes sudistes de Longstreet sont placées sous les ordres du général Braxton Bragg.

La bataille de Chickamauga se déroule du 18 au 20 septembre 1863. Elle marque la fin de l’offensive de l’Union, dans le Sud du Tennessee et le Nord-Ouest de la Géorgie. Après la bataille, les forces fédérales en pleine déroute se retirent et s’enferment dans Chattanooga. Les forces confédérées restent maîtres du champ de bataille. Cette bataille est la plus importante défaite de l’Union dans le théâtre d’opérations de l’Ouest, durant la Guerre de Sécession.

La traduction des mots indiens est bien souvent incertaine, et Chickamauga voudrait dire « rivière de la mort », mais ce n’est cependant qu’une interprétation.

La bataille fut horrible et meurtrière. Elle a donné lieu à de nombreuses percées et de combats au corps-à-corps et à une longue et difficile retraite des soldats nordistes. Ce fut une glorieuse victoire du Sud, demeurée inexploitée. Tous les héros de l’Ouest y étaient, Nathan Bedford Forrest en tête.

A 8 heures, le 18 septembre 1863 au matin, la cavalerie de Nathan Bedford Forrest se heurte à une brigade nordiste en route vers un petit pont qui enjambe la rivière.

L’un des officiers sudistes déclarera : 

« A midi, les morts étaient empilés les uns sur les autres comme des troncs d’arbres débités pour le passage des colonnes ».

« La Guerre de sécession », de Ken Burns.

A la faveur de la nuit, c’est le statut quo. Les deux camps n’ont pas pris un pouce de terrain.

Le lendemain, les affrontements reprennent tout aussi féroces et meurtriers. Rosecrans commet alors une terrible erreur : il ordonne à ses troupes d’aller consolider une brèche inexistante dans ses lignes. En exécutant cette manœuvre pour le moins risquée, il en ouvre une bien réelle à travers laquelle s’engouffrent les Confédérés de Longstreet ; les lignes fédérales finissent par rompre et c’est la débandade. Et même Rosecrans prend la fuite.

« Ils ont combattu jusqu’au dernier » déclarera James Longstreet

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

Cependant George Henry Thomas, un général nordiste originaire de Virginie, refuse la défaite et ne veut pas se replier. Dans l’urgence, il organise une défense acharnée qui évite à la bataille de finir en déroute ; ce qui lui vaudra le surnom de « Rock de Chickamauga ».

L’armée nordiste regagne difficilement Chattanooga. Rosecrans est abasourdi.

« Il errait comme un canard qui aurait pris un coup sur la tête » déclarera Abraham Lincoln. 

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.


1864

BATAILLE DE FORT PILLOW

(12 avril 1864)

Le Fort Pillow est construit par les Confédérés en 1861, sur la rive Est du Mississippi, à une quarantaine de kilomètres de Memphis. Ces derniers l’abandonneront après le siège et la chute de Corinth dans le Mississippi (du 29 avril au 10 juin 1862).  

La prise de Fort Pillow est un affrontement mineur de la Guerre Civile (1861-1865). Il est cependant bien connu pour la polémique qu’il a suscitée concernant le massacre des prisonniers nordistes.

L’ouvrage fortifié de Fort Pillow (son nom est celui d’un général, Gideon J. Pillow, un héros de la guerre contre le Mexique) est construit par les Sudistes au début de la guerre pour surveiller la navigation sur le fleuve. Il doit barrer le passage aux navires de la flotte unioniste.

En 1864, depuis la chute de Vicksburg (4 juillet 1863), les nordistes sont maîtres du Mississippi. La Confédération est coupée en deux. Les armées de Grant et de Sherman s’apprêtent à passer à l’attaque.

Pour s’y opposer, les Confédérés mettent en place une série de raids dévastateurs sur les arrières des lignes ennemies. Ils comptent ainsi affaiblir les forces de l’Union qui leur font face, en détruisant leurs approvisionnements. Les Sudistes veulent surtout, par la même occasion, récupérer tout ce qui leur sera nécessaire à l’effort de guerre. C’est lors du retour d’un tel raid que les forces confédérées de Nathan Bedford Forrest vont se confronter à la garnison de Fort Pillow.

&

Le 12 avril 1864 : bataille de Fort Pillow. Comté de Lauderdale, Tennessee.

Victoire des forces confédérées commandées par le général Nathan Bedford Forrest et le brigadier général James Ronald Chalmers (1831–1898), face à la garnison fédérale du fort placée sous les ordres des majors Lionel F. Booth (1838-1864) et William F. Bradford (1827-1864). Les deux officiers seront tous les deux tués lors du combat.

En avril 1864, la garnison du fort est alors composée de 600 hommes, dont la moitié sont d’anciens esclaves.

Le 12 avril 1864 au matin, les forces confédérées de Forrest encerclent le fort et ouvrent le feu, après avoir chassé les postes défensifs avancés de l’ennemi.

Vers les 9 heures, le major Lionel F. Booth est tué. Le commandement passe alors au major William F. Bradford, du 6ème d’artillerie.

Les assaillants, bénéficiant du relief et à l’abri de la végétation, déversent un déluge de balles sur les défenseurs vulnérables. Ceux-ci, impuissants, ne peuvent même pas riposter pour se défendre, au risque de se découvrir au-dessus du parapet.

A 13 heures, les Confédérés parviennent à se faufiler jusqu’au fossé du fort ; là ils sont relativement en sûreté. Les défenseurs nordistes ne peuvent leur tirer dessus sans s’exposer dangereusement, d’autant que les canons de leurs batteries sont dans l’incapacité de pointer aussi bas. 

Vers 15 heures 30, Forrest envoie un parlementaire sous la protection d’un drapeau blanc, pour exiger la reddition du fort. Il promet aux officiers de la garnison qu’ils seront traités comme des prisonniers de guerre. Le major général nordiste William F. Bradford rejette la demande et refuse de se rendre.

Immédiatement, Forrest donne l’ordre de l’attaque. Le fort est submergé et ses hommes ouvrent une brèche. Les défenseurs lâchent prise, reculent, puis tentent de s’enfuir, poursuivis par des Sudistes exaltés. Les Nordistes refoulent vers le fleuve où les tireurs sudistes positionnés au nord et au sud les canardent sans relâche ; la tuerie ne s’arrêtera pas.

Après la chute du Fort Pillow, Nathan Bedford Forrest sera la cible d’accusations. Dans le Nord, on lui reprochera d’avoir fait massacrer la garnison du fort qui était composée de soldats de couleur.

 

Nathan Bedford Forrest avait des principes élémentaires qui, transposés dans le domaine militaire, s’inscrivaient parfaitement dans le manuel des armées.

Par exemple, quand il disait : « Soyez en surnombre et arrivez les premiers » ; il voulait dire : « Passez par les lignes inférieures avec des forces plus importantes ! ».  

Il avait des principes simples.

Il disait aussi : « attaquez-les aux extrémités et entretenez la peur ! »

Ce sont tous d’excellents principes militaires que Forrest exprimait à sa manière. Au premier coup d’œil il savait comment exploiter le terrain à son avantage. Il avait un sens inné de la topographie en observant les positions de l’ennemi. Il savait exactement où frapper.

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.

BATAILLE DE BRICE’S CROSS ROAD

(10 juin1864)

Le 10 juin 1864 : bataille de Brice’s Crossroad (aussi appelée bataille de Tishomingo Creek et bataille de Guntown), à proximité de Baldwyn, Mississippi.

Victoire des forces confédérées commandées par le major général Nathan Bedford Forrest, faces aux troupes de l’Union placées sous les ordres du brigadier général Samuel Stugis (1822-1889).

Nathan Bedford Forrest ne cesse de harceler l’armée nordiste, volant les chevaux à l’ennemi, désorganisant l’approvisionnement, s’attaquant à des forces quatre fois plus nombreuses que les siennes, pour disparaître ensuite sans laisser de trace. En l’espace de 15 jours, Forrest a réussi à dérober 10 000 fusils à l’Union, à lui causer des dommages matériels d’une valeur totale de 3 millions de dollars et à isoler Ulysse Grant de sa base arrière, le forçant à battre en retraite.

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.

Au cours de la Campagne d’Atlanta, l’armée de Sherman progresse inexorablement vers son objectif. Mais cette avancée constante étire dangereusement ses lignes d’approvisionnement jusqu’à Nashville (capitale du Tennessee).

Sherman est de plus en plus soucieux des mouvements de l’« insolent » Nathan Bedford Forrest et de sa cavalerie. Si Forrest attaque ses lignes de ravitaillement, il risque de mettre en péril tous les efforts consentis pour accomplir sa Campagne.

A la fin mai, pour pallier cette désagréable éventualité, Sherman ordonne à Sturgis et à sa petite armée de 8000 hommes (4800 fantassins et 3300 cavaliers) de se mettre en route et d’entrer dans le Mississippi du Nord. Sturgis a des ordres stricts : maintenir éloignées le plus possible les forces confédérées de Forrest, et pourquoi pas détruire sa cavalerie (3500 cavaliers). Le 1er juin, Sturgis et son armée quittent Memphis, Tennessee.

La bataille débute le 10 juin à 10 heures 45. C’est une nouvelle victoire pour Forrest qui infligera de lourdes pertes aux troupes nordistes, et capturera plus de 1600 prisonniers de guerre, 18 pièces d’artillerie, et des wagons remplis de fournitures. 

A l’issue de la bataille les pertes des deux camps s’élèveront à :

Pour le Nord : 2240 hommes tués, blessés, disparus ou prisonniers.

Pour le Sud : 492 homme tués ou blessés.

Un lieu de mémoire

De nos jours, le site historique national de Brice’s Cross Roads, construit en 1929, commémore la bataille de Brice’s Crossroads. Il est considéré comme l’un des mieux conservés de la guerre de Sécession.

Au mois de juin 1864, alors qu’il tente de couper le ravitaillement de Sherman à Brice’s Cross Roads, près de Tupelo, dans le Mississippi, Forrest parvient même à se surpasser. L’armée fédérale qui vient à sa rencontre est presque trois fois supérieure à la sienne. Mais Forrest ne se laisse pas impressionner : il a la certitude que l’infanterie nordiste, ralentie par une marche forcée sur des routes boueuses et par la chaleur accablante, arrivera bien après la cavalerie, ce qui lui donnera le temps, selon ses propres paroles, de la « laminer ». Tout se déroulera comme il l’a prédit.  Il semble qu’aucune armée ne puisse l’arrêter. Forrest peut s’attaquer librement aux armées de Sherman et ralentir leur marche vers Atlanta. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

« Forrest doit être traqué et abattu, même si cela doit entraîner la mort de 10 000 soldats et conduire à la faillite le trésor fédéral ».

William Tecumseh Sherman

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.


SECONDE BATAILLE DE MEMPHIS

(21 août 1864)

Le 21 août 1864 : Seconde bataille de Memphis. Comté de Shelby, Tennessee.

Victoire des forces confédérées commandées par le major général Nathan Bedford Forrest, face aux troupes de l’Union constituant la garnison de Memphis sous les ordres de Cadwallader Colden Washburn (1818-1882).

Le 21 août 1864, à 4 heures du matin, Nathan Bedford Forrest exécute un raid de cavalerie risqué contre la garnison de Memphis (6000 hommes), dans le Tennessee.

Forrest frappe le nord-ouest de la ville avec ses 2000 cavaliers. On se bat dans les rues, et un général de l’Union, Cadwallader Colden Washburn, s’enfuit vers le fort Pickering en chemise de nuit. Cependant l’attaque sur la prison d’Irving Block échoue, et les hommes de Forrest ne peuvent libérer les prisonniers. Après deux heures de combat, Forrest décide de cesser le raid. Avant de se retirer, il fait couper les lignes télégraphiques, capture plus de 500 prisonniers, et s’empare d’une grande quantité de chevaux et de ravitaillement.

CAMPAGNE DE FRANKLIN-NASHVILLE

(Du 18 septembre au 27 décembre 1864)

Aussi connue sous le nom de campagne de Hood au Tennessee, la campagne de Franklin-Nashville est une suite d’affrontements et de combats qui se déroulèrent du 18 septembre au 27 décembre 1864. Ces batailles furent essentiellement livrées sur le théâtre occidental de la Guerre Civile, dans les États de l’Alabama, du Tennessee et dans le nord-ouest de la Géorgie. Cette campagne représente l’ultime offensive stratégique confédérée de la guerre.

Franklin-Nashville

Pendant cette campagne, l’armée du Tennessee (Confédérée), placée sous les ordres du lieutenant-général John Bell Hood, quitte Atlanta en Géorgie. Hood se dirige vers le nord pour menacer le centre du Tennessee, alors occupé par les troupes de l’Union, et les lignes de communication de William Tecumseh Sherman.

Sherman regagne aussitôt Atlanta pour se concentrer sur son objectif principal : la « Marche vers la mer ». Il laisse le commandement au major-général George H. Thomas pour combattre la menace que constitue l’armée confédérées de Hood.

NATHAN BEDFORD FORREST ET LA CAMPAGNE DE

FRANKLIN-NASHVILLE

&

LA BATAILLE DE JOHNSONVILLE

(Les 4 et 5 novembre 1864)

Les 4 et 5 novembre 1864 : bataille de Johnsonville. Comté de Benton, et d’Humphreys au Tennessee.

Bataille indécise entre les forces confédérées du lieutenant général Nathan Bedford Forrest et la garnison de Johnsonville, une base d’approvisionnement de l’Union.

Forrest, qui termine un raid de 23 jours à travers l’ouest du Tennessee, attaque et détruit de nombreux bateaux sur la rivière Tennessee, ainsi que des millions de dollars de fournitures. Sa manœuvre destructrice bouleverse les opérations logistiques du major général de l’Union George H. Thomas, à Nashville.

En effet, l’une des routes les plus exposées que les nordistes utilisent pour leur ravitaillement se situe sur la rivière Tennessee. L’approvisionnement qui arrive par le fleuve est déchargé à Johnsonville, puis acheminé par le train à Nashville. Toutes ces fournitures sont essentiellement destinées à l’armée du Cumberland, de George H. Thomas.

LA BATAILLE DE COLUMBIA

(Du 24 au 29 novembre 1864)

Du 24 au 29 novembre 1864 : bataille de Columbia. Comté de Maury, Tennessee.

Victoire des forces sudistes commandées par le général John Bell Hood, face à l’armée nordiste de John M. Schofield (1831-1906).

John M. Schofield

Cette bataille, qui entre dans le cadre de la campagne de Franklin-Nashville, se conclut par l’avancée de l’Armée du Tennessee confédérée de Hood, sur la rivière Tennessee, dans le nord de l’Alabama vers Columbia, dans le Tennessee, et à travers la rivière Duck.

Sherman, qui a choisi de commencer sa marche vers la mer d’Atlanta à Savannah, en Géorgie, cède le commandement de son armée au major général George H. Thomas (commandant de l’armée du Cumberland). Celui-ci a pour ordre de défendre le Tennessee et défaire Hood.

Forces principales de l’armée de George H. Thomas :

– Le IVème corps de l’armée du Cumberland, commandé par le major général David S. Stanley.

– Le XXIIIème corps de l’armée de l’Ohio, commandé par le major général John Schofield.

Les troupes de l’Union, sous les ordres du major général John M. Schofield, affrontent la cavalerie de Hood, commandée par le major général Nathan Bedford Forrest. A la suite des combats, Schofield se retire rapidement vers le nord à travers la rivière Duck, abandonnant la ville de Columbia. Hood poursuit l’invasion du Tennessee, et tente de surprendre l’armée en retraite de Schofield à Spring Hill.

L’ARMÉE DU TENNESSEE

L’Armée confédérée du Tennessee, « Army of Tennessee », est mise sur pied le 20 novembre 1862. Cette armée était alors la principale force sudiste située entre les Appalaches et le fleuve Mississippi, et tire son nom de l’Etat du Tennessee.     

 

 &

On ne doit pas faire la confusion avec l’Armée du Tennessee de l’Union (Army of the Tennessee), l’une des armées de l’Union qui opérait sur le théâtre Ouest de la guerre. Placée sous les ordres d’Ulysses S. Grant, celle-ci restera sous son commandement jusqu’à la victoire de Vicksburg, en 1863. Elle prend son nom de la rivière Tennessee, et évoluera sur le théâtre ouest du conflit. A sa création, elle comprend des divisions du district militaire de Cairo (Illinois), rattachées au « Department of Missouri ». Elle prendra successivement le nom d’ « Army of West Tennessee » pour devenir « Army of the Tennessee ». En 1864, l’armée passera sous le commandement de William T. Sherman ; elle sera dissoute le 1er août 1865.


LA BATAILLE DE SPRING HILL

(Le 29 novembre 1864)

Le 29 novembre 1864 : bataille de Spring Hill. Spring Hill,Tennessee.

Victoire de l’armée de l’Union commandée par le major général John M. Schofield, face aux forces confédérées du lieutenant général John Bell Hood.

L’armée du Tennessee confédérée, commandée par le lieutenant général John Bell Hood, attaque l’armée de l’Union sous les ordres du major général John M. Schofield qui est en train de retraiter de Columbia, vers Spring Hill.

Le 28 novembre, Hood envoie les trois divisions de cavalerie sous les ordres de Nathan Bedford Forrest à quelques kilomètres à l’est de Columbia où, après avoir franchi la rivière, elles se dirigent vers le nord.

Le 29 novembre, les escarmouches de cavalerie entre celle de l’Union du brigadier général James H. Wilson et celle des sudistes de Forrest se poursuivent tout au long de la journée.

A la suite d’une série d’erreur de commandement, les Confédérés ne parviennent pas à infliger de sérieux dommages aux Nordistes et ne peuvent pas empêcher leur fuite pendant la nuit, vers le nord de Franklin.

Ce n’est que dans la matinée du lendemain que Hood constate que Schofield s’est enfui. Après avoir fait retombé l’échec sur ses subalternes, au cours d’une réunion d’état-major animée, il ordonne à son armée de se lancer à la poursuite de l’ennemi.

Bataille de Spring Hill au soir

Le 30 novembre, à 6 heures du matin, toute l’armée de Schofield est bien au nord de Spring Hill et son avant-garde a atteint Franklin, où elle commence à ériger des fortifications au sud de la ville. Hood attaque les fortifications de Schofield :  la désastreuse bataille de Franklin causera de lourdes pertes confédérées.

De nombreuses questions ont interrogé les historiens sur la conduite de John Bell Hood au cours de cette campagne de Franklin-Nashville. L’une des plus plausibles est que le général était affaibli à cause du laudanum qu’il prenait pour tenter de soulager la douleur et l’irritation de sa jambe amputée. Ses longues chevauchées sur des routes humides et embourbées ne faisaient qu’accentuer sa souffrance.

LA BATAILLE DE FRANKLIN

(Le 30 novembre 1864)

Le 30 novembre 1864 : bataille de Franklin, ou seconde bataille de Franklin. Comté de Williamson, Tennessee

Victoire de l’armée de l’Union commandée par le major général John M. Schofield, face aux forces confédérées du lieutenant général John Bell Hood.

L’armée du Tennessee (sudiste), commandée par le général J. B. Hood, qui vient d’être défaite la veille à Spring Hill, attaque de front les positions fortifiées nordistes. L’assaut est meurtrier pour les Confédérés. Il ne donne aucun résultat et il se fait au prix de lourdes pertes (6 252 hommes sur les 20 000 ayant participé à l’assaut, 14 généraux et 55 commandants de régiments).

Cette défaite affaiblit l’armée sudiste et sera probablement une des causes de l’échec cuisant qui l’attend deux semaines plus tard, à la bataille de Nashville.

Cleburne à la bataille de Franklin

Le corps de cavalerie est commandé par le major général Nathan Bedford Forrest et regroupe 3 divisions : celles des brigadiers généraux James R. Chalmers, Abraham Buford, et William H. Jackson. Les actions de cavalerie vont se dérouler, Nathan Bedford Forrest en tête, sur la rive droite de la rivière Harpeth.

Franklin-Nashville

Forrest se place avec les divisions Buford et Jackson sur l’aile droite du dispositif sudiste, et la troisième division celle de Chalmers, sur l’aile gauche.

Assaut sudiste à la bataille de Franklin

Forrest avance et franchit la rivière au gué de Hughes Ford, 3 miles (4,8 km) en amont de Franklin. A 15 heures, le commandant de la cavalerie de l’Union, James H. Wilson, est informé du mouvement de Forrest. Il déplace aussitôt à sa rencontre la division de cavalerie de Hatch, il envoie aussi sur le flanc de Forrest la brigade Croxton, et garde en réserve la brigade du colonel Thomas J. Harrison.

Les deux camps combattent à pied. Les cavaliers de Forrest, pris de flanc par les soldats de Croxton (dont certains sont équipés de carabines Spencer à répétition), reculent et font retraite.

Depuis le début de la guerre, c’est la première fois, bien qu’étant en infériorité numérique, que la cavalerie nordiste prend le dessus sur les cavaliers confédérés de Forrest.

TROISIÈME BATAILLE DE MURFREESBORO

(Du 5 au 7 décembre 1864)

Du 5 au 7 décembre 1864 : troisième bataille de Murfreesboro, aussi connue sous les noms de bataille de Wilkinson Pike ou bataille des Cèdres. Comté de Rutherford, Tennessee.

La troisième bataille de Murfreesboro fait partie de la campagne de Franklin-Nashville.

Combats indécis entre les forces confédérées placées sous les ordres du major général Nathan Bedford Forrest, face à l’armée de l’Union commandée par le major général Lovell Harrison Rousseau.

3ème bataille de Murfreesboro

Malgré sa défaite à la bataille de Franklin le 30 novembre 1864, le général sudiste John Bell Hood, à la tête de son armée du Tennessee, se dirige en direction du nord vers Nashville. Il veut s’emparer de la ville et obliger ainsi Sherman à quitter la Géorgie. Son armée, affaiblie après les énormes pertes subies à la bataille de Franklin, poursuit inexorablement sa route vers Nashville.

La garnison de Murfreesboro (8000 hommes), située à 30 miles (48 km) au sud-est de Nashville, est placée sous les ordres du major général Lovell Harrison Rousseau (1818-1869).

Afin d’éviter que les troupes de l’Union ne puissent recevoir des renforts et du ravitaillement, John Bell Hood ordonne la destruction de la ligne de chemin de fer « Nashville & Chattanooga Railroad », ainsi que les dépôts des forces nordistes de Murfreesboro.

Pour exécuter cette mission, il détache une division d’infanterie, celle du major général William B. Bates (1826-1905). Elles s’ajoutent aux deux divisions de cavalerie opérant dans cette zone, placées sous le commandement du major général Nathan Bedford Forrest.

William B. Bates

Le 5 décembre au matin, Forrest se met en route pour Murfreesboro. Il divise ses forces en deux pour attaquer la ville de La Vergne (comté de Rutherford, Tennessee). Une partie de ses troupes doit attaquer le fort sur la colline ; l’autre, le « Blockhouse n° 4 ». Après avoir exigé leur capitulation Forrest, obtient la reddition des deux garnisons.

Nathan Bedford Forrest

Dans les alentours de La Vergne, la division de Bates fait sa jonction avec Forrest. Celui-ci se met en marche vers Murfreesboro et bouscule l’ennemi, qui se réfugie dans ses fortifications.

Le lendemain matin, le 6 décembre, Forrest ordonne à Bates de donner l’assaut. Le combat dure environ deux heures, puis la fusillade cesse ; les deux camps restent sur leurs positions.

Le 7 décembre, le major général Lovell Harrison Rousseau ordonne à deux brigades de charger les lignes sudistes. Après quelques échanges de tirs d’artillerie, les forces de Forrest encerclées rompent la ligne et reculent.

Forrest lance alors sa cavalerie sur le flanc de la ligne nordiste. Cette charge, qui subira la canonnade des artilleurs nordistes, s’avèrera nulle. Les Sudistes reculent, et les Nordistes rejoignent leurs positions défensives.

Nathan B. Forrest a cependant détruit des éléments de la ligne ferroviaire allant vers Nashville. Il a aussi détruit des postes fortifiés, des habitations et, dans l’ensemble, troublé les activités des forces nordistes dans ce secteur.

Le raid sur Murfreesboro n’apportera aucun avantage à l’armée de John Bell Hood. On note malgré tout qu’il empêchera Forrest d’être présent à la bataille de Nashville. Son absence notoire facilitera le travail des soldats de l’Union pour venir à bout de l’armée du Tennessee.

1865

BATAILLE DE SELMA

(Le 2 avril 1865)

Le 2 avril 1865 : bataille de Selma. Selma dans l’Alabama.

La bataille de Selma est un affrontement mineur de la fin de la Guerre Civile. Elle voit la victoire des forces de l’Union commandées le major-général James H. Wilson, face aux troupes confédérées du lieutenant-général Nathan Bedford Forrest.

Témoignage cité par Shelby Foote :

« La petite fille de Bedford Forrest a vécu ici à Memphis, elle nous a quittés récemment, mais j’ai pu faire sa connaissance. Une fois, elle m’a même permis d’agiter le sabre du général au-dessus de ma tête ; j’en garde un souvenir ému.

Un jour, je l’ai appelée, et je lui ai dit :

– Je considère que la guerre a produit deux véritables génies, votre grand-père et Abraham Lincoln.

Il y a eu un silence au bout du fil, et puis elle m’a répondu :

– M Lincoln n’a jamais été tenu en très haute estime dans notre famille.

Elle n’avait pas apprécié le fait que j’associe son grand-père à Abraham Lincoln, même au bout de toutes ces années. Les gens du Sud gardent un rapport étrange à cette guerre ».  

« La guerre de Sécession », de Ken Burns.


APRES LA GUERRE

En 1867, Forrest entre au Ku Klux Klan. Usant de l’intimidation, il prêche la violence lorsque c’est nécessaire. Il sera le Premier Grand sorcier du K. K. K.

En 1867, il devient président de la « Planters’ Insurance Company ». Celle-ci fera faillite un an plus tard.

En 1868, il retrouve sa citoyenneté américaine et obtient le pardon du président Andrew Johnson (1808-1875).

Président Andrew Johnson

Il prend ensuite la présidence de la compagnie de chemin de fer de Selma, Marion & Memphis Railroad. L’entreprise fait faillite et à la suite de cet échec, il en sortira presque ruiné.

En 1869, Forrest manifeste un grand mécontentement face au manque de discipline régnant au sein des divers groupes suprématistes blancs à travers le Sud.  Il publiera d’ailleurs une lettre ordonnant la dissolution de l’organisation et demandant la destruction de ses costumes ; il se retirera ensuite du K.K.K. Au cours des dernières années de sa vie, Forrest dénoncera publiquement la violence et le racisme du Klan.

En 1871, il est convoqué devant un comité du Congrès à propos des affaires du Ku Klux Klan. A cette occasion, Forrest nie toute implication active dans les affaires du Klan. Il déclare qu’il a mis en garde l’organisation pour son implication dans la violence et l’a enjointe à se dissoudre.

En 1875, sous l’influence de sa femme, il se fait baptiser et rejoint l’église presbytérienne. C’est à partir de cette époque que sa santé décline.

Il meurt le 29 octobre 1877 à Memphis.

En 1905, la ville de Memphis fait ériger une statue équestre dans un parc éponyme, le « Nathan Bedford Forrest Monument ».

En raison de son passé de marchand d’esclaves, de boucher de Fort Pillow et de son implication dans le Ku Klux Klan, un groupe d’Afro-Américains exige la destruction du monument.

Le 20 décembre 2017, la statue sera démontée sur décision du conseil municipal.

Un article du New York Times précise qu’alors que Lee est un exemple de « soldat courageux et de gentleman digne », Forrest personnifie le « voyou irréfléchi et l’assassin audacieux » du sud-ouest. Il précise aussi qu’il était « notoirement assoiffé de sang et rempli de vengeance ».

Sources :

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathan_Bedford_Forrest

https://en.m.wikipedia.org/wiki/Nathan_Bedford_Forrest

https://www.geni.com/people/Nathan-Forrest-CSA/6000000007167954829

https://www.wikitree.com/wiki/Forrest-448

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6 réponses

  1. autogeek78 dit :

    Cher(e) Jean-Marie Borghino,

    Je viens de lire votre article sur Nathan Bedford Forrest et je tenais à vous féliciter pour cette belle analyse. Vous avez réussi à nous faire découvrir un personnage historique fascinant et peu connu en France. Votre talent d’écrivain nous a transportés dans l’histoire de la Guerre de Sécession et de ses enjeux.

    Je suis particulièrement intéressé(e) par les détails que vous avez révélés sur la personnalité de Nathan Bedford Forrest et son rôle dans la guerre. J’aimerais en savoir plus sur ses tactiques de combat et sur les raisons qui l’ont poussé à rejoindre la cause sudiste.

    Merci encore pour cet article passionnant et j’espère que vous pourrez répondre à mes questions.

    Bien cordialement,

    Un(e) lecteur/trice attentif(ve)

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