La bataille d’Hastings

GUILLAUME LE CONQUÉRANT

Duché de Normandie

LA BATAILLE D’HASTINGS

Bataille d’Hasting

Ville d’Hastings

Lire :

Le château d’Hastings.

Chronologie de la vie de Guillaume le Conquérant.

Édouard le Confesseur.

Harold et le serment de Bayeux.

Harold II, couronné roi d’Angleterre.

Guillaume le Conquérant couronné roi d’Angleterre.

Tapisserie de Bayeux, la Bataille d’Hasting, charge de la cavalerie normande

La bataille d’Hastings s’est déroulée le 14 octobre 1066, à Battle, une petite ville située à une dizaine de kilomètres au nord de la ville d’Hastings, dans le Sussex de l’Est. Elle opposa le dernier roi anglo-saxon d’Angleterre, Harold Godwinson, au duc Guillaume de Normandie (surnommé le « Bâtard ») qui remporta une victoire décisive.

CONTEXTE

A la mort du roi d’Angleterre Édouard le Confesseur (le 5 janvier 1066), une crise de succession oppose plusieurs prétendants au trône. Dès le lendemain de la mort du roi, le 6 janvier 1066, Harold II, comte de Wessex, se fait couronner roi d’Angleterre. Et cela, au mépris de la promesse que le roi Edouard avait faite au duc Guillaume de lui céder son trône après sa mort.

Lire : Harold II, couronné roi d’Angleterre.

Le Roi Harold Godwinson

Harold avait lui-même prêté serment de fidélité à Guillaume en tant que son vassal. Il avait juré solennellement sur des reliques, celles des Saints de la cathédrale de Bayeux, et c’était une promesse sacrée.

A son corps défendant, il prétexte que les dernières volontés du roi avant sa mort étaient de lui confier les clés du royaume.

Lire : Harold et le serment de Bayeux.

Harold II prête serment de fidélité à Guillaume de Normandie.

Lorsque Édouard le Confesseur désigne le duc de Normandie comme son successeur, la rivalité entre l’aristocratie anglo-saxonne et normande va prendre une ampleur démesurée, et deux partis vont se former. D’un côté, les Normands, qui se rallient au choix du roi Édouard, et de l’autre, les Angles, les Saxons et les Danois, qui souhaitent rétablir la couronne dans leur lignée respective.

Pièce à l’effigie d’Hardrada

De son côté, le roi de Norvège Harald III Hardrada, ambitionne lui-aussi la couronne d’Angleterre. Il revendique un accord conclu entre son prédécesseur, Magnus Ier de Norvège dit « le Bon », et Hardeknut, le prédécesseur du roi Édouard le Confesseur. Cet accord stipulait que l’Angleterre et la Norvège reviendraient à l’autre, si l’un d’eux mourait sans descendance.

Harald III Hardrada sera battu par Harold II Godwinson le 25 septembre 1066, à la bataille de Stamford Bridge, dans le Yorkshire.

La bataille de Stamford Bridge

Pendant ce temps, le duc Guillaume a attendu des vents favorables, et d’avoir la voie libre pour traverser la Manche avec sa flotte. Il ignore tout de la défaite des Danois dans le nord du pays.

DES CONDITIONS MÉTÉO NÉFASTES… Ni les origines vikings des Normands, ni même leur expérience de marins accomplis, ne pourront apporter une solution propice à la situation. Tout au long du mois d’août, l’imposante armada, forte de huit cents navires, attend désespérément que les vents favorables du sud se lèvent. La flotte de Guillaume est bloquée ; elle attend de voir l’unique voile de ses bateaux se gonfler d’un souffle salvateur.

Bataille d’Hastings l’invasion par mer

Le duc Guillaume, n’ayant pas d’autres solution que de forcer le destin contraire à ses ambitions, abandonne en dernier ressort l’estuaire de la Dives, et se dirige vers le port de Saint-Valéry-sur-Somme. Le trajet s’avère ardu ; la flotte doit affronter une mer démontée et des vents contraires. Le transfert des troupes ne sera pas facile et l’opération aura un prix lourd à payer : la flotte va perdre en mer des hommes, des chevaux, et du ravitaillement. Il faudra attendre le 28 septembre pour que l’armée d’invasion de Guillaume de Normandie puisse traverser la Manche. La plus grande expédition amphibie mise sur pied depuis l’Antiquité débarque à Pevensey, dans le Sussex, au sud du pays.

Bataille d’Hastings l’invasion par mer

On note que  la « Mora », le plus beau navire de la flotte, a été construit et armé par Mathilde, l’épouse de Guillaume le « Bâtard ».

Immédiatement, dès qu’il prend connaissance du débarquement des Normands, Harold quitte le Yorkshire et se précipite à leur rencontre à marche forcée.

Le duc Guillaume sait que l’armée anglaise est partie vers le nord, à la rencontre d’Harald III Hardrada, et qu’elle est à plus de 350 km ; ce qui lui laisse tout le temps de s’organiser et de prendre position.

Aussitôt débarqué sur le sol anglais, à Pevensey, le duc de Normandie ordonne la construction de trois fortifications : Pevensey en septembre, celle d’Hastings peu de temps avant la bataille, et celle de Douvres.

Plan d’une motte castrale

Les Normands élèvent un remblai (ou motte) fait de terre et de sable de 6 mètres de haut, de 24 mètres de circonférence à la base, et de 12 mètres au sommet.

Motte castrale

Ils fortifient ce petit abri défensif en creusant un profond fossé à l’est. Puis ils dressent un des fortins en bois préfabriqués au-dessus de la motte, et l’entourent d’une cour fermée appelée « bailey » On peut voir encore aujourd’hui les vestiges de la motte et du fossé.

Au Moyen Âge, un castrum est un lieu d’habitat aristocratique et paysan, clos et fortifié. La motte castrale est le premier mode de protection par une enceinte, apparu au Xème siècle.

Motte castrale

Le castellum militaire est un fortin, généralement intégré dans le système de fortification du limes (systèmes de fortifications établis le long d’une frontière). Au Moyen Âge, le castellum c’est aussi le château central du castrum (village plus ou moins fortifié sur une hauteur, notamment dans la région du Languedoc).

Lire : le château d’Hastings.

L’ENJEU

Ils sont Bretons, Français, Flamands, et bien sûr Normands ; cette armée composite est de loin la plus nombreuse sur le champ de bataille.

Au lever du jour, le 14 octobre 1066, la longue file de soldats (4 kilomètres) forte de 7000 hommes se met en marche. Elle quitte le bord de mer, et se dirige vers le nord pour rejoindre les collines marécageuses de Battle Hill. Guillaume le « Bâtard » chevauche en tête de colonne. A ses côtés, l’étendard déployé du Saint Siège, « le vexillum Sancti Pietri », flotte au vent. Guillaume s’avance en terre anglo-saxonne, avec l’appui du pape Alexandre II et de l’Empereur Henri IV.

Pour lui, il ne fait aucun doute que ce n’est pas en conquérant qu’il foule le sol anglo-saxon pour affronter Harold, mais en héritier légitime ; le nouveau roi Harold n’est autre qu’un usurpateur. Il lui a volé la couronne que lui avait promise, en 1051, le roi d’Angleterre Édouard le Confesseur. Récupérer ce qui lui revient de droit, tel est l’enjeu de la bataille qui s’annonce.

PLAN DE LA BATAILLE

DES STRATÉGIES DIFFÉRENTES

Bataille d’Hastings

FORCES EN PRÉSENCES

Champ de bataille d’Hastings

POSITION DES ANGLO-SAXONS

Harold arrive dans la nuit du 13 au 14 octobre. Pour Guillaume, c’est une surprise ; il ne l’attendait pas si tôt. Les anglo-saxons occupent immédiatement les hauteurs de Senlac et privent leur ennemi du choix du terrain. Le duc de Normandie réussit, grâce à son service de renseignement et à la discipline de ses troupes, à empêcher un désastre prématuré.

FORCES ANGLO-SAXONNES

Sur la colline, l’armée d’Harold est composée de 8000 gens en armes. Au centre se trouvent les Housecarls, le corps d’élite de l’armée anglo-saxonne. Ils sont près de 2000. Ces farouches guerriers professionnels sont armés d’une épée et de la hache scandinave qui se manie avec les deux mains.

L’armure des Housecarls se compose d’un heaume conique, d’un haubert de mailles, et d’un bouclier en forme de losange ou de disque. Si la plupart sont équipés d’une hache danoise à deux mains, certains se battent à l’épée.

Derrière eux se déploie sur une dizaine de rangs la piétaille, environ 6000 fantassins.  Sur les ailes, on trouve le « fyrd », des hommes peu ou mal entraînés qui sont fidèles à leur roi.

Le fyrd est une milice d’hommes libres. Elle est recrutée dans les comtés à l’époque anglo-saxonne, et dans les premières décennies de la période anglo-normande de l’histoire de l’Angleterre. Le fyrd est levé pour deux mois maximum, sauf cas exceptionnels.

L’armée anglaise encaisse la charge de la cavalerie normande.

NB : les hommes du fyrd, qui ne sont pas des soldats professionnels, portent quant à eux des armures plus légères.

La tactique est simple : ce « mur de guerriers » doit résister, et tenir sa position tout en repoussant les charges normandes.

On note que l’armée anglaise n’est composée que de fantassins ; il n’y a pas de chevaux, ils sont absents de ce dispositif. Les anglo-saxons ne connaissent pas l’art équestre dans les batailles, et ils vont en subir les conséquences désastreuses.

Champ de bataille d’Hastings

COMMANDANTS

Harold Godwinson, ou Harold II. Il sera le dernier roi anglo-saxon d’Angleterre, du 6 janvier au 14 octobre 1066, date de sa mort à la bataille d’Hastings.

Gyrth Godwinson. C’est un noble anglais, né vers 1032 et mort au combat le 14 octobre 1066, à la bataille d’Hastings. Il est le frère d’Harold Godwinson.

Léofwine Godwinson. C’est un noble anglais né vers 1035 et tué le 14 octobre 1066 à la bataille d’Hastings. Il est le frère d’Harold Godwinson.

Armoiries d’Harold II de Wessex

POSITION DES NORMANDS

L’armée normande prend position au pied de la colline. Les dernières négociations entre les belligérants n’aboutissent pas, Harold rejetant toutes les propositions de Guillaume.

FORCES NORMANDES

L’armée de Guillaume est forte d’environ 7000 hommes. (Les deux armées sont à peu près égales et équivalentes en nombre). Elle est positionnée sur trois fronts : les Bretons à l’aile gauche, les Normands au centre, et les Français et les Flamands sur l’aile droite du dispositif.

A l’avant sont alignés mille archers, parés à décocher leurs flèches. La plupart ne sont pas vêtus d’armure.

A l’arrière, près de 4500 fantassins brandissent piques et javelots.

Enfin, plus de 2500 chevaliers sont prêts à charger.

Les soldats normands sont équipés de hauberts fendus afin d’avoir plus d’aisance pour monter à cheval. Ils descendent généralement jusqu’aux genoux, et certains ont des manches jusqu’à la hauteur des coudes. Les guerriers normands sont coiffés de casques coniques, munis d’une bande métallique sur le devant pour protéger le nez.

Bataille d’Hasting

La cavalerie et l’infanterie sont équipées de boucliers. Ceux des fantassins sont en bois, de forme circulaire, et munis de renforts en fer. Les cavaliers, eux, se protègent derrière des boucliers en forme d’amande, et brandissent des lances. Il est peu vraisemblable qu’ils aient eu à se servir de la lance couchée, plaquée sous le bras droit, une technique de combat récente pour l’époque (le champ de bataille d’Hastings ne se prêtant pas aux longues charges de cavalerie).

Les cavaliers et les fantassins sont également armés d’épées droites, longues, et à double tranchant. Certains cavaliers utilisent aussi probablement des masses d’armes plutôt que des épées. Certains sont munis d’arbalètes, des armes redoutables mais longues à recharger. Leur petit nombre ne permettra pas de réellement modifier le résultat de la bataille.

COMMANDANTS

Guillaume le Conquérant (appelé également Guillaume le « Bâtard » ou Guillaume de Normandie) est né à Falaise en 1027 ou 1028, et mort à Rouen le 9 septembre 1087.

Alain le Roux (né vers 1040-mort le 4 août 1093) fut un noble breton qui participa à la conquête normande de l’Angleterre. Il deviendra l’un des plus riches barons. Il est appelé le Roux à cause de la couleur de ses cheveux, et pour le distinguer de son neveu Alain le Noir.

Guillaume de Crépon, dit Fitz Osbern (né vers 1027-mort le 20 ou 21 février 1071), seigneur de Breteuil et de Cormeilles, est le 1er comte d’Hereford. Il fut l’un des plus proches compagnons de Guillaume le Conquérant. Il sera un important baron du royaume d’Angleterre.

Eustache II, dit aux « Grenons » (c’est-à-dire « aux longues moustaches »), meurt vers 1087. Il fut comte de Boulogne de 1047 à 1087, et comte de Lens à partir de 1054. Il sera lui aussi un important baron du royaume d’Angleterre.

DÉROULEMENT DE LA BATAILLE

Tapisserie de Bayeux, la Bataille d’Hastings, la cavalerie normande

Depuis son poste de commandement établi en arrière, sur les pentes de Telham Hill, le duc Guillaume ordonne le déclenchement des hostilités. Presque aussitôt, les archers s’avancent en bon ordre jusqu’à portée de tir, et décochent une pluie de flèches sur leur ennemi anglo-saxon. Mais en pure perte, car les anglo-saxons sont disposés en surplomb, et les projectiles perdent de leur précision. C’est alors au tour de l’infanterie lourde de s’engager dans le combat. Les fantassins bretons, non sans difficultés, essaient de grimper sur les pentes de Battle Hill. Ils sont aussitôt accueillis par une volée de projectiles divers (flèches, javelines, pierres tranchantes insérées dans des bâtons fendus…).

De leur côté, les Normands, ralentis par une pente beaucoup plus raide, marquent le pas. Les anglo-saxons en profitent pour entreprendre une manœuvre d’encerclement des bretons qui sont en déroute. Les Normands, constatant eux aussi que leur flanc est à découvert, reculent à leur tour. L’effet est communicatif au reste de l’armée de Guillaume et désorganise l’aile droite du dispositif normand.

Tapisserie de Bayeux, la Bataille d’Hastings

La bataille est mal engagée pour le duc de Normandie ; il doit réagir au plus vite et reprendre le contrôle de ses troupes. Dans un élan précipité et téméraire, il quitte son poste de commandement et se jette au milieu de la mêlée.

LA PUISSANTE CAVALERIE LOURDE NORMANDE LAMINE L’INFANTERIE

ANGLO-SAXONNE

Bataille d’Hastings

Mais son action téméraire va prendre une tournure fâcheuse : un javelot parti d’on ne sait où transperce mortellement son cheval. Privé de sa monture, le duc Guillaume est menacé et en danger. Aussitôt, une rumeur fulgurante se répand sur le champ de bataille. Partout, on crie : « Guillaume est mort ! Guillaume est mort ! », et c’est la déroute qui s’ensuit…

Harold se rend compte de la situation ; il veut profiter de ce changement inattendu qui est en train de tourner en sa faveur. L’ennemi est en pleine débandade. Alors, confiant dans sa bonne étoile, il ordonne une contre-attaque pour achever l’armée normande. Pour lui, la victoire lui tend les bras ! Une fraction de ses troupes abandonne ses positions de flanc de colline pour pourchasser les Normands et les Bretons. C’est une grossière erreur qui va s’avérer fatale !

Bataille d’Hastings chevaliers et archers normands

Entre-temps, Guillaume, qui a retrouvé une autre monture, relève son casque afin de découvrir son visage et de se faire reconnaître par tous. Puis il jette toute sa cavalerie dans la bataille. Elle va se montrer à la hauteur de l’enjeu. Les anglo-saxons contre-attaquent à leur tour, mais ils seront repoussés à plusieurs reprises.

Guillaume soulève son heaume pour montrer à ses soldats qu’il n’est pas mort.

Dans l’après-midi, la cavalerie normande est engagée en masse. A de nombreuses reprises, les Normands vont reculer sous la poussée anglo-saxonne. Et à chaque fois, la chevalerie fera volte-face et décimera ses poursuivants. La ruse s’avère payante ; en fin d’après-midi, les anglo-saxons accusent de lourdes pertes. Les compagnons de Guillaume parviennent à forcer le passage jusqu’au poste de commandement d’Harold, et le tuent.

A l’issue de cette glorieuse bataille, Guillaume n’est plus le « Bâtard » ; il est désormais le Conquérant. Il se fera couronner roi d’Angleterre le jour de Noël 1066, à l’abbaye de Westminster.

Tapisserie de Bayeux, la Bataille d’Hastings, couronnement de Guillaume de Normandie

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Des rois venus de France- Guillaume Ier le Conquérant).

Photos publiques Facebook

http://www.lafabuleuseepopee.com/guillaume-le-conquerant/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_le_Conqu%C3%A9rant

https://fr.wikipedia.org/wiki/Godwin_de_Wessex

https://fr.wikipedia.org/wiki/Harold_Godwinson

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_le_Confesseur

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Hastings

https://www.castlemaniac.com/bataille-hastings/

 

 

Donnez votre avis sur l'article

commentaire(s)

Ecrit par le .

Vous aimerez aussi...

1 réponse

  1. 29 décembre 2021

    […] Harold Godwinson, ou Harold II, est le dernier roi anglo-saxon d’Angleterre, de la maison des Godwin. Il naît vers 1022 dans le royaume de Wessex, et meurt le 14 octobre 1066 sur le champ de bataille d’Hastings. […]

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge