La bataille d’Eylau

aiglenLa bataille d’Eylau

(8 février 1807)

« La tragédie échauffe l’âme ; elle élève le cœur ; elle peut, elle doit créer des héros. »

Napoléon Bonaparte

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Napoleon dans la bataille d’Eylau


 Campagne de Pologne

Situation

La bataille se déroule dans le nord de la  Prusse-Orientale, à Bagrationovsk (actuelle enclave de Kaliningrad), à 20 km au sud-est de Königsberg.


Forces en présences

Empire français : 65 000 hommes sous le commandement de l’Empereur Napoléon 1er. L’artillerie dispose de 300 canons.

Pour les coalisés russo-prussiens : 70 000 hommes sous les ordres du général russe Levin August Compte von Bennigsen. L’artillerie est forte de 400 canons.

Bennigsen

Bennigsen

 


Contexte

Le 14 juin de l’année précédente, les Prussiens ont été écrasés aux batailles d’Iéna et d’Auerstaedt. Bennigsen, qui commande l’armée de soutien russe, se voit contraint d’attendre le renfort des troupes de Buxhovden et ceux de la Garde impériale russe. A la tête alors d’une puissante armée de 140 000 hommes, il se décide à passer à l’offensive. Contre toute attente celle-ci va se faire en plein hiver. Le 7 février, la veille de la bataille, un premier affrontement sur l’avant-garde russe se solde, dans les deux camps, par environ 4000 hommes, tués et blessés. Napoléon veut contraindre Bennigsen à se découvrir, pour livrer bataille avec le gros de son armée. Il se dirige donc vers Königsberg (Kaliningrad), importante base de ravitaillement de l’armée russe, et oblige son ennemi à se fixer sur un village du nom de Preussisch-Eylau. Le général russe a la ferme conviction de stopper l’avance des troupes françaises.


Déroulement de la bataille

Les deux armées n’ont pas encore réuni la totalité de leur effectif. Napoléon veut gagner du temps. Il n’a à sa disposition que 41 000 hommes à opposer aux 65 000 de la coalition. Se trouvant pour l’instant en infériorité numérique, il ne peut ralentir l’avancée des Russes qu’en lui opposant sa cavalerie. La bataille commence à 7 heures du matin. Les charges meurtrières vont se dérouler sous une tempête de neige épaisse et déroutante. La première échoue, et les pertes sont sévères. Trois colonnes russes déferlent sur les lignes françaises et menacent sérieusement de les franchir. Napoléon n’hésite pas et fait donner la Garde. Celle-ci, survoltée par la présence à ses côtés de son Empereur, se rue à la baïonnette sur l’ennemi et stoppe net sa progression. Puis c’est au tour de Murat avec ses 12 000 cavaliers de charger les colonnes russes, qui sont transpercées et sabrées. Cette action intrépide va permettre à Napoléon de sauvegarder le centre de son dispositif et de s’épargner une éventuelle défaite.

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Joachim Murat en grande tenue de maréchal d’Empire

Les deux armées vont successivement recevoir des renforts et poursuivre le combat jusqu’à épuisement de leurs forces. La bataille restera indécise toute la journée. C’est avec l’arrivée de la nuit, vers 10 heures du soir, que Bennigsen ordonne la retraite, et abandonne la partie en se repliant sur Königsberg. Napoléon reste maître du terrain, mais c’est une victoire dévastatrice ; les pertes dans les deux camps sont énormes.


Pertes

Pour les Français : 5800 morts dont 6 généraux, 25 000 blessés, et environ 1000 prisonniers.

Pour les coalisés russo-prussiens : 30 000 hommes mis hors de combat, 9000 morts et 21 000 blessés.


Conséquences

La bataille d’Eylau restera longtemps dans la mémoire collective comme une des plus meurtrières en termes de pertes humaines. L’expression de boucherie sera employée abondamment par les historiens qui ne tariront pas de qualificatifs, et compareront le champ de bataille à un cimetière. Napoléon lui-même, affligé par l’ampleur du désastre, restera huit jours sur place pour s’occuper de l’évacuation de ses blessés.  Il déclarera plus tard : « Cette boucherie passerait l’envie à tous les princes de la terre de faire la guerre. »

Il faudra attendre la victoire de Friedland (14 juin 1807) pour voir la guerre s’achever. Une paix incertaine sera conclue avec le sournois traité de Tilsit (7 juillet 1807).


Littérature

  • C’est à Eylau qu’Honoré de Balzac situera son personnage Le colonel Chabert (1835). Celui-ci y sera enterré vivant, à l’intérieur d’un charnier, sous un monticule de cadavres.
Balzac

Balzac

  • Victor Hugo dédiera à son oncle Louis-Joseph Hugo, capitaine au 55ème de ligne qui sera blessé au bras lors de la bataille, le poème Le Cimetière d’Eylau (28 février 1874) dans La Légende des siècles.
Victor_Hugo

Victor Hugo

aigle

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4 réponses

  1. Mercier dit :

    Eylau une victoire et un grand moment de silence

  1. 7 février 2015

    […] Bataille d’Eylau : 8 février 1807. […]

  2. 20 mars 2015

    […] Bataille d’Eylau : (8 février1807), la bataille se déroule dans le nord de la  Prusse-Orientale, à Bagrationovsk (actuelle enclave de Kaliningrad), à 20 km au sud-est de Königsberg. Victoire à la Pyrrhus de l’armée française, qui subit de lourdes pertes. Cette dernière, commandée par Napoléon 1er, bat les armées coalisées de l’Empire russe et du Royaume de Prusse, placées sous les ordres de Levin August Gottlieb Theophil (Leonty Leontievitch), comte von Bennigsen, du prince Piotr Ivanovitch Bagration et Anton Wilhelm von L’Estocq. […]

  3. 31 mai 2015

    […] 8 février 1807 : Bataille d’Eylau. La bataille se déroule dans le nord de la Prusse-Orientale, à Bagrationovsk (actuelle enclave de […]

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