La basilique de La Magione de Palerme

LES TÉMOINS DU PASSÉ

LA BASILIQUE DE LA « TRÈS SAINTE TRINITÉ

 DE LA MAGIONE », DE PALERME

Église de la Magione

CULTE : catholique du rite romain.

Rite romain :  rite solennel de l’Église de Rome, qui est devenu presque unique dans l’Église latine et donc majoritaire dans la totalité de l’Église catholique.

TYPE : basilique.

Basilique : Au sein de l’Église catholique romaine, on appelle basilique le titre honorifique accordé par le pape à une église vers laquelle se rendent en pèlerinage une multitude de fidèles. Accourant de toutes parts ils viennent pour honorer Jésus-Christ, la Vierge Marie, ou bien les reliques d’un saint spécialement vénéré.

RATTACHEMENT : archidiocèse de Palerme.

STYLE : normand.

FONDATION : origine probable XIIème siècle (1150). Sa fondation est liée au Chancelier du Royaume, Matthieu d’Ajello.

FIN DE CONSTRUCTION : 1191.

VILLE : Palerme.

Blason de la ville de Palerme

RÉGION : Sicile.

Drapeau de la Sicile

PAYS : Italie.

Drapeau de l’Italie

PRÉSENTATION

La basilique de la Très Sainte Trinité (en italien : Basilica della Santissima Trinità), communément appelée Basilica del Cancelliere, ou Basilica La Magione ou encore plus simplement La Magione, est une église normande de Palerme.

Certains écrits datent son origine probable aux années 1150. Achevée en 1191, elle a été construite dans le secteur d’une vieille mosquée. La Magione est la dernière des églises construites dans Palerme (la capitale du royaume normand de Sicile pendant la période de la dynastie des Hauteville).

HISTORIQUE

– 1191 : fondation de La Magione par le chancelier du royaume normand Matteo d’Aiello, successeur de Stefano di Perche, au service de Guglielmo II d’Altavilla. La basilique est annexée à l’abbaye de l’Ordre cistercien, et confiée aux disciples de Bernard de Clairvaux (les Cisterciens).

– En 1193, le prince Roger III de Sicile, fils et héritier du roi Tancrède de Sicile, y sera enterré.

– En 1194, Tancrède lui-même y sera enterré.

Tancrède de Sicile avec ses fils Roger et Williams

– Après la mort de Tancrède, le royaume est conquis par Henri VI (1165-1197), l’Empereur romain du Saint Empire, époux de Constance de Hauteville, fille du roi Roger II de Sicile.

Henri VI empereur du Saint Empire

– En 1197, l’église et ses fiefs monastiques seront confisqués aux Cisterciens par Henry VI car ceux-ci lui avaient été hostiles.

Armoiries de l’ordre Teutonique

Honorius III

Ils seront concédés à l’Ordre des Chevaliers Teutoniques, l’« Ordo hospitalis Sanctae Mariae theutonicorum Jerusalem ». La présence de ceux-ci assurera la protection du jeune roi Frédéric II (le fils et héritier d’Henry VI) durant sa minorité, pendant plus d’une décennie.

A la suite de nombreux dons, l’Ordre fera construire des dortoirs, une armurerie et des écuries, augmentant ainsi le prestige de la propriété.

 

Devenue la « Maison des Chevaliers Teutoniques » (elle le restera jusqu’en 1492), elle sera la demeure du précepteur général de l’Ordre.

– En décembre 1203, la rivalité entre Cisterciens et Teutoniques sur la possession des fiefs est résolue par Frédéric II de Souabe, qui reconnaît la propriété des lieux à ces derniers. Cette décision sera confirmée par une bulle pontificale du pape Honorius III.

Lire : Honorius III.

– En 1216, les Dominicains nouvellement arrivés à Palerme y sont accueillis et érigent la chapelle de la Vierge du Rosaire.

C’est au début du XIIIème siècle qu’apparut l’Ordre du Carmel, du nom d’une petite communauté d’ermites qui se réunissaient au mont Carmel, près de la frontière actuelle au bord de la mer, entre le Liban et Israël. Ils vivaient en suivant les préceptes de la Vierge Marie et du prophète Élie. Ils se vouaient à la prière, à la solitude et à la méditation de la Loi du Seigneur. Ils s’adonnaient aux travaux manuels et faisaient pénitence et acte de pauvreté.

En ces temps mouvementés des Croisades, ils quittèrent leur refuge, redoutant l’insécurité pour les Chrétiens en Terres Saintes. Ils émigrèrent dans leurs contrées d’origine : Sicile, Angleterre, Midi de la France, Italie, puis se propagèrent en Europe. De tels bouleversements apportèrent une sensible modification de leur existence. Ils se regroupèrent, abandonnant leur condition d’ermites pour fonder des Ordres Mendiants, dont les Franciscains et les Dominicains. Ils se réunirent dans les cités, se consacrant à la vie apostolique et contemplative, en suivant les enseignements de la Vierge Marie et du prophète Élie.

Lire : Dominique de Guzman.

– Avril 1221 : à ces possessions et concessions (privilèges des rois) sont intégrés les dépendances et les domaines de l’église de San Giovanni dei Lebbrosi, à Palerme.

L’église de San Giovanni dei Lebbrosi

– Le 4 avril 1463 a lieu la consécration solennelle de la basilique de La Magione, présidée par Simone Beccadelli, évêque de Bologne.

– En 1492, à la suite de changements politiques, l’église sera administrée par des abbés commendataires, dont le cardinal Rodrigo Borgia, futur pape Alexandre VI.

La commende : c’est l’usufruit d’un monastère, d’une église ou d’un évêché, accordé par le pape à un ecclésiastique ou à un laïc.

Innocent VIII

– En 1492, à la demande du pape Innocent VIII, le roi Ferdinand II d’Aragon retirera de Sicile l’Ordre Teutonique. Le site deviendra alors une résidence pour les prêtres et les abbés, sous l’administration de l’archevêque de Palerme.

Ferdinand II d’Aragon

– En 1780, l’édifice passera sous le contrôle direct du Bourbon de Naples.

– Le 30 mai 1787, Ferdinand III des Deux-Siciles le cèdera à l’Ordre Constantinien Sacré Militaire de Saint-Georges.

Ferdinand III de Bourbon

L’ordre sacré militaire constantinien de Saint-Georges est un ordre dynastique équestre. Ses origines remonteraient, selon une tradition légendaire, à l’empereur Constantin.

Ordre constantinien sacré militaire de Saint Georges

L’Ordre perdure dans la famille de Bourbon-Siciles depuis la réunification de l’Italie, en 1870. Il aurait été créé après la découverte de la Vraie Croix. Son but est « la glorification de la Croix, la propagation de la foi et la défense de la Sainte Église romaine ».

RESTAURATION

Au début du XIXème siècle, une première restauration est réalisée sous la direction de Giuseppe Patricolo. Elle a pour but de réhabiliter les lignes architecturales arabo-normandes d’origine. 

Au Moyen Age, cette zone au sud de la ville était occupée par des jardins et des vergers. L’enceinte sacrée subira plusieurs transformations au fil du temps. Le complexe sera agrandi au XVème siècle, et des chapelles latérales seront ouvertes.

En 1717 est édifié le portail baroque, et on érige une loggia de style néoclassique sur toute la façade. Celle-ci sera démolie pendant la restauration menée en 1920 par Francesco Valenti.

Portail baroque

Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux de restauration seront à nouveau réalisés, en raison des bombardements de 1943.

LA BASILIQUE DE LA MAGIONE

EXTÉRIEURS

LE JARDIN ET LE PORTAIL BAROQUE

Un jardin précède l’église ; on y accède par un portail baroque.

Ce portail arbore les statues de la Foi et de la Charité. Sur son tympan est serti un médaillon avec la Croix Constantinienne.

LES FAÇADES & L’ABSIDE

La façade latérale est caractérisée par trois portails en ogive aiguë ; les deux latéraux sont plus petits, renflés et encadrés par des bosses.

Façade extérieure

Au second degré, on observe une série de cinq « monophores », dont trois sont aveugles.

Le « monophore » est un type de fenêtre surmontée d’un arc avec une seule ouverture, généralement étroite.

Sur le fronton d’entrée qui ferme la façade, on trouve trois « monophores » ; celui du centre est placé dans l’axe principal formé avec le portail d’entrée de la basilique.

Le motif des monophores s’affiche sur les flancs latéraux et sur la paroi de l’abside. La partie centrale est dessinée par des arcs tressés bien saillants, tandis que sur les courbes secondaires ils sont à peine visibles.

La façade est caractérisée par l’influence islamique, comme toutes les œuvres arabo-normandes, avec par exemple les portes en ogives entourées de viroles.

L’INTÉRIEUR

LA NEF CENTRALE

L’intérieur est magistral et typiquement gothique. Sur la contre-façade, au-dessus de l’entrée, on découvre la mezzanine en bois où se situe l’orgue majestueux.

L’église s’affiche comme un exemple particulier d’art arabo-normand, avec ses fenêtres ogivales encastrées.

On distingue dans la nef six arcs en ogive, soutenus par de grandes colonnes, et la présence de trois absides. Différents accès piétonniers mènent vers le presbytère.

La basilique abrite de belles œuvres des XVème et XVIème siècles. Un tableau issu de La Magione est conservé dans le Musée Diocésain de Palerme.

NEF DE DROITE

– Une Pietà, sculpture en marbre, œuvre d’Archimède Campini de 1953.

– Un bénitier, ouvrage en marbre réalisé au XVIème siècle.

– Le Christ bénissant, une sculpture en marbre, œuvre de l’atelier des Gagini.

Christ bénissant

– Un triptyque, artefact en marbre blanc.

Les figures majeures représentent la Sainte Vierge à l’Enfant et Sainte Catherine d’Alexandrie, avec la roue dentée, symbole du martyre. Deux saints, vraisemblablement Saint Nicolas et Saint Bernard de Clairvaux ou Saint Dominique, se dressent sur les côtés. En haut, on distingue la représentation de l’Annonciation avec le Père, Marie et l’archange Gabriel.

Dans la prédelle, en bas, on découvre la Crucifixion : le Christ en croix flanqué par les Apôtres et les Saints. Elle constituait vraisemblablement la chapelle primitive du Rosaire construite par les Dominicains.

– La Chapelle de Santo Stefano, autel documenté avec peinture de Santo Stefano (Premier martyr).

NEF DE GAUCHE

– Une Croix en pierre du XVème siècle, représentant l’emblème des Chevaliers Teutoniques.

Croix en pierre

– Un sarcophage, monument funéraire de Francesco Perdicaro, œuvre de Vincenzo Gagini, datant du 9 décembre 1567. A l’intérieur du sarcophage a également été enseveli, selon la volonté précise du commanditaire, le corps de son épouse Éléonore.

– Une Vierge à l’Enfant, statue en marbre du XVIème siècle, de l’atelier des Gagini.

– Un portail qui date de la Renaissance mène à la sacristie. Il est attribué à Francesco Laurana.

L’ORATOIRE BAROQUE

L’oratoire baroque, derrière le baptistère, conserve un autel en marbre et un crucifix du XVIIème siècle.

Au XVIIIème siècle, la Congrégation du Très Saint Crucifié (dédiée aux pratiques de piété et d’assistance aux malades) reçut en dotation du cardinal Antonio Branciforte Colonna, un local dans le réfectoire primitif de La Magione.

Au fil du temps, de nombreuses fresques des médaillons se sont détériorées. On remarque :

– La décoration en stuc de la bande qui relie les murs avec la voûte en berceau, au-dessus du maître-autel, et la représentation de l’Esprit Saint avec des chérubins disposés sur un rayon.

– Deux angelots placés sur le rebord.

– Une fresque du XVème siècle (1472) représentant le portrait de Jésus Crucifié, avec la Vierge Marie et Saint Jean l’Évangéliste.

– L’autel en marbre qui accueille un Crucifix du XVIIème siècle ; sous la table, la châsse contenant le Christ mort.

– Un Cœur de Jésus qui domine la salle ; et une statue en plâtre représentant les pèlerins qui trouvèrent accueil et réconfort près de La Magione.

LE CLOÎTRE

Le cloître du côté nord conserve deux des arcades d’origine avec leurs élégantes colonnes. Une partie de la charpente en bois a été conservée, avec ses peintures et inscriptions islamiques.

Sources :

Mes photos

Photos publique Facebook

https://en.wikipedia.org/wiki/La_Magione,_Palermo

https://it.wikipedia.org/wiki/Basilica_della_Santissima_Trinit%C3%A0_del_Cancelliere

https://www.sicile-sicilia.net/autres-eglises-de-palerme#Sainte-Trinite_ou_Magione

 

 

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