La Croisade des Albigeois – Dominique de Guzman

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LA CROISADE DES ALBIGEOIS

(1208-1244)

 

DOMINIQUE DE GUZMAN

(1170-1221)

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GRANDES FIGURES DE LA CROISADE DES ALBIGEOIS

 

 

Albigeois : nom donné au 12ème siècle aux cathares du Languedoc.

 

PROLOGUE

Le Midi de la France en 1209, après la mort de Raymond V

LE CATHARISME, UNE MENACE POUR L’ÉGLISE ET POUR LE ROI

Vers le milieu du 12ème siècle, alors que l’Europe est dominée par une profonde et ardente foi catholique, le Midi toulousain est gagné par une hérésie toute aussi enflammée, le Catharisme. Cette nouvelle religion, qui apparaît vers le 12ème siècle dans les Balkans, s’appuie essentiellement sur une dualité. Ses disciples, « les Parfaits », croient en deux principes divins opposés : d’une part un monde spirituel avec un Dieu bon, celui de l’Évangile, et de l’autre un monde matériel et corrompu avec un prince du mal et des ténèbres, Dieu de l’Ancien Testament. Les valeurs morales et l’austérité de ses adeptes contrastent avec l’opulence et le relâchement des représentants de l’Église catholique. Les cathares rejettent les sacrements, les indulgences, le purgatoire et le culte des saints. Ils ne glorifient point le sacrifice de la croix, et ne reconnaissent pas le pape comme le successeur légal des apôtres. Refusant le concept de propriété et condamnant le serment, ils sont considérés comme subversifs par la société féodale et par la royauté. Les fondations du christianisme vont chanceler, au point de décider le pape Innocent III à déclarer les « Bons Hommes » et les « Bonnes Dames », hérétiques.

Arnaud Amaury

En France, lorsque les croyances cathares apparaissent, la chrétienté est partagée au sein de l’Église et une grande divergence d’idées demeure entre les Français du Nord et les gens du Midi. Alors que ceux du Nord admettent la foi catholique romaine, dans les régions du Sud l’on a adopté l’« arianisme » depuis les premières heures du christianisme. Cette disparité va opposer le Languedoc à l’autorité de Rome, et faire de lui un foyer où les hérésies et les schismes vont se développer sans contrainte.

C’est à Arius (256-336), théologien alexandrin, que l’on attribue au début du 4ème siècle le courant de pensée théologien, l’« arianisme ». Sa pensée assure que si Dieu est divin, son fils Jésus, lui, est avant tout un humain mais possède cependant une part de divinité. C’est en 325 que le Concile de Nicée, rassemblé par l’empereur Constantin, rejeta l’« arianisme » jugé hérétique.

 

Comté de Toulouse

L’ÉTINCELLE

C’est vers le début du 13ème siècle, en 1204, que le pape Innocent III demande au roi Philippe Auguste (Philippe II) de mener une croisade contre les hérétiques cathares du Languedoc. Pour mener à bien la lutte contre cette nouvelle religion qui fait vaciller les dogmes de l’église catholique, le pape nomme dans cette région les légats apostoliques Pierre de Castelnau et Arnaud Amaury. Le sud de la France va alors s’embraser dans une guerre fratricide, qui opposera ses habitants et ses seigneurs aux forces de l’Eglise Catholique qui ont pris la Croix. Plus connue sous le nom de Croisade des Albigeois, cette guerre dévastera le midi et durera plus de 30 ans. La région sera dévastée, pillée et ruinée. Les années de destructions et de combats vont plonger le pays dans la famine et l’appauvrissement. Avec autant de morts et de désolation, peut-on parler de génocide ? Même de nos jours, il est difficile de faire ressortir un véritable coupable de cette triste page de notre histoire.

Philippe II, Auguste

PREMIER APPEL A LA CROISADE

L’expédition porte officiellement le nom d’«Affaire de la Paix et de la Foi» (en latin, negotium pacis et fidei).

Innocent III promet les mêmes indulgences que pour un pèlerinage à Jérusalem. Philippe II refuse la proposition ; il est trop occupé dans son combat avec les Plantagenêt et ne prend pas part à la croisade contre l’hérésie cathare. Il préfère se tenir en retrait, ne voulant pas écorner son image en guerroyant contre des gens qui sont ses sujets. Il n’est pas d’accord avec le pape qui s’apprête à s’investir dans une affaire intérieure au pays, et il le lui fait savoir. Mais il accorde néanmoins sa bénédiction à ses vassaux et ne s’oppose pas à ce que l’abbé Guy des Vaux-de-Cernay recrute parmi les barons du nord.

Raymond VI de Toulouse

Le légat pontifical Pierre de Castelnau essaie alors de se tourner vers Raymond VI de Toulouse, afin que celui-ci prenne la tête d’une force armée destinée à soumettre l’hérésie cathare. Mais le comte de Toulouse, descendant du notoire Raymond IV de Saint-Gilles, chef de la Première Croisade en terre sainte, réfute l’offre du pape, arguant qu’il ne veut pas combattre ses propres sujets. Jugé trop complaisant envers les ennemis de l’Église, il sera excommunié. Fait inédit dans l’Histoire, pour la première fois une croisade est dirigée contre des disciples du Christ. Cet événement ne semble pas troubler les contemporains de cette époque ; il est vrai que l’hérésie cathare ne peut être tolérée.

Raymond IV de Toulouse

Le choix d’Innocent III va se porter sur Simon de Montfort, un petit seigneur d’Île-de-France. Ce dernier va mettre le Languedoc à feu et à sang.

Simon de Montfort

EVENEMENTS ANTÉRIEURS

– Avril 1202 : départ de Venise de la 4ème croisade.

– 12 avril 1204 : prise de Constantinople.

– Avril 1204 : fondation de l’Empire latin d’Orient.

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Prise de Constantinople

Quelques dates :

– 5 février 1205 : Folquet de Marseille (1155-1231)  devient évêque de Toulouse.

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Folquet de Marseille

Folquet de Marseille

– 1206 : Dominique de Guzman, futur « Saint Dominique » (né en 1170 à Caleruega, non loin de Silos en Castille, mort à Bologne le 6 août 1221) s’établit à Notre-Dame de Prouilhe, à Fangeaux, dont il deviendra le curé en 1214. Il ouvrira un refuge destiné à recevoir les femmes cathares après leur conversion.

Monastère de Prouille

C’est au début du XIIIème siècle qu’apparut l’Ordre du Carmel, du nom d’une petite communauté d’ermites qui se réunissaient au mont Carmel, près de la frontière actuelle au bord de la mer, entre le Liban et Israël. Ils vivaient en suivant les préceptes de la Vierge Marie et du prophète Élie. Ils se vouaient à la prière, à la solitude et à la méditation de la Loi du Seigneur. Ils s’adonnaient aux travaux manuels et faisaient pénitence et acte de pauvreté. En ces temps mouvementés des Croisades, ils quittèrent leur refuge, redoutant l’insécurité pour les Chrétiens en Terres Saintes. Ils émigrèrent dans leurs contrées d’origine : Sicile, Angleterre, Midi de la France, Italie, puis se propagèrent en Europe. De tels bouleversements apportèrent une sensible modification de leur existence. Ils se regroupèrent, abandonnant leur condition d’ermites pour fonder des Ordres Mendiants, dont les Franciscains et les Dominicains. Ils se réunirent dans les cités, se consacrant à la vie apostolique et contemplative, en suivant les enseignements de la Vierge Marie et du prophète Élie.

1207

– Printemps 1207 : lors d’une rencontre avec des Cathares, Dominique parvient à les convertir.

– 29 mai 1207 : Accusé d’être complaisant à l’égard des Cathares, Raymond VI de Toulouse est excommunié par Pierre de Castelnau, légat du pape Innocent III ; ce dernier jette l’interdit sur ses terres.

Innocent III

– mai 1207 : Innocent III confirme par lettre la sentence d’excommunication de Raymond VI de Toulouse.

LA CROISADE DES BARONS DU NORD

1208

– janvier : Raymond VI requiert vainement le pardon de l’Église.

– 14 janvier : alors qu’il traverse le Rhône près de Saint-Gilles, à Trinquetailles, le légat Pierre de Castelnau est assassiné par un homme à la solde du comte de Toulouse. Cet événement est considéré comme le déclencheur de la Croisade des Albigeois.

– 10 mars : Pierre de Castelnau est canonisé. (Bulle d’Innocent III contre les assassins de Pierre de Castelnau). Toutes les tentatives du pape pour ramener les hérétiques au sein de l’Eglise catholique ont échoué. A la cour de France comme à Rome, on est décidé à mettre un terme aux ambitions d’indépendance du Languedoc.

Pierre de Castelnau

 

Déclaré martyr par Innocent IV, puis béatifié, Pierre de Castelnau est célébré le 15 janvier dans les diocèses de Carcassonne et de Nîmes.

 

 LES CROISES SUR LES ROUTES DU LANGUEDOC

Trois grands suzerains féodaux règnent alors sur le Languedoc : Pierre II d’Aragon, qui est aussi comte de Barcelone, de Gévaudan, de Roussillon, et seigneur de Montpellier, Raymond VI, comte de Toulouse, et Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers, de Carcassonne et d’Albi. En 1202, la sœur du roi Pierre d’Aragon, Eléonore d’Aragon, épouse le comte de Toulouse. Par ce mariage, les deux seigneurs deviennent beaux-frères.

 

RUINE ET DÉVASTATION DU MIDI

1209

– 22 juillet : prise de Béziers. La population est massacrée. On dénombrera entre 20 000 et 30 000 morts.

« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », telles auraient été les paroles du chef de la croisade Arnaud Amaury (ou Arnaud Amalric), légat pontifical et abbé de Cîteaux lors de la prise de la ville de Béziers, le 22 juillet 1209. Selon le moine chroniqueur Cistercien Césaire de Heisterbach, qui fit un récit de cette croisade soixante ans plus tard, cette phrase aurait été lancée par le légat sous les remparts de la ville. L’ordre fut fidèlement exécuté et 30 000 personnes, hommes, femmes et enfants, furent massacrés. Le récit du moine allemand n’ayant été confirmé par aucun témoin contemporain, il y a tout lieu de penser que ces paroles, d’un humour très noir, ne furent jamais prononcées.

– 1er août : début du siège de Carcassonne. Tentative de médiation, sans succès, de Pierre d’Aragon entre Raimond-Roger Trencavel et les croisés d’Arnaud Amaury.

Carcassonne

– 15 août : capitulation de Carcassonne privée d’eau. Raimond-Roger Trencavel est fait prisonnier, et enfermé dans une de ses propres basses-fosses.

Reddition de Carcassonne

– fin août : à l’instigation d’Arnaud Amaury, Simon de Montfort prend la tête de la croisade. Il  devient le nouveau vicomte de Carcassonne, Béziers, Albi et Razès.

Arnaud Amaury

– 10 novembre : Raymond-Roger Trencavel meurt au fond de son cachot, probablement de  soif et de dysenterie (Simon de Montfort sera accusé plus tard de l’avoir fait empoisonner).

1210

En 1210, Innocent III donne son approbation à Saint François d’Assise pour la création de l’ordre des « frères mineurs ». Cette fondation sera une des rares satisfactions de son règne.

Saint François d’Assise

1212

Guy des Vaux de Cernay devient évêque de Carcassonne.

– Arrivée dans le Languedoc de Pierre des Vaux de Cernay (chroniqueur de la Croisade des Albigeois). Il a participé à la 4ème croisade (1202-1204) ; il est le neveu de Guy des Vaux de Cernay.

– Retour d’Arnaud Amaury comme archevêque de Narbonne.

– A Pamiers, Montfort décrète l’abrogation des coutumes du pays d’oc au profit de celles du nord de la France.

– Décembre à Pamiers : Simon IV de Montfort fait rédiger une charte, « les statuts de Pamiers ». C’est une abrogation des coutumes civiles et religieuses des régions annexées dans le Midi, au profit de celles du  nord de la France.

1215

– 8 janvier : le Concile de Montpellier attribue provisoirement les biens de Raymond VI de Toulouse à Simon IV de Montfort.

Dominique de Guzman, futur « Saint Dominique », chargé par le pape d’extirper définitivement l’hérésie cathare, fonde l’Ordre des dominicains.

Saint Dominique

– Toulouse accueille le premier contingent de frères prêcheurs, fondé par le futur Saint Dominique.

– 11 novembre : ouverture du 4ème Concile de Latran.

– Appel du pape à la 5ème croisade vers l’Égypte (1217-1221).

– 30 novembre : clôture du 4ème Concile de Latran.

4ème Concile de Latran (Innocent III)

 

– 15 décembre : à l’issue du Concile de Latran, le pape Innocent III lègue définitivement le comté de Toulouse, le duché de Narbonne, les vicomtés de Carcassonne et de Béziers à Simon IV de Montfort. Le marquisat de Provence est donné à Raymond VII de Toulouse, le fils de Raymond VI de Toulouse.

 

Le 4ème Concile du Latran (du 11 au 30 novembre 1215). Sur l’initiative du pape Innocent III, le 4ème Concile du Latran est considéré comme le plus important concile du Moyen Âge. Durant trois semaines, il va statuer sur les principes fondamentaux de l’église catholique et restaurer les mœurs en Occident. Les dogmes (expressions de la foi proclamées solennellement par l’Église) seront abordés par le pape, ainsi que les sacrements, la réforme de l’Église, la conduite des prêtres et des fidèles, la croisade, le statut des juifs et des homosexuels.

 

1221

– 6 août : mort de Dominique de Guzman (Saint Dominique).

Autodafé présidé par Dominique de Guzman

 

 

Dominique de Guzmán

(1170-1221)

 

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FAMILLE

Domingo de Guzman, castillan,  est issu de la vieille famille espagnole des Guzman.

ORIGINES ET JEUNESSE

Dominique de Guzman, futur « Saint Dominique », naît en 1170 à Caleruega, non loin de Silos en Castille, dans la province de Burgos et meurt à Bologne le 6 août 1221.

Saint Dominique

Dès son plus jeune âge, il va se montrer d’une dévotion irréprochable. En 1198, il commence à voyager. Il devient chanoine régulier du chapitre réformé de l’évêque d’Osma, Diego d’Azevedo. Vers 1203-1204, il accompagne ce dernier dans une mission auprès du roi de France, et c’est lorsqu’il traverse le Languedoc qu’il constate avec stupeur la poussée de l’hérésie cathare.  Dès lors il n’aura de cesse de la combattre.

Dominique de Guzman

LUTTE CONTRE L’HÉRÉSIE CATHARE

Dès 1206, avec l’autorisation du pape Innocent III, Dominique de Guzman va entreprendre la conversion des hérétiques par l’exemple et la parole. Après avoir mesuré et étudié les causes de cette croyance, il commence à prêcher la conversion à la religion romaine. Pour se faire, il parcourt le Languedoc, et mène une vie pauvre et irréprochable. Il y obtiendra de faibles avantages.

Nonobstant, en 1206, à Fangeaux, au beau milieu des bastions cathares, Dominique de Guzman fonde le monastère de Notre-Dame de Prouilhe (c’était à l’origine un couvent de femmes), dont il deviendra le curé en 1214. Il y ouvrira un refuge destiné à recevoir les dames cathares après leur conversion.

En 1215, Innocent III, préférant les méthodes de Dominique, soutiendra les actions des ordres mendiants tels que Dominicains et Franciscains, convaincu de leur efficacité en opposition à la violence des armées. Chargé par le pape d’extirper définitivement l’hérésie cathare, Dominique de Guzman fonde l’Ordre des Dominicains auquel sera confiée, plus tard, la charge de l’Inquisition.

inquisition contre les Cathares

Lors de la Croisade contre les Albigeois, à laquelle il ne prendra aucune part, Dominique de Guzman poursuivra, envers et contre tout, ses prédications au milieu d’obstacles et de dangers stupéfiants.

Durant l’année 1215, avec l’accord de l’évêque de Toulouse, la ville accueille le premier contingent de missionnaires, point de départ de l’ « Ordre des Frères Prêcheurs »fondé par le futur Saint Dominique.

En 1216, il se rend à Rome et obtient du pape l’officialisation de l’Ordre. Il poursuivra sa mission de prédicateur en France et en Espagne jusqu’à sa mort, en 1221.

Dominique de Guzman sera canonisé en 1234.

 

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1 réponse

  1. 14 février 2024

    […] fut bâti par l’Ordre des Prêcheurs, un ordre mendiant fondée en 1215 à Toulouse par Dominique de Guzmán, le futur saint Dominique (ceci afin de prôner l’Évangile et de lutter contre […]

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