Bernard Palissy découvre la recette de l’émail blanc

CHRONIQUES MÉDIÉVALES

Musée Dupuy-Mestreau, buste de Bernard Palissy

BERNARD PALISSY DÉCOUVRE

LA RECETTE DE L’ÉMAIL BLANC

Bernard Palissy

NAISSANCE

Bernard Palissy naît à Saint-Avit (village de Lacapelle-Biron) vers 1510 et meurt à Paris (à la Bastille) en 1589 ou 1590. C’est un potier, émailleur, peintre, artisan verrier, écrivain et savant français. Il appartient à l’École française de la Renaissance.

Blason de Lacapelle Biron (Lot-et-Garonne)

On peut admirer une grande partie de son œuvre au Musée National de la Renaissance du château d’Écouen.

LOCALISATION

Lacapelle-Biron est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de Lot-et-Garonne, en région Nouvelle-Aquitaine. Ses habitants sont appelés les Capelains et Capelaines.

Blason du département du Lot-et-Garonne

JEUNESSE

Bernard Palissy, autodidacte, issu d’une famille modeste (son père était peintre sur verre), se vante de ne parler « ni grec, ni latin ». Il apprend le métier de son père, et décide de voyager.

On sait peu de choses sur sa jeunesse. Il fait son apprentissage de peintre-verrier à Saintes, où il s’établit après avoir accompli le traditionnel tour de France des compagnons. C’est ce qui lui permet de se perfectionner et surtout d’observer la nature qui le passionne.

En 1539, il s’installe à Saintes et se marie (il aura de nombreux enfants).

Pour permettre à sa nombreuse famille de vivre, il exerce en parallèle le métier d’arpenteur-géomètre. En sillonnant les marais salants de Saintonge, il en profite pour examiner la faune aquatique, dont il s’inspirera pour l’ornementation de ses plats (figulines).

Figulines : poteries émaillées de Bernard Palissy, ornées d’animaux et de plantes moulés au naturel sur des plats et des vases et recouvertes de glaçures brillantes.

Bassin rustique », musée du Louvre, Paris. Une pièce semblable est conservée au château d’Écouen.

Bassins rustiques : grands plats ornés d’animaux ou de coquillages en relief : un lièvre qui gambade, une écrevisse qui étend ses longues pattes, un lézard qui se tortille …

SA VIE

La même année, il délaisse le verre pour la poterie. Bernard n’a que 29 ans lorsqu’il découvre une coupe en émail qui va chambouler le reste sa vie. C’est à partir de ce moment que débutent

Estampe japonaise qui dépeint la scène où Palissy fut contraint de brûler ses meubles.

ses recherches pour découvrir la formule qui va lui permettre de réaliser ses chefs-d’œuvre.

Sa situation est modeste, et c’est « avec les dents », d’après sa propre expression, qu’il va s’acharner à mettre au point la recette de fabrication de l’émail blanc. Après de longues années de recherches, de multiples essais et expérimentations, Bernard va finalement accomplir le rêve de sa vie ; mais non sans avoir, pour arriver à ses

Square Félix-Desruelles, La statue de Bernard Palissy

fins, brûlé tous les meubles et le plancher de sa maison pour alimenter son four.

En 1546, il se convertit au protestantisme.

A partir de 1555, Bernard, qui a acquis la maîtrise des émaux, commence à produire la célèbre vaisselle qui va faire sa renommée.

En 1559, l’édit contre les Protestants, signé à Écouen par Henri II, le conduit en prison à Saintes.

Bernard Palissy

En 1563, il est transféré à Bordeaux et son atelier est profané. Bernard est épargné de la prison grâce à son protecteur, le Connétable de Montmorency. Celui-ci sollicite rapidement une supplique à la reine-mère, et obtient du roi la liberté de Palissy.

À partir de fin 1566, il se trouve à Paris où il travaille à la réalisation d’une « grotte rustique », d’abord pour le Connétable, puis par la suite pour Catherine de Médicis, aux Tuileries.

Il est assisté dans son œuvre par deux de ses fils.

Bernard bénéficie de la protection royale. C’est ce qui va lui permettre, en 1572, d’échapper au grand massacre des protestants de la Saint-Barthélemy.

Atelier de céramiste

Forcé de quitter Paris, il trouve refuge à Sedan. Il revient bientôt dans la capitale et donne des cours publics d’histoire naturelle, qui attirent savants et érudits.

En décembre 1586, il est de nouveau arrêté comme huguenot sur ordre de la Ligue, et condamné au bannissement en juin 1587 ; mais il reste à Paris.

En mai 1588, sommé de se convertir, le vieil homme refuse de se plier. Il est arrêté à nouveau, et condamné à mort. En appel, il voit sa peine commuée en prison à vie. Il est écroué d’abord à la Conciergerie, puis à la Bastille, où il mourra en 1589 ou 1590, vraisemblablement victime de la faim, du froid, et des mauvais traitements.

BERNARD PALISSY LE CÉRAMISTE

Au Moyen Âge, la céramique utilisée est la poterie. Pour rendre imperméable la terre poreuse employée, on la recouvre d’une couche de glaçure.

Glaçure : enduit siliceux qui donne à certaines matières un aspect vitrifié ou glacé.

Cette matière transparente, qui s’apparente à de l’émail, contient de l’oxyde de plomb et permet de fixer les couleurs.

Alors que l’Europe se satisfait de ces poteries, les Arabes, eux, essaient de trouver une céramique à surface blanche. Ils finissent par la mettre au point en mélangeant à la silice et au plomb de l’oxyde d’étain. L’émail ainsi obtenu est opaque et blanc ; on dit de cet émail qu’il est « émail stannifère ».

Cette combinaison nommée « faïence » est importée d’Italie via l’île de Majorque ; elle va bouleverser le monde occidental de la céramique. Ce sont des Italiens, venus travailler à Lyon, Nevers et Paris, qui vont la transmettre aux Français.

Bernard Palissy, autodidacte inspiré, va, tel un alchimiste, tenter tout au long de sa vie de reconstituer en solitaire le procédé de la maîtrise des émaux.

BERNARD PALISSY, L’ARDENT TRAVAILLEUR…

Buste de Bernard Palissy de J. Guisepe Devers, 1866.

En 1538, Bernard Palissy s’établit à Saintes comme peintre-verrier. Il va y travailler fougueusement, dans des conditions difficiles et miséreuses.

Bernard Palissy écrira plus tard : « sache qu’il y a vingt-cinq ans passés, il me fut montré une coupe de terre tournée et émaillée d’une telle beauté, que dès lors j’entrais en dispute avec ma propre pensée… Et dès lors sans égard que je n’avais nulle connaissance des terres argileuses, je me mis à chercher les émaux comme un homme qui tâte les ténèbres…Je ne cherchais autre que le blanc, parce que j’ai ouy dire que le blanc est le fondement de tous les autres émaux… j’étais tous les jours à piler toutes les matières que je pouvais penser qui pourraient faire quelque chose et broyer de nouvelles matières et construire de nouveaux fours avec grande dépense d’argent, et consommation de bois et de temps ».

Puis vient le jour où, enfin, le blanc apparaît sur un tesson. Mais comme par malchance, Bernard n’en a pas répertorié les mesures et les dosages. Il lui faut recommencer. Toutefois il touche au but, et le résultat ne se fait pas attendre. Une fois la recette acquise, il doit maintenant maîtriser la cuisson.

Toutes ces années passées à chercher lui ont appris à tirer une leçon de chaque échec, trouver le remède, et parvenir enfin à la perfection. Mais à quel prix ?

Il racontera plus tard : « Je fus contraint de brusler les étapes qui soutenaient les treilles de mon jardin, lesquelles étant bruslées, je fus contraint de brusler les tables et le plancher de la maison ».

Les autres artistes utilisent, à l’instar des Italiens, l’émail blanc comme support au décor peint et ensuite recuit. Contrairement à eux, les œuvres caractéristiques de Palissy présentent un décor moulé en relief sur lequel sont appliqués des émaux.

Vers 1550, ses œuvres commencent enfin à être lucratives ; il peut désormais vivre de son travail de création de « vaisseaux de divers esmaux entremeslés ». La parfaite finition de ses émaux leur confère un aspect de jaspe ou de marbre inégalable.

Bientôt, il commence ses premiers « bassins rustiques » ; c’est un immense succès. Pour les réaliser, il moule des éléments naturels (poissons, reptiles, insectes de toutes variétés) et, pour obtenir un relief sur fond en trompe l’œil, des feuillages et des galets.

ANNE DE MONTMORENCY, UN GÉNÉREUX MÉCÈNE

Anne de Montmorency, portrait par Léonard Limosin (1556), émail conservé au musée du Louvre, Paris.

Bernard de Palissy a maintenant une affaire florissante, et les commandes affluent. C’est alors que le connétable Anne de Montmorency lui passe une commande somptueuse : il lui demande de décorer la grotte de son château d’Ecouen. Mais le travail ne sera jamais terminé ; entretemps, converti au protestantisme, Bernard Palissy est arrêté et condamné pour hérésie. Son atelier est dévasté et pillé.

Anne de Montmorency va protéger Palissy jusqu’à sa mort, en 1567, en lui accordant le brevet « d’inventeur des rustiques figulines du roi ».

En 1564, Bernard de Palissy rencontre Catherine de Médicis. Conquise par le travail du célèbre verrier céramiste, elle lui commande deux ans plus tard une grotte pour son château des Tuileries. Et c’est grâce à la protection de cette grande dame de son époque qu’il échappe au massacre de la Saint Barthélémy. Cependant, il s’enfuit et se réfugie à Sedan.

Bernard Palissy, fragment de la Grotte des Tuileries.

Vers 1575, il est de retour dans la capitale. Il se désintéresse peu à peu de la poterie pour se consacrer à l’histoire naturelle, et donner des conférences. C’est à ce moment qu’il écrit son « discours admirable de la Nature, des eaux tant naturelles qu’artificielles, des métaux, des sels, des salines, des pierres, du feu et des émaux » où il y raconte ses succès et ses échecs.

En 1589, il est de nouveau emprisonné à la Bastille, pour refus d’abjurer la religion protestante. Il va commencer une grève de la faim qui lui sera fatale.

PALISSY POUR L’ÉTERNITÉ…

Statue de Bernard Palissy sur le square face à l’église Saint Germain des Prés

Au début du XVIIème siècle, des fouilles entreprises au Carrousel du Louvre, sur le site même du château des Tuileries, ont mis au jour de nombreux débris de céramique. Une certaine quantité de matériel de fabrication a été trouvée, attestant les qualités d’érudit et d’expérimentateur de l’illustre Bernard Palissy.

Au XVIIIème siècle, les scientifiques ont délibérément reconnu le célèbre céramiste comme savant et humaniste.

Ainsi en 1772, le grand naturaliste Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) dit : « Un potier de terre qui ne savait ni le latin ni le grec, fut le premier, qui osa dire dans Paris et à la face de tous les docteurs que les coquilles fossiles étaient de véritables coquilles déposées autrefois dans la mer… que des animaux et surtout des poissons, avaient donné aux pierres toutes leurs différentes figures… C’est Bernard Palissy, Saintongeais, aussi grand physicien que la Nature seule puisse en former un ».

Cependant son système a duré plus de cent ans, et le nom de l’Auteur est presque mort… » Palissy n’affirmait-il pas : « J’aime mieux dire la vérité en mon langage rustique, que mensonge en langage théorique. »

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Palissy

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Bernard_Palissy/136853

 

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