791, Charlemagne à la conquête des Avars

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

791, CHARLEMAGNE A LA CONQUÊTE DES AVARS

Victoire de Charlemagne sur les Avars

Armoiries imaginaires attribuées à Charlemagne telles qu’on peut les voir dans Les écus armoriés des Neuf Preux. Paris, Bibliothèque nationale de France

LES AVARS

Les Avars (ou Avares) étaient une union de plusieurs alliances de nomades eurasiens (parfois désignés de « turco-mongols », et issus de la confédération des « Ruanruan »), qui menaçaient la Chine au IIIème siècle. Ils se sont ensuite établis en Europe centrale sous l’impulsion de leur « khagan », Bayan Ier, et ont dominé une partie de l’Europe orientale entre les années 560 et 800.

Khagan est un titre signifiant « Khan des khans » ou « Grand Khan », c’est-à-dire empereur, dans les langues mongoles, toungouses et turques. Ce titre fut utilisé par différents empereurs des steppes, notamment par exemple par Attila au Vème siècle, mais aussi par Gengis Khan (Tchingis Khagan) au début du XIIIème siècle.

Les Avars, ce peuple barbare (individus qui, durant l’Antiquité, ne parlent ni Grec ni Latin) originaires d’Asie centrale, lancent des incursions dévastatrices vers l’Ouest et le Sud de l’Europe, notamment vers le royaume franc. C’est contre ces pillards résolus que Charlemagne va entreprendre, en 791, une première guerre de conquête.

SOMMAIRE

Au VIème siècle, ce peuple de cavaliers d’ascendance turcophone avait, avec l’aide des Lombards, anéanti les Gépides (peuple germanique proche des Goths). Il s’était depuis lors établi dans le bassin du Moyen-Danube, d’où il harcelait, avec ses vassaux Slaves, à la fois l’Empire byzantin et la Bavière.

En 791, avec l’aide de son fils Pépin d’Italie, Charlemagne lance contre les Avars une première offensive.

Pépin d’Italie

En 795, il s’empare de leur camp retranché, le « Ring avar », ainsi que d’un trésor considérable, résultat de plusieurs dizaines d’années de pillages et de rapines.

En 805, les derniers Avars insoumis sont définitivement conquis.

Pannonie

Lors de ces campagnes d’extermination, les Avars sont massacrés au point de disparaître en tant que peuple ; un quasi génocide…. L’opération terminée, Charles, pour parer à de nouvelles offensives, convertit la Pannonie (peuplée de Slaves, notamment Carantanes) en une « marche » ; c’est-à-dire un territoire tampon soumis à une administration militaire. C’est la « marche » orientale (marca orientalis).

Les chroniqueurs francs de l’époque désignent les Avars comme un peuple guerrier et païen apparenté aux Uns. Les Avars sont installés depuis le VIème siècle dans la plaine d’Europe centrale, l’actuelle Hongrie (traversée par le Raab et le Danube moyen).

Le Raab : rivière coulant dans la partie Sud-Est de l’Autriche et de la Hongrie occidentale ; c’est un affluent du Danube.

Lorsque Charlemagne annexe la Bavière, son royaume se retrouve en contact étroit avec ces nouveaux et dangereux voisins, les Avars. Ces derniers, passés maîtres en rapines et pillage de toutes sortes, sont, comme le rapportent les chroniques de l’époque, des « ennemis des églises et persécuteurs des Chrétiens ».

La frontière entre les deux royaumes s’étale sur plus de trois cent kilomètres, jalonnés de massifs montagneux et de vallées alpines ; elle est mal circonscrite et pénétrable de toutes parts. En outre, les Avars sont alliées aux ennemis du roi Charles, les Lombards et les Bavarois, ce qui entraîne de nombreuses querelles et échauffourées sur la frontière.

Cette situation instable va « mettre le feu aux poudres » et engendrer une guerre qui va durer huit ans.

Eginhard, le biographe de Charlemagne, rapporte que « de toutes les guerres de Charlemagne, elle fut la plus considérable après celle de Saxe et menée par le roi avec une ardeur et des moyens beaucoup plus grands que les autres ».

Eginhard (770-840)

 


LES FRANCS DONNENT L’ASSAUT

Charlemagne

En 782, Charlemagne essaie de négocier. A l’assemblée de Lippspringe (ville d’Allemagne, située à l’est du land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie), il reçoit les émissaires du chef avar, le « Khagan », et de son subalterne, le « Jugur ».

En 788, les Avars attaquent dans le Frioul (région historico-géographique de l’Italie nord-orientale) et mettent en danger les frontières de la Bavière annexée.

Le roi des Francs riposte aussitôt et envoie des troupes d’Italie et de Bavière. Lorsqu’il se rend, quelques mois plus tard, à Ratisbonne afin d’organiser les territoires bavarois, il prend des décisions pour protéger, avec l’aide de Dieu, ses frontières contre les Avars.

Malgré cela, les deux années qui vont suivre se dérouleront en combats, coups de main, et pourparlers échoués.

Guerrier franc

Mais c’est en 791 que la guerre est vraiment déclenchée. Charlemagne part de Worms au début de l’été.

Comme le certifie Eginhard, le roi est « bien décidé à demander compte aux Huns de leurs forfaits et à leur faire la guerre le plus vite possible ».

Il rassemble donc à Ratisbonne ses troupes d’élite, et part à leur tête corriger les misérables avars qui ont osé le défier.

Guerrier franc

Sur leur route, les Francs cantonnent les 5, 6 et 7 septembre sur la rive gauche de l’Enns (affluent de la rive droite du Danube). Durant ces trois jours, les hommes prient et implorent Dieu pour « le salut de l’armée, l’aide de Notre Seigneur Jésus-Christ, la défaite et le châtiment des Avars ».

L’armée des Francs est composée de deux colonnes. L’une, la plus importante, avec le roi à sa tête, pénètre sur la rive droite du Danube. La seconde, composée de soldats saxons, thuringiens et frisons, et commandée par le comte Thierry Ier (Comte d’Autun et chambrier Magnefred), longe la rive gauche.

Sur le fleuve, la flotte, commandée par Gérold (beau-frère de Charlemagne et administrateur de la Bavière), transporte les renforts de troupes et le ravitaillement en vivre et en matériel.

Gerold

Au mois d’août, une armée dirigée par Pépin d’Italie (l’un des fils de Charlemagne), pénètre le cœur du royaume avar, et s’empare d’une forteresse et d’un conséquent butin de guerre.

UNE CONQUÊTE INCOMPLÈTE

Statue de Charlemagne et ses Leudes à Paris

A la vue de cette puissante armée qui leur fait face, les Avars, pris de panique, s’enfuient et battent en retraite. Préférant éviter le combat, ils abandonnent leurs places fortes dans leur reculade. Forts de cet événement marqué par leur puissance, les Francs arrivent sur le Danube au confluent de la Raab et y mettent le camp victorieux.

Dans une lettre à sa femme, la reine Fastrade, Charlemagne annonce son succès et ne tarit pas d’éloges sur ses troupes : « Dieu tout-puissant, dans sa miséricorde, leur a donné la victoire, et ils ont tué une multitude de ces Avars, en tel nombre, à ce qu’ils disent, que de longtemps on n’a pas fait un plus grand massacre d’Avars. Ils ont envahi le camp et y sont demeurés toute la nuit et le matin jusqu’à la troisième heure. Et, ayant pris le butin, ils sont repartis en paix ».

Poutant un revers de fortune va modifier les plans du souverain : en effet, les chevaux des Francs meurent presque tous de maladie suite à une épidémie. Non découragé par ce contretemps, et de retour à Ratisbonne pour l’hiver, Charlemagne  se prépare à une nouvelle campagne.

Mais d’autres préoccupations, à la frontière espagnole et en Saxe, vont remettre à plus tard sa conquête sur les Avars. Une conquête qui ne pourra se faire définitivement que cinq ans plus tard.

UN PEUPLE D’EXCEPTION !

Le peuple des Avars, qui occupe la cuvette danubienne, apparaît au VIIIème siècle, riche, florissant, prospère, et doté d’une civilisation brillante.

La richesse d’un art transporté de l’Asie s’affiche sur leurs armes, sur l’orfèvrerie, les harnais rivetés de métaux précieux (or et argent), les ceintures de luxe, les plaques ornementales à grands rinceaux et à palmettes qui décorent les tombes, et sur les céramiques peintes où s’affichent dragons, griffons et sangliers.

Les Avars sont issus de l’amalgame de deux tribus venues d’Asie centrale. Ils se différencient par une langue, une religion et une culture différentes de celles des peuples occidentaux. Ils sont de la même origine que les Huns (les deux peuples se ressemblent énormément) ; d’ailleurs les chroniqueurs francs leur donnent le même nom. Ils sont facilement identifiables à leurs longues chevelures tressées, à leurs moustaches tombantes, et à leur faciès de Mongol.

Excellents cavaliers, dotés de chevaux légers, ils brillent en exécutant des raids dévastateurs, et des razzias fulgurantes et soudaines.

SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

 

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