Charles Martel, réunificateur de l’État franc

 

LES MÉROVINGIENS

Tiers de sou en or de Dagobert Ier

CHARLES MARTEL,

RÉUNIFICATEUR DE L’ÉTAT FRANC

Charles Martel

Du Vème siècle au milieu du VIIIème siècle, la dynastie des Mérovingiens régna sur une très grande partie de la France et de la Belgique actuelles, ainsi que sur une partie de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays-Bas.

Clotaire 1er roi des Francs

Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, et par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident.  

Tiers de sous d’or de Dagobert Ier

Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511).

Mérovée

Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.

LES PIPPINIDES

Les Pippinides désignent les membres d’une dynastie de la noblesse franque d’Austrasie dont plusieurs ont été nommés « Pépin ». Ce nom est une création contemporaine, car les grandes familles du haut Moyen Âge n’avaient pas de patronyme. Il est issu du nom de Pépin, en latin « Pippinus ». Le terme de Pippinides désigne au sens strict les membres de la famille de Pépin de Landen en ligne agnatique, c’est-à-dire issus de ce dernier par les hommes. Cognatique : Se dit d’un mode de descendance ou filiation qui se transmet aussi bien par les hommes que par les femmes.

 

Lire :

L’inexorable ascension des maires du palais.

Pépin de Herstal

CHARLES MARTEL

(688-741)

Charles Martel

Lire :

Charles Martel

Charles Martel, seul successeur de Pépin de Herstal

– Charles Martel, Poitiers 732

PACIFICATION DU ROYAUME FRANC

Devenu l’unique maire du palais des royaumes réunifiés (Austrasie, Neustrie et Burgondie), Charles Martel veut rétablir l’unité, l’autorité et la souveraineté de l’Etat franc.

RAPPEL

L’Austrasie : l’Est de la France actuelle, l’Est de la Belgique actuelle et les régions rhénanes.

La Neustrie : le Nord-Ouest de la France actuelle (sans la Bretagne).

La Bourgogne : l’ancienne Burgondie, c’est-à-dire l’actuelle Bourgogne, le Nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).

Empire franc en 481

Pour cela, il va pratiquer une politique de laïcisation des biens de l’église (c’est-à-dire soustraire certaines institutions de l’autorité religieuse et remplacer le personnel ecclésiastique par des laïques). Ainsi, il gagne la loyauté de ses vassaux, de puissants aristocrates militaires qu’il va utiliser à pacifier les frontières de l’est et à assujettir les populations germaines.

Un denier Charles Martel frappé à Troyes

Depuis 724, date à laquelle Charles a vaincu définitivement la Neustrie, il est le maître incontesté des trois royaumes unifiés. Il gouverne en véritable monarque ; pourtant le roi mérovingien Thierry IV, un enfant de dix ans, est encore en place. Alors qu’il est tout puissant, il décide de combattre l’anarchie, de rétablir l’unité du pays et surtout de redonner à l’État franc son autorité et sa puissance. Pour arriver à ses fins, il doit se trouver des alliés sûrs. Il commence par s’appuyer sur son entourage familial, sur ses amis, et sur une aristocratie qui lui doit sa richesse.

Thierry IV naît vers 713, à la mort de son père Dagobert III, et meurt en 737. Il est roi des Francs de 721 à 737. En 715, il est placé à l’abbaye de Chelles. Lorsque le roi Chilpéric II meurt sans héritier en 721, Charles Martel installe Thierry à sa place sur le trône. Mais durant tout son court règne, c’est Charles Martel qui détiendra le pouvoir exécutif et législatif comme maire du palais.

Après sa mort en 737, le trône restera vacant jusqu’en 743. Charles Martel se refusera à y installer un nouveau roi mérovingien, sans pour autant s’approprier la couronne des Francs. Cette période est plus connue sous le nom d’interrègne.

LES BASES D’UNE ENTENTE AVEC LE SAINT-SIÈGE

Pour assurer sa prééminence, Charles Martel doit avoir la garantie de la neutralité, et surtout de l’allégeance de l’Église franque. Pour ce faire, il va s’employer à remplacer tous les réfractaires, et tous les membres qui lui sont hostiles, notamment en Neustrie. Il va les remplacer par des hommes loyaux, d’un dévouement indéfectible.

A Rouen, il remplace l’abbé de Fontenelle, Waddon (un ami de l’ancien maire du palais de Neustrie, Rainfroy), par Hugues, son neveu. Il lui confie aussi l’évêché de Bayeux, puis celui de Paris.

Au Mans, l’évêque Erlemond est chassé. Sa charge échoira à un laïc, un dénommé Charivé. L’abbaye de Redon est attribuée au comte Agathée, et celle de Corbie à Grimo (ambassadeur de la famille pippinide auprès du Saint-Siège, ce dernier sera archevêque de Rouen de 744 jusque vers 748).

Une fois ces hautes fonctions distribuées à des fidèles et à des membres de la lignée pippinide, Charles Martel peut assoir fermement son pouvoir sur le royaume franc. Les derniers rois mérovingiens ne sont désormais plus que des fantoches sans autorité ni prestige.

ÊTRE EN BONS TERMES AVEC LE PAPE

Usant et abusant de son pouvoir, Charles destitue de nombreux clercs, et quelquefois les fait même mettre en prison. Néanmoins, en homme lucide, il sait que les bonnes relations avec Rome sont vitales. Il jette donc les bases d’une entente avec l’église. Plus tard, ses successeurs, Pépin le Bref puis Charlemagne, érigeront sur celle-ci, la puissance carolingienne.

Grégoire II

C’est ainsi que Charles Martel va accorder son soutien au pape Grégoire II, qui a chargé l’évêque missionnaire Boniface d’aller évangéliser les peuples Germains. Et l’« apôtre de la Germanie » n’hésitera pas à solliciter l’aide des armées franques.

Défendre la quête de l’évêque Boniface, en Germanie, ne représente qu’une partie de la mission que s’est imposée Charles Martel pour restaurer la puissance franque aux frontières de l’est.

L’Europe centrale au Vème siècle.

De la même façon, afin de combattre les tentatives de révolte du duc de Lantfrid en Alémanie, Charles Martel dépêche sur place le missionnaire espagnol Pirmin.

Les Alamans (ou Alémans) représentaient une alliance de tribus germaniques essentiellement suèves, qui s’installèrent d’abord sur le cours moyen et inférieur de l’Elbe, puis le long du Main.

En 213, ils apparaissent pour la première fois dans les écrits romains.

En 260, ils conquirent les Champs Décumates, puis essaimèrent une zone couvrant une partie de l’Helvétie (la Suisse), la Décumanie (le pays de Bade), et une partie de la Séquanaise (l’Alsace). Ils participèrent à la germanisation de ces territoires, auparavant romanisés.

En 496, les Alamans furent vaincus par les Francs de Clovis. Ce dernier annexa leur territoire à son royaume.

Traité de Verdun 843

Après le traité de Verdun (août 843), ces territoires firent partie de la Francie orientale avant de composer le duché de Souabe, du Xème au XIIIème siècle.

Après la mort de Pépin de Herstal, en 714, Lantfrid rompt toutes les relations avec la cour royale mérovingienne et son nouveau maire du palais Charles Martel. Sa résistance contre la prééminence franque est acharnée.

Pirmin

Lantfrid (appelé également Landfrid ou Lanfred) naît vers 698/700 et meurt en 730. Il était duc du royaume alaman sous souveraineté franque (de 709 jusqu’à sa mort). Son père était le duc Gotfrid, et il avait pour frère Theudebald.

En 722, Charles Martel parvient, non sans mal, à soumettre les duchés d’Alamannia et de Bavière (l’année suivante, les deux ducs récidiveront et se soulèveront à nouveau).

En 730, Charles Martel envahit de nouveau le duché. On atteste la mort de Lantfrid la même année, mais il n’est pas vérifié qu’elle se soit produite à la suite des combats. Mais le chef de guerre parvient à l’objectif qu’il s’était fixé : le duché d’Alémanie est dissout.

En 730, à la tête d’une puissante armée, Charles Martel renforce son pouvoir et son influence en Frise.

Frise

Les Saxons représentent un peuple germanique appartenant au rameau occidental. Ils sont mentionnés pour la première fois au IIème siècle par le grec Ptolémée sur la carte Germania Magna. Il les situe alors au sud-ouest du Jutland, ce qui correspond à peu près à l’actuel Holstein, d’où ils semblent s’être dispersés au sud et à l’ouest.

La région est définitivement pacifiée. Les Saxons sont vaincus, et la Thuringe et la Bavière soumises.

Thuringiens : peuple germanique qui s’établit dans les premiers siècles de notre ère dans le bassin de Thuringe et à la forêt de Thuringe, entre Elbe et Weser, et qui constituait une nation.

PRÉLUDE DU RÉGIME FÉODAL

Charles Martel

De donations en donations, depuis trois siècles les possessions mérovingiennes se sont réduites comme « peaux de chagrin ». Avec la politique de laïcisation des biens du clergé, Charles Martel va bénéficier de nouveaux domaines et obtenir la loyauté de ses feudataires. A ces seigneurs, qui forment l’élite d’une cavalerie nombreuse et redoutable, il donne les domaines et les revenus de l’église.

Pendant la période mérovingienne, les Maires du Palais étaient les plus hauts dignitaires des royaumes francs après les rois. Ces royaumes occupaient alors l’essentiel de la France, de l’Allemagne et du Benelux actuels.

Il y avait autant de maires du palais qu’il y avait de royaumes, avec un maire du palais pour le royaume de Neustrie, un autre pour le royaume d’Austrasie, et un troisième pour le royaume de Bourgogne.

La collecte des biens ecclésiastiques (désignée sous le nom de « précaire »), ainsi que les champs de mars (rassemblés sous l’égide du maire du palais), annoncent les prémices d’une aristocratie militaire. Bientôt, une nouvelle voie va naître : celle du régime féodal.

Champ de mars (puis Champ de mai) : nom donné aux grandes assemblées de guerriers, à la suite de l’établissement du royaume des Francs en Gaule, de la fin du Vème siècle au début du VIème siècle. On les appelait ainsi car elles se réunissaient soit en mars (sous les Mérovingiens), soit en mai (après 755).

Charles Martel défait les Sarrasins à Poitiers 732

Tous ces guerriers et chefs de guerre vont donner à Charles Martel les moyens et l’autorité nécessaires pour posséder une puissante armée. Désormais, il peut aller affronter ce nouvel ennemi qui veut envahir la terre sacrée des Francs.

Charles Martel à la bataille de Tours contre les Sarrasins en 732

Des rapports en provenance du Midi, d’Aquitaine, du Languedoc et de la vallée du Rhône, sont porteurs de nouvelles inquiétantes : les Maures musulmans (ces redoutables infidèles Sarrazins) y déclenchent des incursions de plus en plus fréquentes, accompagnées de razzias meurtrières.

Charles Martel

En Europe, durant le Moyen Âge, le mot « Sarrasins » ou « Sarrazins » était employé pour dénommer les peuples de confession musulmane. On les appelait aussi « Mahométans », « Arabes », « Ismaélites », ou bien « Agarènes ». Quant au terme « Maures », il faisait allusion aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête des Omeyades. Les mots « Islam » et « Musulmans » n’existaient pas encore en Occident médiéval. En français, le mot « Musulman » est cité pour la première fois en 1551 ; « Islam » en 1697. Avant ces dates on utilisait, pour définir la religion des peuples musulmans, l’expression « loi de Mahomet », ou « loi des Sarrasins »

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Martel

https://guyderambaud.wikia.org/fr/wiki/Charles_Martel

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Poitiers_(732)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dagobert_Ier

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens

https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9pin_de_Landen

https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9pin_de_Herstal

https://fr.wikipedia.org/wiki/Plectrude

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alpa%C3%AFde

 

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1 réponse

  1. 2 mai 2023

    […] Charles Martel, réunificateur de l’État franc […]

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